I - Paris vu de près-2

2830 Words
Oui, ma foi, le voilà à la besogne… Allons, maçon, barbouille-moi et la voûte et les entablements, et les pilastres, et les murs que le temps avait noircis ; gratte la rouille des siècles, maçon ! que les teintes, les jours, les ombres artistement jetés par le temps sur les grandes pierres, sur les figurines, sur les colliers d’arabesques, sur les ciselures et les dentelles, sur les trèfles des hautes galeries disparaissent sous l’uniformité du badigeon ! – Mais l’art, mais le caractère du monument, mais le sombre, mais le mystérieux qui disposent au recueillement ? – Et c’est bien de tout cela qu’il s’agit, en vérité ! Le visage fleuri de monseigneur, sa mitre d’or où sont enchâssées des pierres précieuses, sa riche chasuble, son aube de dentelles, sa main blanche qui tient la crosse, ses doigts effilés qui s’étendent pour bénir, ses ongles teints en rose, pourraient-on, je vous prie, les examiner, les admirer en détail, s’ils se perdaient, aux grandes cérémonies, dans l’obscurité du chœur ? Non, non ; monseigneur veut être vu dans tout son éclat épiscopal, et pour cela il faut du jour ; et le badigeon donne du jour. Aussi la vieille cathédrale est-elle badigeonnée comme la maison de l’épicier du coin. C’est qu’il en est aujourd’hui de l’église comme du siècle. Autrefois l’église et le siècle avaient foi dans l’éternité ; ils bâtissaient pour elle ; il leur fallait de la pierre. Aujourd’hui l’église et le siècle ont à peine foi dans le lendemain ; ils bâtissent pour un jour ; le plâtre leur suffit. Et le cœur gros de mépris pour tous ces ignobles vandales, maçons, artistes ou évêques, je repris ma course. Je passai devant le Palais de Justice, et je vis qu’une maison blanche était encadrée entre ces deux tours, coiffées depuis peu d’un chapeau chinois d’ardoises. Je montai au Panthéon, et ce magnifique gâteau de Savoie avait repris son nom de Sainte-Geneviève. Je redescendis au Louvre, et voilà que la m********e et la végétation gangrenaient et fendaient les ravissantes cariatides, les corniches, les entablements, les bas-reliefs et les guirlandes de sa cour quadrangulaire ; voilà que le vent s’engouffrait dans les étages supérieurs à travers les vitres qu’il effondrait et les volets qu’il brisait contre les murs. Je passai sous l’arc de triomphe du Carrousel ; les envieux ! ils lui avaient enlevé sa légende impériale de bas-reliefs. Je franchis le pavillon de l’Horloge ; du milieu du jardin planté par Le Nôtre, mes regards erraient délicieusement sur les belles lignes des Tuileries de Catherine, et voilà que des tentures bleues flanquées de vitres étalaient leur bariolage d’un jour sur l’élégante galerie que supporte la colonne de Jean Goujon. Depuis, un lourd maçon a bien autrement balafré de plâtre et de pierre le palais de Philibert Delorme. Enfin, je passai et repassai de l’une à l’autre rive de la Seine, je vis tout ce qu’on m’avait dit tant de fois mériter d’être vu et d’être admiré, et, désappointé, malheureux, le cœur navré, je rentrai à mon hôtel de la rue Richelieu. Sans m’inquiéter si j’étais ou non venu à Paris avec un compagnon, si je pouvais, seul et sans crainte de moquerie, m’abandonner aux amères pensées qui se pressaient en foule dans ma tête – encore étourdi de tout le bruit à travers lequel il m’avait fallu passer, je me laissai tomber de lassitude et de découragement sur un fauteuil, et, appuyant mes coudes sur mes genoux, je mis convulsivement mes mains sur mon front et sur mes yeux comme pour me replier sur moi-même, mettre de l’ordre dans mes idées et résumer mes sensations. Bien certainement j’aurais fini par pleurer ou m’endormir à la peine, si je n’avais