Au Pire, On Meurt.

Tu Es Grosse

Si blanche neige avait une peau telles ces boules de feux qui s'échappent des cieux en plein hiver, et bien Aline, elle, avait un teint brun tel un miel.

Malheureusement, sa vie n'avait guère le goût de cette douceur. Elle se battait en effet ou ne se battait même plus, afin de surexister dans cette vie.

Vers la douche, elle courut, laissant l'eau tiède frapper sa peau.

Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait point ressenti un tel bien. Son corps puait et la graisse sous ses poils témoignaient de son manque de soin.

Certains se diraient, voilà donc pourquoi personne ne l'approche. Or, Ana, elle comprenait que la dépression nous enivre tellement que l'on a plus l'énergie de rien.

À ce sujet, l'on dit très souvent que la vie est tant prise pour acquis que le monde oublie le prix de petites choses comme manger, respirer, boire, aimer, sourire, tout comme prendre soin de soi.

Et bien, Aline n'avait plus de force pour accomplir ces tâches que les vivants pensaient avoir pour acquis.

Que cela lui faisait mal de respirer. Inspirer puis expirer cet air qui devenait si pesant. Que cela lui prenait bien trop de temps; prendre soin d'elle comme si elle en valait la peine.

Cela était sa façon de penser avant qu'elle ne rencontre l'amour ou plutôt le danger; Ana.

Ainsi, sous la douche, cet endroit où pourtant la vapeur de l'eau l'étranglait presque, elle piquait de l'air.

Là où toutefois elle aurait dû suffoquer, elle vivait. Mais, était-ce peut-être parce qu'elle savait déjà comment survivre ?

Car la survie n'est pas forcément la force de rester en vie dans une jungle, mais c'est aussi de savoir rester debout lorsque notre monde intérieur s'effondre.

Milles ans passèrent avant qu'elle ne se décide à filer dans sa chambre afin de mettre un jean et un pull.

Avec grande excitation, elle descendit rejoindre Ana qui l'attendaient à la porte afin que toutes les deux, en joie, prennent la route.

Le chemin fut bien silencieux. Pour la première fois depuis bien longtemps, Aline observait la vie autour d'elle.

Son âme ne s'arrêtait plus sur les tragédies de ce monde. En revanche, ses yeux arrivaient à voir combien on a de la chance de pouvoir renaître de nos cendres peu importe les situations.

'Wouooooah!' S'exclamait elle finalement, 'ta maison est super jolie.' Arrivant à destination.

'Merci, chérie.'

'Tes parents sont au boulot, j'imagine.' Poursuivait-elle en accédant à la maison.

'Ma mère est toujours en voyage alors, je ne te parle même pas du vieux... ' Déclarait Ana, fixant son amie comme une perle rare. 'Qu'il soit là ou pas.' Continua-t-elle, 'Impossible de remarquer.'

'Désolée... ' baissa-t-elle le regard.

'Ce n'est rien !' Sourit-elle de nouveau, 'viens dans ma chambre.'

Les deux jeunes filles se dirigèrent vers la chambre dans cette maison dont la chaleur n'était en aucun cas familiale. Une maison à un étage dont les murs étaient vides, ne chuchotant pas les moments de familles qui auraient pu s'y passer.

Elles fermèrent de là la porte de la chambre une fois à l'intérieur.

Ensuite, Ana tira Aline vers le miroir de 1,80 m, accroché à son mur. Il y avait en effet une image glace face à son lit, comme si chaque matin, elle devait vérifier son identité.

Ainsi, elle demanda, 'As tu confiance en moi ?'

'Oui... ' répondît Aline, 'En toi seule.' épuisée par la vie, de la vie.

'Tu sais... tu es tellement grosse… Enfin, tu es énorme.... Cependant, regarde-moi, je suis ta meilleure amie, n'est-ce pas ?'

'Euh oui... ' blessée par les propos d'Ana, Aline laissait quelques vagues d'eau inonder sa vue.

'Je suis comme les meufs de télé et toi… Je ne veux pas que tu sois la DUFF... '

'C'est la vie Ana !' Dit-elle en se retournant vers elle, 'voici pourquoi je suis tout le temps seule, merci d'être là pour moi.' Des pluies tombèrent enfin de ses yeux avant qu'elle n'avoue 'Je t'aime… Et, je le dis très rarement aux gens… Et… '

'Chut... ' Ana posa son doigt sur les lèvres de la jeune Aline. Cette dernière se perdit à voyager dans le regard d'Ana.