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1819 Words
Point de vue Emilie. Manoir des Lemon, 20h27. Ma mère acceptait tant bien que mal ma décision, quant à mon père il ne l'acceptait pas du tout. Perdre sa fille pour obtenir une alliance ne le réjouissait pas, ce que je comprenais totalement. Damien m'avait laissé le lendemain pour dire au revoir à la meute, et viendrait prendre mes bagages dans la soirée. Mon père ne m'avait pas adressé un mot depuis que j'avais pris la décision de partir pour qu'il ait cette alliance, et ce silence commençait vraiment à devenir pesant. Il s'était réfugié dans son bureau, et je venais de le rejoindre pour tenter d'apaiser les tensions. - Papa..., commençai-je. - Non. Ne rends pas les choses plus difficiles..., répondit-il, pour la première fois. - Essaies de comprendre..., tentai-je. Je veux protéger la meute, celle que tu as mis si longtemps à bâtir. - Tu n'avais pas à accepter de partir avec cette enflure ! Tu sais parfaitement que si il nous avait attaqué nous aurions repoussé l'attaque sans aucun problème ! enragea-t-il. - Je sais papa ! criai-je. C'est ma décision, alors respecte-la ! - Je ne peux pas ! rétorqua-t-il, la voix étranglée. Je ne peux pas accepter de te voir partir de cette façon ! - Papa..., fis-je, émue. Je contournai le large bureau de mon père et le pris dans mes bras. Il m'emprisonna contre lui à l'aide de ses bras musclés et déposa un b****r sur mon crâne. - Tu vas tellement me manquer..., avoua mon père. - Toi aussi..., avouai-je à mon tour. - Père et fille réunis..., fit la voix de ma mère, qui nous regardait les larmes aux yeux. Je me décalai de l'étreinte de mon père et ouvris mon bras. Ma mère se précipita vers nous, et nous fîmes un câlin groupé pendant un long moment. J'aurais tant voulu mettre le temps sur pause. Mon père mit fin à l'étreinte, et se sauva en haut se changer en pyjama. Je rejoignis le salon pour regarder la télé. Un documentaire animalier était diffusé et était porté sur les loups. Un sourire se forma sur mon visage, et j'écoutais attentivement ce qu'il racontait. Une douce odeur de paella se diffusait dans la maison, arrachant un gargouillis à mon estomac. Mon père descendit de sa chambre, certainement à cause de la bonne odeur qui s'échappait de la cuisine. Il avait juste enfilé un pantalon de jogging, laissant apparaître ses magnifiques muscles bien développés. Il fallait l'avouer, mon père était une véritable bombe masculine. - Dis-donc, reluquer son père est très mal vu ! me taquina mon père. - Pas de ma faute si tu attires le regard de n'importe qui ! rétorquai-je en riant. Et je ne te reluquai pas ! Mon père rit avec moi et parti dans la cuisine. Lui et ma mère ressortirent au bout de cinq minutes, ma mère portant le plat de paella et mon père les couverts. Il mit la table, et ma mère déposa le plat au milieu de la table. On s'installa et dégusta la meilleure paella qu'il puisse exister sur cette Terre. On passa le reste de la soirée dehors, à faire la course dans les sous-bois qui nous étaient si familiers maintenant. On s'arrêta dans une clairière déserte, celle où mon père m'entraînait. Il me donna un entraînement, voulant être sûr que je saurais me défendre face à un Alpha, même si j'avais déjà fait mes preuves à plusieurs reprises. - Désolé de t'imposer cet entraînement, mais je tiens à être sûr que tu sauras te défendre..., justifia mon père. - Ne t'en fais pas papa, ça ira. Tu tiens à te prendre une raclée ? plaisantai-je. - Il faudra me passer sur le corps jeune fille ! rit-il. - Pas de souci ! Tu es aussi agile qu'un hippopotame ! rétorquai-je. Je bondis sur lui, et il esquiva à la dernière seconde. Je m'écrasai sur l'herbe humide, et grognai de mécontentement. - Agile l'hippopotame n'est-ce-pas ? me taquina-t-il. Allez on y retourne ! Il me laissa le temps de me relever, et m'attaqua. J'esquivai habilement son attaque, et ripostai en tentant de lui mordre le flanc gauche. Touché. Un grognement s'échappa de sa gorge. Il était satisfait. Dans l'euphorie de ma réussite, je ne le vis pas me sauter de dessus et me mordre l'épaule droite. - Ne jamais être satisfait tant que le combat n'est pas terminé jeune louve ! me rappela-t-il. Je grognai et lui sautai dessus à mon tour, décidée à lui rendre cette morsure. Échec. Il avait anticipé mon attaque et avait profité du moment où je retombais au sol pour me pousser et me faire tomber sur le flanc droit. Je roulai alors sur moi-même, et me redressai à la grande surprise du loup gris qu'était mon père. J'en profitai pour lui faire perdre l'équilibre en le bousculant, et il tomba lourdement sur le flan gauche, lui arrachant un petit gémissement de douleur. Je sautai sur lui, et refermai ma gueule sur sa gorge, sans serrer car il s'agissait d'un entraînement. - Ok, tu es prête pour affronter un Alpha, constata mon père. De la tristesse était présente dans sa voix, sans doute à cause que c'était le dernier entraînement que l'on ferait ensemble. Je libérai sa gorge et me déplaçai de manière à ce qu'il puisse se relever. Il se releva et son regard bleu gris transperça le mien, la douleur de me voir partir y était omniprésente. Mais je décelai un