entendu un rire fou, un rire inextinguible partir du fond de l’alcôve où mon insouciant Gustave était bravement couché sur un lit, et d’où, tiré de son assoupissement par mon arrivée, il s’était amusé à suivre, sans rien dire, tous mes mouvements et l’expression de ma physionomie afin d’y lire ce qui se passait dans mon âme. Il écarta brusquement les rideaux du lit, et, se mettant sur son séant, il croisa ses bras. Je levai la tête, et je devais avoir sur mon visage une étrange expression de souffrance ; car je le vis, le joyeux garçon, réprimer un sourire moqueur qui courait déjà sur ses lèvres prêtes à se détendre pour lancer le sarcasme, et jeter comme un voile sur ses yeux où pétillait une gaîté ironique ; je ne sais, en vérité, laquelle, de sa figure, où se peignait l’étonnement et presque la pitié, ou de la mienne telle que vous pouvez vous l’imaginer, aurait le plus satisfait un peintre chercheur de poses et d’expressions vives et tranchées. – Mon Dieu ! s’écria-t-il enfin avec un air effrayé vraiment comique ; mon Dieu ! qu’as-tu ? que t’est-il arrivé ? Allons, je gage que, sur la foi de sa vieille réputation, tu auras dîné au café de Chartres ? – Non. – Pris une glace à la Rotonde ? – Non. – Vu la première représentation d’une tragédie de Guiraud ? – Heureusement non. – D’un drame de d’Épagny ? – Non, certes. – D’une comédie de Mazères, faite sans l’assistance de Picard ? – Non, en vérité. – Un grand opéra de M. de Jouy ? – Non pas, Dieu merci ! – Alors tu as assisté à une séance académique ? – Non, pardieu ! – Entendu un sermon de l’abbé Maccarthy ? – Pas davantage. – Lu un roman de Pigault-Lebrun ? – Non, ma foi ! – Un conte de M. Bouilly ? – Eh, non ! – Des vers d’Ancelot ? – Dieu m’en préserve. – Un feuilleton de l’abbé Feletz ? – Y penses-tu ? – Tu as donc vu empoigner un député de par la liberté individuelle et le droit électoral ? – Non. – Tu as donc traversé les quais au moment d’une dragonnade ? – Tu vois bien que j’ai tous mes membres et mes deux yeux. – La police du bon M. Franchet t’a joué quelque tour de sa façon ? – Est-ce que je serais ici ? – En te proposant une chaîne de sûreté, un marchand t’a volé ta montre ? – Non ; je n’ai perdu qu’un foulard. – C’est peu ! Tu as joué dans l’un des tripots tenus avec autorisation et privilège ? – Pouah ! – Tu auras fait l’aimable avec une ingénue de la rue Vivienne ? – J’ai des mœurs, mon ami ! – Ma foi, je suis au bout de mon rouleau, et je jette ma langue aux chiens : car je ne sache plus rien dans Paris qui puisse donner à un galant homme fraîchement débarqué l’air maussade et déconfit que je te vois. Parle donc, je t’écoute. Et mon brave camarade, se rejetant sur son oreiller, ramena les draps sur ses épaules. – Ah ! ce que j’ai, tu veux le savoir. Eh bien ! J’ai vu la Bibliothèque. – L’Europe nous l’envie. – On y gèle ! – L’homme de lettres et de savoir est destiné à souffrir. – La Cité. – Le Moyen Âge au milieu de la civilisation moderne ! Beau contraste. – Notre-Dame. – Architecture de transition. Toute une histoire écrite avec la pierre. – Les maçons la badigeonnent. – C’est pour l’harmoniser avec notre époque. Mœurs, institutions et croyances, tout cela c’est de la détrempe, mon cher. – Je suis passé au pied des tours du Palais de Justice. – Joli groupe. – Il y avait des locataires. – Cela grossit le budget de quelques centimes d’impôt. – Les vitraux de la Sainte-Chapelle sont brisés et balayés par les vents. – Les orages populaires en ont bien balayé Dieu : le bourreau le remplace. Au condamné, pour prier, il reste le cabanon et la charrette, quand il ne dit pas Dieu n’est qu’un mot. – Ils ont chassé les grands hommes du Panthéon. – Bah ! celui