Dans la nuit, le sommeil l'arracha de ses pensées dans le but d'éteindre toutes les lumières de son âme.
Seulement, son téléphone vibra avec insistance, la réveillant de nouveau. Elle qui s'endormait déjà si difficilement. Et surtout lorsqu'elle était seule, sans Ana.
Elle regarda l'écran, et vit que c'était un numéro qui n'était guère enregistré.
Line se dit que c'étaient ses parents. Mais la voix qui déclarait, 'Coucou !' À l'autre bout du fil la ramena à son passé.
Elle qui s'était mariée à la peine et avait embrassé l'amnésie, préférant oublier les temps anciens venait d'être grossièrement giflée par une main qui fut toutefois douce à l'époque.
'Perle ?'
'Oui, c'est moi. Pourquoi tu réponds comme si tu ne t'attendais pas à ce que ce soit moi ?' Demanda-t-elle, 'ne me dit pas que tu avais perdu mon numéro... '
'Si... désolée... '
'Ce n'est pas grave. Excuses moi de t'appeler aussi tard dans la nuit mais... '
' Une seconde... '
'Qu'y a-t-il ?'
'J'ai un double appel. Je te recontacte d'accord ?'
'Ok... '
' Allô ? Ana ? Tu vas bien ?'
'Oui... je voulais juste te dire que... dorénavant ton présent, c'est moi. Ne retourne pas à ce passé qui t'a tant brisé et trahi. Bonne nuit.' Spécifia-t-elle avant de raccrocher.
Ainsi, Aline eut une main lourde et ne rappela point Perle. Pourtant, tant de questions la tenaient par l'estomac. Si Perle n'avait jamais effacé son numéro, pourquoi n'avait-elle pas réessayé plus solidement de rester en contact avec elle ? Leur amitié avait-elle compté ?
Ayant le sommeil difficile, elle repensait de là plutôt aux temps jadis.
Que nous est-il arrivé Perle ? À cette époque, il y a trois ans environ, j'avais encore l'ombre d'un sourire sur ma face. Le soleil était mon projecteur et la lune chantait pour moi. Mais effectivement, il ne restait déjà plus que l'ombre d'un sourire. L'obscurité avait commencé sa poursuite contre moi depuis longtemps afin d'arriver à mon souffle bien tôt. Ce serait mentir de dire qu'à certains moments, vous ne me manquez pas. Mes anciennes compagnies, mes anciennes am- bref. Je repense à nous, puis à ce moment où j'ai changé d'établissement et que j'ai effacé tous vos numéros. Tous, sans exception. J'ai supprimé mes médias. Et pendant que les autres s'en éloignent parce qu'ils trouvent l'abus de cela toxique, moi, je les avais abandonnés parce que j'étais celle qui était toxique.
Pensait-elle jusqu'à ce que se ferment ses yeux.
Mais c'était un estomac réclamant d'être nourri qui la réveilla au bon matin. La jeune fille s'attrapa le ventre, ayant des douleurs affreuses. Son corps était en colère. Néanmoins, tenant à ses vœux, elle resta allongée toute la journée jusqu'à ce qu'un bruit s'invite dans la maison. Sans frapper à sa porte, ses parents entrèrent à l'intérieur de la chambre.
'Coucou !' S'exclamèrent ils.
'Maman ? Papa ?'
'Oui... ' susurrait sa mère, 'on vit ici.' rigolant brièvement. 'Tu as l'air affamé, ça va ?'
'Oui.'
'Je vais préparer une quiche comme tu les aimes. Ok ?'
'Je n'ai pas trop faim.'
'T'as de la fièvre ?' Posait-elle ses doigts sur le front de sa petite fille.
'Non, je suis juste un peu fatiguée.'
'Alors, tu as besoin de reprendre des forces. Je descends faire à manger.' insistait-elle avant de sortir de la pièce. Son père, Alain, suivit son épouse sans tarder. Aline prit donc son téléphone portable pour appeler un des trois numéros enregistrés, et ce n'était ni celui de sa mère ni celui de son père bien évidemment qu'elle appela, mais celui d'Ana.
'Ils sont rentrés ?' Demanda-t-elle à peine après avoir décroché.
'Oui, ils me forcent à manger.'
'Sers-toi, mais peu.'
'Je ferai comme tu le souhaites.'
'On se voit demain ?'
'Tu me laisses déjà ?'
'Je dois réviser. N'oublie pas de venir au lycée avec une tenue noir, d'accord ? Le noir amincit.'
'Merci pour l'astuce, qu'est-ce que je ferais sans toi ?'
'T'inquiètes' dit-elle avant de laisser Aline brisée, mais déterminée. Elle décida alors de ranger ses affaires et de faire un tri des habits qu'elle ne porterait plus dorénavant. Environ deux heures après, sa mère vint l'appeler afin qu'elle descende manger.