IV Tandis que le brick américain prenait la direction de Corfou et le bateau à vapeur celle de Venise, le voiturin cheminait lentement sur le bord de la mer par trente degrés de chaleur au thermomètre de Réaumur. La Marietta portait dans sa jeune imagination toute une volière d’illusions dorées. Le bon accord de ses camarades, les cajoleries du directeur, les succès de la troupe, dont elle se croyait avec raison le plus bel ornement, lui promettaient une vie douce et heureuse. Cependant, à la première étape du voiturin, la cage aux illusions s’ouvrit, et un des gais oiseaux prit sa volée. Les femmes commencèrent à se quereller ; les hommes se dirent mille injures, comme des crocheteurs. Cette bonne harmonie, que le capo comico avait tant vantée pendant la traversée de Venise à Sinigaglia,