Sam a été d'un professionnalisme échevelé. Tout était chronométré et en moins de deux heures, bouclé. De l'esthéticienne, aux dessous sexy à l'extravagant, en passant par la robe ultracourte, et les chaussures assorties. Heureusement la manucure était déjà faite, mais j'ai dû lui promettre de l'emmener bientôt. J'ai eu beau protester que tout cela était inutile, il n'a cessé de me seriner, que peu importaient nos projets, il fallait toujours plaire à son amoureux. Il m'a déposé à la maison vers seize heures trente, et il est immédiatement reparti en prétextant un devoir à terminer pour le lendemain alors qu'il ne se laissait jamais submerger par des devoirs en retard.
Tamy m'attendait impatiemment dans la cuisine, depuis je ne sais combien de temps. La maison immaculée du sol au plafond, sentait à plein nez le détergeant. Elle avait dû essayer de calmer son stress, sans beaucoup d'effets toute fois :
- Tamy, tu as quelque chose à me dire ? Tu m'as l'air tendue.
- Non, tu verras bien ce soir, mais je tenais à t'aider à te préparer, je sens que ce sera une soirée importante pour toi.
Sur ce, je suis montée dans ma chambre avec tous mes paquets, que j'ai déposés sur mon lit, et j'ai ouvert celui qui contenait un ensemble de sous-vêtements. J'ai filé sous la douche, qui se devait d'être aussi bienfaisante que rapide, si je tenais à éviter les humeurs de Tamy. J'ai enfilé l'ensemble constitué d'un shorty et d'un soutien-gorge sans bretelles, en délicates dentelles noires. Puis une serviette sur la tête pour éponger mes cheveux, je suis sortie de la salle de bain et ai commencé à mettre ma robe. Une robe très courte, bleu nuit, à volants en dessous des hanches, de fines bretelles en dentelle argentée, avec ceinture également argentée à la taille et un tout petit nœud argenté lui aussi sur un bustier qui dessinait la poitrine. Le tout fermé par une fermeture éclaire dans le dos, que j'ai demandé à Tamy de bien vouloir m'aider à remonter.
Tamy a ensuite entrepris de me coiffer et de me maquiller. Une heure plus tard un chignon extrêmement complexe, fait de tresses et de boucles, trônait sur ma tête. J'ai mis les boucles d'oreilles que mon père m'avait fait parvenir pour mon anniversaire, le bracelet et le collier offerts par Lie et Tamy et j'ai achevé ce numéro de cirque en mettant les souliers argentés achetés avec Sam, l'après-midi même.
Tamy semblait plus sereine et la vision qu'elle avait de moi parée telle une princesse de conte de fée, la ravissait. J'ai attrapé mon téléphone pour appeler Kelan et lui demander des explications, mais celui-ci m'a devancé :
- Kelan ?
- Tu es prête ?
- Oui…
- Alors descend, je suis sur la terrasse.
Je me suis précipitée au rez-de-chaussée et l'ai rejoint. Il me tournait le dos, je le lui ai effleuré et me suis postée devant lui. Il m'a regardé et une larme a roulé sur sa joue.
- Ça ne va pas ? Lui demandais-je en prenant sa main.
- Si. Bien sûr que si. Tu es magnifique.
Une vague de panique m'a envahi, et je ne savais pas comment l'interpréter. Il m'a serré contre lui et a enfoui son visage dans mon cou. Nous sommes restés ainsi un moment et j'ai remarqué que son cœur qui s'était affolé se calmait.
- J'espère que tu as faim, me dit-il au bout d'un moment.
- Oui bien sûr ! Sam m'a tellement fait courir, que j'ai certainement éliminé plus de calories que nécessaire !
Il rit de mon idiotie et son visage légèrement apaisé m'a quelque peu rassuré.
- Alors viens.
Il m'a entraîné sur la plage où un chemin de fleurs s'étirait jusqu'à sa propre terrasse. Là un dîner en tête-à-tête nous attendait. J'étais époustouflée ; des fleurs, des bougies, un repas sophistiqué, raffiné et délicieux. Le coucher du soleil en fond d'écran. Tout pour réussir une soirée en amoureux. Après le dîner, je l'ai suivi dans le salon où il a récupéré un objet fin et rectangulaire, enveloppé dans un papier kraft et noué par une fine cordelette. Nous sommes montés à l'étage, où il m'a conduit dans sa chambre, elle aussi décorée de centaines de bougies. Une magnifique chambre aux allures baroques, aux couleurs noires et argentées. Kelan m'a invité à m’asseoir sur le canapé de velours noir. Le visage sérieux, le regard inquiet, il m'a tendu le paquet.
- Tu me rends nerveuse, vas-tu enfin me dire ce qui se passe ? Qu'est-ce que c’est ?
- Mes parents m'ont demandé de te donner ce paquet le dix-neuf avril. Je ne sais pas pourquoi. Tu le sauras quand tu l'ouvriras, il contient tout ce que tu dois savoir, les réponses à toutes tes questions. Si tu as besoin de quelque chose, je suis là. Si tu souhaites que je m'en aille, je m'en vais.
