Chapitre 1

1828 Words
Ordonnant à ses hommes de le laisser seul, le cheikh entra dans la pièce en claquant la porte. Son sang bouillonnait sous l'intensité de son irritation et il se retint de ne pas cogner férocement un des piliers en marbre qui se trouvaient de part et d'autre de la suite présidentielle. Le bruit des pas du roi raisonna lourdement sur le sol durant un certain temps avant qu'il ne s'arrête subitement pour offrir son visage au plafond. Il avait besoin de se calmer, urgemment. Il n'y avait que le désert pour l'apaiser. Or il n'était pas dans son pays. Ici, ce n'était que des building et des immeubles à perte de vue. C'était un environnement terne et sombre, rien à voir avec les dunes sablonneuses et ensoleillées. Ces satanées compagnies pétrolières... S'ils pensaient mettre la main sur l'or noir du Khayat, ils pouvaient toujours tous aller croupir en enfer. Tant qu'il serait en vie, Hakim ne comptait pas laisser ces pilleurs bafouer ses terres. Il se rappela de la conversation qui l'avait mis dans cet état de rage. "Six virgule cinq milliards de dollars cheikh Al-din Jalal. Nous pourrions même faire preuve de générosité et arrondir la somme si vous acceptez un partenariat d'une durée plus longue." À l'entente du mot "générosité", le cheikh avait failli éclater de rire. Ces imbéciles le prenaient-il pour un pauvre venu mendier ? "Réfléchissez-y bien avant de prendre une décision definitive." Ils s'amusaient à le pousser à bout. Il ne savait s'il devait prendre cela pour du courage ou de la stupidité. Peut-être était-ce un mélange des deux. Toutefois ils n'avaient aucune chance d'en sortir vainqueurs. "Ma réponse restera inchangée Chandler", avait grincé le roi qui avait commencé à perdre patience. "Vous refusez de nous laisser acheter votre pétrole. Mais sachez que votre cousin n'attend que notre feu vert pour nous le ventre à la moitié du prix que nous venons de vous proposer." En entendant cela, le regard vert glacial du cheikh avait aussitôt givré la salle entière. Il l'avait promené sur chacun de ces vautours et finit par s'arrêter sur le fameux Chandler qui semblait être le porte-parole des autres tout aussi idiots que lui. "Si vous voulez vous associer à un criminel, libre à vous. Cependant je vous le déconseille fortement. Vous n'imaginez pas ce que je suis capable de faire contre tous ceux qui se mettent en travers de mon chemin. "Est-ce une menace?" s'était indignée l'homme d'affaires blond suivit par les autres. Un brouhaha s'était créé dans la salle et alla crescendo suite à la réponse laconique du roi. "Oui." " Vous devriez mesurer vos propos Cheikh. Au cas où vous l'auriez oublié, nous sommes sur le territoire austra..." Nullement impressionné, le roi avait levé la main pour lui ordonner de se taire. L'américain avait obéi malgré lui car le cheikh dégageait quelque chose de féroce. Ces occidentaux avaient beau jouer aux courageux, ils avaient tous peur de lui. Ces idiots aveuglés par l'argent ne lui tenaient tête que parce qu'ils savaient à quel point l'or noir de Khayat allait les rendre encore plus riches. Et ça, le cheikh le savait. Mais il n'avait pas l'intention de leur accorder cette joie. Il avait alors décidé de mettre fin à la mascarade. "Croyez-moi, m'avoir comme ennemi risque de vous porter préjudice plus vite que vous ne l'imaginez alors un conseil : respectez ma décision. Ma nation n'est pas à vendre", avait répliqué un Hakim au ton calme mais au regard orageux avant de quitter la salle de réunion de l'hôtel avec ses gardes. Pour l'heure, il devait se débarrasser du cafard qu'était Majid. Son cousin qui voulait s'accaparer du trône depuis p lusieurs années déjà, s'amusait à piller son propre pays et à semer la panique partout où il se rendait. Hakim le lui aurait volontiers cédé s'il n'était pas un être si cupide et intéressé par l'argent. Majid n'était pas né pour gouverner, il n'avait pas l'étoffe d'un roi. C'était juste un barbare ayant des ambitions démesurées négatives. Malheureusement, il parvenait toujours à lui échapper. Cependant ce n'était qu'une question de temps pour qu'il soit capturé, Hakim en avait la certitude. La fin était proche. Il caressa pensivement la cicatrice qui lui barrait une partie de la joue. Cette blessure de guerre, Hakim la devait au diable qu'avait engendré sa tante. Lors d'un affrontement qui avait opposé les hommes du cheikh aux belligérants, les deux hommes avaient une fois de plus entrechoqué leurs armes. Voyant que le roi gagnait du terrain, le rebelle était parvenu à le blessé au visage avant de prendre la fuite comme le lâche qu'il était. Certains voyaient cette marque de yatagan comme le simple vestige d'un affrontement armé. Mais lui, sa vue nourrissait son envie d'en finir une fois pour toutes avec Majid. Commençant par déboutonner sa chemise, le roi jeta un coup d'œil par delà la baie vitrée. La ville scintillait de milles feux et l'opéra de Sydney semblait flotter sur l'eau tel un voilier immobile. C'était beau, mais pas autant que l'étendue de sable qui lui manquait tant. Il avait hâte de rentrer afin de galoper sur les dunes du désert Khayatien à la recherche d'une solution à ses problèmes. Hakim finit par retirer sa chemise, laissant place à une musculature impressionnante façonnée par des années d'entraînement au combat à mains nues. Tout en défaisant sa ceinture, il se mit en direction de la salle de bain