autre sentiment : de la fierté. - Ma fille, tu as tellement grandi..., dit-il avec émotion. J'ai l'impression qu'hier encore tu étais un louveteau. Si tu savais à quel point je suis fier de toi... - Merci papa, répondis-je, émue. On pourra toujours se parler par télépathie même si je change de meute ? - Heureusement oui..., Les parents sont liés à leur enfant, et même le changement de meute ne détruit pas le lien qui nous unit à toi, me confia-t-il. J'étais extrêmement soulagée de savoir ceci. Je m'approchai de mon père et frottai mon museau contre sa tête, une façon de se câliner entre loups. Mon père s'éloigna de moi et nous rentrâmes à la maison, où ma mère nous attendait patiemment dans le salon. Village de la meute, 10h16. Tout le monde était rassemblé à la place du village, c'était très émouvant. Plusieurs émotions me submergeaient : la peine, la tristesse, la mélancolie à cause de mon départ, mais de la joie de les voir tous autour de moi pour me dire au revoir. Les petits étaient ceux qui étaient les plus tristes avec Gabriella, chacun d'eux m'avait fait un câlin et me serrait le plus fort possible avec leurs petits bras. Sauf Gabriella, qui avait une poigne de fer. J'avais souhaité quitter la meute simplement, en disant au revoir à tout le monde. Mes parents voulaient faire une réception, mais ça aurait trop difficile de dire au revoir par la suite. La matinée passa à une vitesse folle, j'avais joué avec les petits jusqu'à midi et ensuite j'étais rentrée avec mes parents. Je vérifiai que je n'avais rien oublié de mettre dans mes valises, le cœur se déchirant petit à petit, les larmes montaient aux yeux et malgré mes efforts pour résister, j'éclatai en sanglots sur mon lit, tenant un cadre où une photo de moi et mes parents était à l'intérieur. Ce jour-là, nous avions fait une randonnée, il faisait un temps magnifique. Sur la photo, on voyait la forêt derrière nous, ainsi que le temps ensoleillé. Moi et mes parents riions au moment de la photo, je ne me rappelais plus pourquoi. Ma mère entra dans ma chambre et me pris dans ses bras, les yeux larmoyants. - Chut... Ça va aller mon bébé..., murmura ma mère d'une voix extrêmement douce. - Vous allez tellement me manquer..., sanglotai-je. Je vous aimes tellement ! - Ma chérie, si tu savais à quel point je t'aime, dit-elle en me serrant encore plus fort contre elle. Ça va faire vide sans toi... Promets-moi de me donner de tes nouvelles tous les jours, et la façon dont il te traite. - Je te le promets maman, affirmai-je. Je te le promets. Sur cette promesse, elle me lâcha et m'aida à terminer mes valises. Lorsque nous eûmes fini, il était trois heures et demi. Un silence régnait dans ma chambre, et il fut interrompu par le magnifique gargouillement de mon estomac. Je n'avais même pas mangé à midi. Ma maman rigola, et nous partîmes dans la cuisine. Une assiette de paella était dans le réfrigérateur, je la pris et la fit réchauffer dans le micro-ondes. Le reste de la journée était passée très rapidement, mes parents et moi avions profité de nos dernières heures ensembles. Je regardai la télé tranquillement, pour me changer les idées, quand la sonnette retentit dans le manoir. Mon estomac se serra, car je savais qui sonnait. Damien. Mon père parti ouvrir, et revint dans le salon, le visage livide. - Emilie, Damien est là..., m'informa mon père, en tentant de retenir ses larmes. J'hochai la tête, et éteignis la télévision. Lorsque je tournai la tête pour regarder mon père, Damien était derrière lui. Les yeux pétillants de bonheur. c*****d. Comme quoi, ce proverbe n'était pas totalement faux : Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Totalement véridique à cet instant. - Je vais chercher mes valises, fis-je d'une voix neutre. Je passai à côté de Damien, l'ignorant royalement et montai. J'entrai dans celle-ci, et me rendis compte qu'il m'avait suivi. - Je vais les prendre. Va dans la voiture, j'arrive le plus rapidement possible, dit-il. - Je les prends moi-même Monsieur muscle ! rétorquai-je sèchement. Il me regarda avec désapprobation et avant qu'il ne puisse rétorquer quoi que ce soit j'empoignai mes deux valises, qui étaient très lourdes, et le bousculai au passage pour descendre dans le hall d'entrée. Je posai mes valises sur le seuil, haletante, et me précipitai dans les bras de mon père, qui me serrait contre lui en prenant soin de ne pas m'étouffer. - Ma fille, prends bien soin de toi là-bas. Et si il ose te faire du mal, préviens-moi que je le descende ! fit mon père. - Ne t'en fais pas pour moi papa, le rassurai-je. Je me décollai, retenant mes larmes. Damien avait sans doute assisté à notre étreinte, car il regardait mon père avec envie, ce qui me troublait légèrement. Il avait déjà mes valises, et vu leur poids je ne voulais plus les reprendre. Damien passa le seuil, et je m'apprêtais à faire de même quand je m'arrêtai à l'encadrement de la porte, et regardai mon père une dernière fois. - Papa ? - Oui ? - Je t'aime. Ne l'oublies jamais ! déclarai-je avant de partir m'engouffrer dans l'élégante voiture noire. - Je t'aime aussi Emilie, déclara mon père, la voix tremblotante.
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