qui les y mit saura les y remettre. – J’ai vu le Louvre. – L’intérieur ? – Non. – Tant pis ; il y a un musée. – Oui, qu’on a pillé. – Il y aura plus de place pour nos gloires nationales ; et, soit dit en passant, nous sommes trop admirateurs de l’étranger, et ne vivons pas assez de nos propres richesses. – Les bas-reliefs de l’empire ont été arrachés de l’arc-de-triomphe du Carrousel. La statue de Napoléon n’est plus sur la place Vendôme. – Eh ! mon Dieu, s’ils y étaient, bas-reliefs et statue, on passerait auprès sans les voir. Ils n’y sont pas, tout le monde les cherche et les pleure ; traduction libre du prœfulgebant de Tacite, mon pauvre ami. – On a plaqué du coutil rayé et des vitres sur la façade des Tuileries. – Un beau jour, une volée de cailloux casse les vitres, et la pluie pourrit la toile. – Mais s’il prend fantaisie à un maçon de changer ce coutil et ces vitres en pierre. – Combien cela durera-t-il ? Enfant ! est-ce que tu crois que de nos jours les pierres soient aussi dures qu’elles l’étaient au treizième siècle, alors que le pic, dans deux heures, n’en aurait pas enlevé d’une grosseur à tenir dans les mailles d’une fronde ? Crois-tu que le mortier de nos maçons soit aussi solide que celui des Romains, alors qu’on ne savait si c’était le mortier qui était là pour lier les pierres, ou les pierres pour lier le mortier ? – Gustave, tu es un optimiste déterminé. – Toi, Charles, un enragé pessimiste ; achevons le bilan. As-tu vu Saint-Sulpice ? – Oui, oui ; des guirlandes, des couronnes, des rubans qui serpentent et s’enlacent noués et déroulés ; des chapiteaux qui ressemblent à des feuilles rongées, déchiquetées par les chenilles ; des anges bouffis et des nuages blancs. – Parbleu ! ne voudrais-tu pas que l’artiste eût fait un anachronisme ? Je te demande comme la société de Louis XV, le beau monde de la Pompadour, frisé, poudré, en rubans, décolleté, avec des paniers aux hanches, des mouches au visage et du rose sur les joues, sur les cheveux et sur les mains, aurait eu bonne grâce si on l’avait invité à se promener ou à grimacer la prière dans une église bien sombre, bien mystérieuse, bien basse, d’une nudité glaciale, d’une simplicité majestueuse ? L’architecte a dû travailler pour son siècle, sans quoi il n’eût été ni compris ni pensionné. – Il devait travailler pour l’art avant tout. – Combien connais-tu d’artistes qui se résignent à attendre leur nom de l’avenir ?… Que dis-tu des Invalides ? – Froid et fastueux comme Louis XIV. La dorure de son dôme s’en va. – Oui, mais l’institution reste. Et l’arc-de-triomphe de l’Étoile ? – Je n’en ai vu que l’échafaudage. Il n’y a qu’un ouvrier. – Et pourquoi l’achever, je te prie ? Bâti pour laisser passer debout le géant de notre gloire, il devait grandir avec lui. Le géant est tombé avant d’avoir atteint toute sa hauteur ; que l’édifice reste comme lui, inachevé ! Va, pour laisser passer des princes de la taille des nôtres, il est toujours assez haut. Mais tu ne me dis rien du Palais-Royal ? – Pas aussi merveilleux que je l’avais rêvé. – Diable ! qu’avais-tu donc rêvé ? – Eh ! que sais-je, moi ? Des lumières à éblouir, de l’or, de l’argent tordu, ciselé, des pierres précieuses, des diamants faux, des parfums dans des magasins tout acajou, tout dorures, tout glaces ; des monceaux d’or derrière des vitres fragiles, des vêtements de soie et de drap fin pour le grand monde, des mets pour la table d’un Sybarite, et tout cela sous les galeries, comme pour tenter le malheureux qui n’a pas le sou, qui est sans chemise et qui a faim. Puis la p**********n, la robe retroussée, la gorge nue, la tête parée de fleurs ; la p**********n à l’entresol, jusque dans les combles ; la p**********n sous les galeries, à la lueur de mille lampes, dans les allées sombres, sur les chaises, adossée aux grilles du jardin, au pied des arbres. Le jeu au premier étage ; un coup de pistolet, et un cadavre qu’on emporte. Ce n’est rien, ne bougez pas, messieurs. Allons, monsieur de la chambre, essuyez cela ; du sang, un débris de tête cassée… On ne se conduit pas vraiment d’une façon plus indécente ; faites votre jeu, messieurs !