afin de se doucher. Mais alors qu'il allait ouvrir la porte, cette dernière se mit en mouvement. L'instant d'après, un petit corps heurta celui du roi. Les sens du guerrier se mirent en alerte mais furent aussitôt maîtrisés par un parfum délicat. Il ne tarda pas à comprendre que le danger qu'il s'apprêtait à éliminer d'un geste adroit de la main n'était en réalité qu'une femme... Bobbie qui s'était raidit leva lentement la tête pour voir qui était l'homme qu'elle venait de bousculer. Suite au choc, son lecteur mp3 qui jouait toujours de la musique avait glissé pour se retrouver accroché à son cou. Sans ça, elle aurait sûrement entendu l'homme entrer dans la suite. La bouche entrouverte, elle le fixait bêtement. Hakim en profita pour la détailler ouvertement puisqu'il était sujet au même traitement venant de la part de cette jolie brune aux airs candides. Sa longue chevelure était rassemblée en un chignon haut et brouillon au dessus de son crâne. Son visage en forme de cœur au milieu duquel reposait un nez mutin, était surmonté d'un front bombé recouvert d'une fine couche de sueur. Ses lèvres pleines et naturellement rosées étaient un véritable appel aux baisers passionnés. À travers ses lippes encore écartées, il découvrit des dents nacrées recouvertes d'un appareil dentaire. Sa virilité se réveilla. Les iris du roi descendirent plus bas malgré lui et ce qu'il vit manqua de lui faire perdre toute contenance. Elle portait un uniforme trop grand pour elle -rien d'affriolant- mais qui laissait deviner ses courbes généreuses. Hakim se rendit alors compte que sa main reposait par inadvertance sur la hanche de la jeune femme. Il dut se retenir férocement pour ne pas la mettre en mouvement et la faire promener sur le postérieur bombé de l'inconnu. Il ne voulait pas effrayer cette douce créature ou se faire passer pour un pervers. – P... Pardon. Cette voix... Elle était mélodieuse et juvénile. – Qui êtes-vous ? il demanda d'une voix rauque. – Per...Personne. Sa réponse eut le don de le surprendre. Bobbie essaya de décamper mais l'occupant de la suite l'attrapa par le poignet sans pour autant lui faire mal. Il voulait juste la retenir. L'idée qu'elle soit une espionne ne pouvait être écartée juste parce qu'elle avait un joli minois et un regard azur rempli d'innocence. – Qui êtes-vous ? il répéta en appuyant sur chaque mot. Il exigeait une réponse. – La femme de ménage. Il ne fut pas satisfait de la réponse. – Votre nom. Perturbée, Bobbie qui se demandait pourquoi cet homme attractif ne la laissait tout simplement pas partir, fut contrainte de répondre. – Bobbie... Je m'appelle Bobbie Wiggins. Et vous ? Elle se rendit compte de sa bêtise mais il était trop tard pour ravaler sa question. Craignant qu'il ne se fâche, elle essaya de ramasser les morceaux. _ Je suis désolée, je ne voulais pas paraître- – Hakim. – Quoi ?! s'étouffa-t-elle surprise. – Appelez-moi Hakim. – Oh... – Que faîtes-vous dans ma suite ? – Je nettoyais la salle de bain, je ne fais que ce pour quoi je suis payer. Un bref silence plana avant que le cheikh ne gronde étrangement. Il n'était pas en colère contre cette femme, loin de là. Il se maudissait plutôt de ne même pas être capable de maîtriser correctement le v*****t désir qu'elle lui insufflait. – À une heure pareille ? Il la vit froncer ses sombres et épais sourcils. Puis elle ouvrit la bouche comme pour lancer une réponse acerbe. Pourtant rien ne franchit ses jolies lèvres. Elle ne baissa cependant pas les yeux, pas une seule seconde. Serait-ce une étincelle de fouge dans cette mer de candeur ? se demanda le cheikh de plus en plus conquis malgré lui. Intéressant... – Oui. Mais j'ai fini. Il vit le regard de la jeune femme se promener sur sa cicatrice. La trouvait-elle hideuse ? En vérité les doigts de Bobbie la dérangeaient, elle avait envie de laisser le revers de sa main rugueuse glisser sur cette trace qui rendait ce bel homme presque borgne. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle prit conscience de la présence du sien sur sa hanche. Un sursaut la fut bondir en arrière. – Rassurez-vous, je ne vais pas abuser de vous. J'espère ne pas vous avoir effrayée. – Puis-je m'en aller à présent monsieur ? fit la brune sans tenir compte de ce qu'il venait de dire. Il fut contraint de la libérer et au lieu de ne plus se sentir brûlée par son toucher, Bobbie se sentit démunie. Elle ne comprenait pas cet essaim de sensations qui l'envahissaient si soudainement. Fuir était la seule solution. Le roi regarda la jeune femme de chambre partir maladroitement à pas de course. Hakim était séduit. Ça n'allait pas être compliqué pour lui d'avoir le dossier de cette Bobbie Wiggins sous les yeux demain matin à la première heure. Savait-elle qui il était ? Il en doutait. Pour ce qu'il prévoyait de faire, il vaudrait peut-être mieux qu'elle reste dans l'ignorance afin de lui éviter d'être encore plus intimidée. Hakim manqua de jurer. Il était là en mission et voilà qu'il se mettait à prévoir un plan pour courtiser une australienne. Qu'est-ce-qui ne tournait pas rond chez lui ? Les histoires de maîtresses pouvaient bien attendre. Ça faisait des mois qu'il s'en était privé et il le vivait bien... jusqu'à ce que cette femme de chambre ne le heurte. C'était plus fort que lui parce que pour la première fois, une femme lui faisait perdre ses moyens.
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