V À la fin d’octobre, trois mois après la foire de Sinigaglia, la Gazette de Venise publia des détails curieux sur les débordements périodiques de l’Adige. Un peintre français me proposa de faire une excursion dans le Tyrol italien. Du haut du campanile de Saint-Marc, nous regardâmes les montagnes de Bellune, coiffées d’un immense turban de nuages noirs. Le ciel pur de Venise avait pris un peu de pâleur, et, afin que la reine des lagunes pût jouir dans son bain des douceurs de l’automne, la nature se déchaînait sur la terre ferme. J’acceptai la proposition du peintre français. Nous prîmes le chemin de fer de Padoue, et le velocifero nous mena en douze heures à Trente. De là nous entrâmes dans les montagnes, en évitant le cours de l’Adige, qui avait rompu la route postale. Notre excursion