… – Et puis, à l’extrémité, des galeries de bois, d’ignobles échoppes de bois où l’air et l’espace manquent, où le libertinage crapuleux tient sa cour devant des libertins, des désœuvrés et des niais, et cela provoqué, perpétué par une ignoble lésine après les prodigalités les plus infâmes ; et cela bâti en quelques jours pour subvenir à de dégoûtantes orgies, pour solder des coupeurs de têtes. Oh ! voilà ce que je n’avais pas rêvé, entends-tu, Gustave ? une maison princière devenir une maison de p**********n, une pourvoyeuse de l’hôpital, du bagne ou de la Morgue. – Eh ! là ! là ! comme le sentiment t’emporte ! Le propriétaire actuel, sois-en sûr, chassera petit à petit la p**********n des maisons, des jardins et des galeries ! – Eh bien ! alors le Palais-Royal sera déserté ; les marchands y feront moins bien leurs affaires. L’hypocrisie des bonnes mœurs aura tué le commerce : car la p**********n ira ailleurs, et la foule suivra la p**********n. Mieux vaudrait la faire cesser que de la déplacer. – C’est cela ! des miracles ! On n’en fait plus, mon cher, depuis que tous les saints sont morts. Quant aux échoppes de bois, on a le projet de les remplacer par des galeries de pierre. – Eh ! faudra-t-il en tenir compte ?… Ce sera toujours lésinerie, vois-tu ; amour du gain qui calcule mieux, voilà tout. Seulement, hypothéqué sur la pierre, il annoncera devoir se succéder de génération en génération. Je l’aime mieux ne pressurant que des piliers de bois : on peut au moins espérer qu’il cessera avec le hasard ou le temps, avec l’incendie ou la m********e. – Allons, Charles, encore une interpellation ; c’est la dernière épreuve : Que te semble de la Bourse, temple ou palais, comme tu voudras l’appeler ? – Ah ! oui, la Bourse ! Quand on aura enlevé son enceinte de palissades de bois, couché à terre les baraques qui lui jettent leur ombre et l’étreignent comme entre deux étaux, quand enfin on l’aura isolée de manière à la laisser voir à distance et en perspective, alors même ce ne seront que des colonnes bien blanches surmontées d’une frise à lignes bien droites, bien lisses, un monument grec auquel il faudrait le ciel bleu, le brillant soleil de la Grèce, et qui sera noirci, rongé par un ciel froid et les brumes du nord. – Et c’est tout ce que tu as vu dans la construction de cet édifice ? – J’ai encore vu le côté moral, sa destination : un temple élevé à la fortune, un théâtre où se joueront des drames de ruine et de mort ; le système de Law perfectionné ; le crédit public, une fiction légale, moyen de perpétuer la dette d’un état et de la gonfler ; une aristocratie, qui va chassant devant elle la puissance territoriale et la puissance du talent, et mobile, variable qu’elle est, ne supportant aucune charge, aucun impôt, laisse l’état sans appui aux jours d’un envahissement ou d’une crise financière : une nouvelle rue Quinquampoix où viennent encore se prendre les dupes les plus spirituelles de la terre, comme on nous appelle nous autres Français ; un jeu capricieux où le gouvernement tient les dés et voit le dessous des cartes qu’il fait marcher d’accord avec le télégraphe ; pardieu ! l’on me donnera des nouvelles d’un peuple quand il sera gouverné par un roi banquier. – Après ? ta pensée ne