Les jours passèrent.
Aline avait la chance de ne pas très souvent croiser ses parents, car ils sortaient de la maison bien avant elle, pendant que cette dernière ne devait que faire que quelques pas pour se rendre à son lieu d'études.
Pourtant, un soleil vint, lorsque la jeune fille descendit et trouva la voisine dans le salon.
"Que faites-vous là ?" Demandait-elle.
"Je... tes parents n'ont pas eu le temps de préparer le petit déjeuner et m'ont demandé de venir le faire, car ils ont remarqué ta perte de poids."
"Je mangerai à l'école..." répondît-elle en sortant rapidement.
La voisine qui resta bouche b, s'en alla, elle aussi, quelques instants plus tard. Ensuite, sans appeler, la jeune cinquantenaire était venue cogner à la porte de chez eux en soirée.
"Madame Bovare ?" S'étonnait la mère d'Aline.
"Désolée, j'aurais dû vous prévenir."
"Non… Non... non ! Vous êtes comme chez vous." Assurât-elle. "Entrez !"
Les jeunes femmes se dirigèrent alors vers le salon puis la voisine chercha à savoir "il est où votre époux ?"
"Au travail ! Pourquoi ?"
"Je désire vous parler de quelque chose."
"Asseyez-vous donc pendant que je vais vous chercher du th..."
"Ne nous gênez pas ! Posez-vous là, près de moi."
"Ça va ?"
"C'est au sujet de votre fille."
"Qu'y a-t-il ?"
"Qu'y a-t-il ? Ne voyez-vous pas les vêtements qu'elle porte pour sortir de votre demeure ?"
"Vous savez qu'on quitte la maison très tôt et que l'on revient le plus souvent assez tard !" Expliqua-t-elle. "Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Dites-le-moi !"
"Votre petite fille..." baissa-t-elle les yeux, "le mal la consume. J'ai vu... j'ai vu dans ses yeux de la noirceur." Rigola-t-elle nerveusement. "M'avez-vous déjà demandé un jour si j'avais des enfants ?"
"Non, mais..." hésitait la jeune mère. "Écoutez... je vous aime beaucoup et vous nous rendez énormément services mais... j'ai des dossiers à relire avant d'aller me coucher."
"Alors voici donc la cause..."
"De quoi ?"
"Pourquoi est-ce que vous n'avez pas remarqué que votre fille ne va pas bien."
"Qu'insinuez-vous ?" Se fâcha-t-elle lorsqu'une voix se fit entendre, "qu'est-ce qui se passe ?"
"C'est elle, chéri !" Répondit la maman. "Elle vient dans ma maison pour remettre en question mon rôle de mère."
"Pas du tout !" Rétorqua-t-elle.
"Madame Bovare..." débutait Alain, "pourquoi mettez-vous ma femme dans un tel état ?"
"Votre fille ne va pas bien !"
"Quoi ?" Fronçait-il les sourcils. "Aline ?" Éleva-t-il la voix. "Aline ?" Hurla-t-il avant qu'elle ne descende.
"Oui..." répondît-elle en prenant les escaliers, d'une voix faible.
"C'est quoi cet accoutrement ?" Demanda-t-il en observant sa petite étoile enveloppée dans une robe de nuit longue et noire.
"Mais ne criez pas sur elle."
"Ne nous dites pas comment nous adresser à notre fille. Que savez-vous sur l'éducation ? Vous n'avez pas d'enfants."
"Justement, j'en ai eu... et elle est partie quelque part... à un endroit qui se dessine de plus en plus dans les yeux de votre gamine."