Plus tard, à environ deux heures du matin, les filles reprirent chemin vers la maison, lentement, admirant le pays soustrait des silhouettes qui l'inondaient en journée.
'Tu ressembles à ça, tu sais.' Disait Aline.
'À quoi ?'
'À la nuit... pourtant, les hommes dorment à ce moment, car il n'y a selon eux rien à voir. Ils soutiennent que seuls les démons aiment l'obscurité. Cependant, moi, c'est en journée que les fantômes qui hantent mon âme font surfacent. Ils rient sur les faces des gens autour de moi, me rendant anxieuse d'avoir une vie sociale.'
'La nuit est un signe de vie pour certains. Tu n'as pas à te sentir coupable de l'aimer. Mais dis-moi... si tu apprenais que je mourrais, que ferais-tu ?'
'C'est impossible que ça arrive.'
'Comment le sais-tu ?'
'Je sais ce que cela fait de vouloir s'en aller. Et je ne vois pas ce néant dans tes yeux. Bien au contraire, il y a une chose, un but qui semble te passionner et te tenir en vie. Même si je ne sais pas ce que c'est et j'ai l'assurance que tu ne veux pas que je le connaisse, je tiens à te dire que tu es la corde qui me tient en vie.'
Ana sourit puis avoua, 'si un jour, tu viens à savoir ce qui me donne une si volumineuse passion... je ne pense pas que tu m'aimeras toujours autant.'
Arrivée à destination, elles coururent s'effondrer sur le lit. Les yeux d'Aline se fermèrent aussitôt, n'ayant pas assez de foi pour s'imaginer mener une meilleure vie comme les précédents soirs.
Enfin, c'était une des premières nuits depuis des années où son âme lui offrait ce cadeau de dormir sans penser et ressasser des humiliations. Et cela, grâce à Ana. Alors que n'aurait-elle pas fait pour cette amie qui devenait indéniablement bien plus ? Beaucoup plus.
Lorsque Aline ouvrit les yeux, elle vit Ana assise sur le sol en train de l'observer.
'Ça va ?' Demanda-t-elle.
'Oui et toi ?'
'Je vais bien, merci.'
'Enfin, tu ne dis plus 'je vais mieux.''
'Je te dois tout.'
Ana tendit ainsi sa main vers Aline qui s'approcha d'elle pour se laisser fondre dans ses bras. Puis, elle releva la tête, mendiant un b****r qui lui avait été donné.
'Je peux rester des heures comme ça tu sais.'
'Je sais ma poulette. Mais est-ce que pour ce que je te donne, tu m'offrirais la lune ?'
'Tout ce que tu souhaites.'
'Tes parents rentreront demain, n'est-ce pas ?'
'Oui.'
'Ils vont vouloir racheter ton cœur en te préparant un délicieux repas.'
'Ça m'étonnerait qu'ils tiennent leur promesse, ils l'oublient toujours.'
Assurément, Ana, répondit, 'ils le feront cette fois-ci.'
'Pourquoi en es-tu si sûre ?'
'Je suis un ange.' Chuchota-t-elle à son oreille.
Aline sourit ainsi, avant de répondre 'bien sûr que tu l'es.'
'Je veux que tu manges le moins possible.'
Et sans même y réfléchir, Aline acquiesça encore une fois. Elle n'avait rien d'autre que cette fleur empoisonnée dans sa vie. En dehors de la peur de la perdre.
Ainsi, que n'aurait-elle pas fait afin de satisfaire les besoins du cœur de cette amie ? Peu importe à quel point il était noir.
Ensuite, Vers quinze heures, elles décidèrent d'aller chez Aline.