voit-elle rien au-delà ? ne tires-tu de ce monument aucune autre conséquence, aucun enseignement, aucune appréciation exacte qui te montre l’époque actuelle sous un point de vue qui te puisse servir de guide au milieu du monde où tu vas te lancer ? – Non, je n’en ai retiré autre chose qu’un profond mépris pour le siècle. – Alors, mon cher… Et, sans achever sa phrase, Gustave bondit sur son lit, et, jetant ses bras le long du mur, y chercha un cordon de sonnette. – Que diable vas-tu faire ? m’écriai-je en m’opposant à son mouvement qui m’étonnait. – Parbleu ! sonner le garçon de l’hôtel. – Pourquoi donc, je te prie ? – Pour demander des chevaux de poste, et, au plus vite, te renvoyer à Falaise. Je restai ébahi… Et, les bras pendants, les yeux fixés sur son visage animé, je semblais lui dire : Explique-toi ? – Oui, reprit-il en donnant à sa figure une singulière expression de dédain et de pitié, et en élevant sa voix au plus haut diapason connu, à mesure qu’il avançait dans son improvisation : Oui, morbleu ! te renvoyer à Falaise. Un grand garçon qui a vécu vingt-cinq ans, qui, après avoir été désillusionné de l’amour, – la seule passion à laquelle je permette de nous tenir jusqu’à cet âge en dehors de la vie positive, – oui, un grand garçon ainsi fait, ainsi éprouvé, et qui arrivé à Paris, ne voit que du plâtre et des pierres, s’amuse niaisement à chercher des questions d’art et de palingénésie, là où il n’y a que des questions sociales et d’actualité ; ne voit que la boue qu’il soulève avec le talon de ses bottes, sans chercher l’or qui est caché dessous ; celui qui fait du sentiment à propos de p**********n, p**********n du corps, de l’âme et de la pensée, sans songer au luxe qu’elle fait vivre, et qui la fait vivre ; sans songer que c’est la grande route du crédit, du plaisir, des honneurs et du pouvoir ; celui enfin qui, voyant un temple élevé à l’argent, ne comprend pas que l’argent est l’âme, la vie, le dieu de son siècle, que là est la seule croyance du siècle, que tout autre foi, foi d’artiste, foi religieuse, foi politique, serait une duperie, et qui, au lieu de mettre son intelligence, son âme, tout ce qui est en lui foyer d’activité, à la hauteur et au service de cette croyance, se fait contempteur du présent, pour rêver un passé qui n’a jamais existé, ou qui, s’il a existé, n’a pas mieux valu, et qui en tout cas, arrivé qu’il serait à nous, désentouré des hommes auxquels il suffisait, des évènements dont il dépendait, ne serait à tout prendre qu’une ignoble barrière pour arrêter la marche de l’esprit humain et l’activité sociale… cet homme-là, vois-tu, n’est pas fait pour rester à Paris, pour comprendre la vie de Paris. Ce serait un anachronisme vivant, incessamment froissé, heurté, ballotté, en dehors du costume, du langage, des mœurs ; un éternel point de mire aux plus désolantes mystifications, un visage à découvert au milieu d’un grand bal où tout le monde est masqué, et que se renverraient sans pitié de l’un à l’autre, comme une balle dans un jeu de paume, tous les paillasses et les arlequins. Crois-moi donc, pauvre Charles, retourne à Falaise. Ici, à la poursuite de tes rêves, tu ressemblerais à ce pauvre diable nommé Sisyphe, je crois, et condamné à rouler éternellement au sommet d’une montagne une roche qui retombe toujours ; et pour achever ma métaphore mythologique, aux cinquante filles de Danaüs qui se tuent à remplir un tonneau percé. Tu ferais enfin la figure d’un s*t, et je suis trop ton ami pour le souffrir. Sur cette bonne nuit ! que Dieu te soit en aide, et réfléchis si tu peux. – Hélas ! hélas ! j’ai bien vu depuis que Gustave avait raison.
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