- Non je t'en prie, reste. Ma vie est une véritable énigme et j'avoue que ce que je vais découvrir là-dedans m'angoisse terriblement…
La panique me submergeait. Il m'a pris dans ses bras et blottie contre son torse, ma tension s'est relâchée. J'ai alors dénoué la cordelette.
J'ai découvert un manuscrit, vieux de plusieurs siècles. Un assemblage de quelques feuilles de parchemins reliées dans une couverture de cuire, sur laquelle était gravée Destinée. Sur la première page, le dessin d'un ange ou plutôt d'une femme ailée, magnifique, à la longue chevelure blonde, les yeux opales bleutées. Elle me ressemblait étrangement. En tournant les pages, j'ai découvert un premier arbre généalogique indiquant « Descendance Royale des Anges Des Sentiments ». Plusieurs noms m'échappaient jusqu'à ce que, Emmanuel Harris, Martha Harris et Kelan Harris, me sautent aux yeux.
Jetant un coup d’œil à Kelan, j'ai remarqué qu'il scrutait la fenêtre, et ne me regardait pas.
Dans ma tête, c'était le fouillis, mais un calme total me contrôlait.
- Kelan, je crois que la nuit va être longue, et je ne peux pas refermer ce livre tant que je n'ai pas compris l'essentiel. Mais pour ça, j'ai besoin de toi.
- Je sais. Je t'aiderai de mon mieux et peu importe si on est encore là demain.
- Très bien. Je n'ai pas encore appris grand-chose, mais je dois comprendre au fur et à mesure.
- Je t'écoute.
- Comment s'appellent tes parents ?
- Emmanuel et Martha Harris.
- Tu m'affirmes donc que tu es un ange ? Qui plus est, un Héritier Royale ? !
- Oui.
- J'avoue que ça fait beaucoup de révélation dans une même phrase. J'espère être capable de tout encaisser avant de devenir folle.
Son visage enfouit dans mon cou, je pouvais sentir les larmes qui l'envahissaient.
- Pourquoi pleures-tu ? Lui demandais-je en passant une main dans ses cheveux.
- J'ai peur de ce que tu pourrais apprendre et qui pourrait te faire fuir. Je ne veux pas te perdre…
C'était plus fort que lui. Il a étouffé un gémissement et a resserré son étreinte. Mon seul moyen de savoir non pas comment, mais si je pouvais le rassurer était de poursuivre ma lecture.
À la page suivante, un autre arbre généalogique. « Descendance Royale des Anges des Éléments », j'ai regardé directement les derniers descendant de la lignée : Vanessa Lane, Sélena Lane, Peter Rowan Lane.
- Pourquoi mon père n'est-il pas représenté sur cet arbre ?
- Parce qu'il est humain. C'est aussi pour cette raison que ta transformation n'a débuté qu'à ta majorité, et que tu n'as pas développé tes pouvoirs avant.
- Mes pouvoirs ? Comment ça ?
- Jusqu'à ta majorité, tu étais à moitié humaine. Chaque ange a un pouvoir qu'il reçoit à la naissance et développe en grandissant. Sauf pour ceux qui sont mi-ange mi-humain, comme toi.
Les pages suivantes étaient les plus importantes, celles qui bouleverseraient nos vies. La calligraphie était différente, plus marquée et plus délicate à la fois. Jusque-là le texte était comme tapé à l'ordinateur, mais cette fois, je reconnaissais parfaitement l'écriture d'une main fragile.
« Voilà déjà vingt siècles que nos familles se déchirent, que nos missions sont compromises à cause de cette querelle qui fait rage.
Il n'est plus questions que cela dure.
Trop de souffrances.
Nous, Anges des Sentiments, sommes nés pour unir et non séparer, soulager et non blesser, guérir et non achever !
Nous, Anges des Éléments, sommes nés pour créer, embellir, sauver et non détruire !
Notre jalousie a engendré le mal, et avec, notre ennemi : les Anges Noirs. Des anges déchus, déloyaux envers la royauté, qui utilisent leurs pouvoirs à des fins personnelles.
En unissant nos forces, nous sommes capables de les détruire, pour sauver La Terre, mais également Angels City, notre refuge à nous tous réunis. Mais notre cupidité nous en empêche.
C'est pourquoi, nous, Lucie Harris et Nathaniel Lane, aînés et puissants anges de nos royaumes respectifs, annonçons qu'avant la septième Lune, nos descendants, héritiers du royaume tomberont amoureux et se battront par tous les moyens pour protéger cet amour. L'amour de l'un pour l'autre devra être clairement exprimé avant la septième Lune.
Attention, l'ennemi surveillera cet amour naissant. S'il attaque un amour qui n'est pas clairement protégé, l'amant rejeté mourra dans les trois jours.
Ils devront être mariés avant le cinquante-sixième soleil de la septième Lune afin d'affaiblir cet ennemi ravageur.
Mais il ne sera éradiqué, qu'à la naissance d'un nouvel héritier issu de cet amour.
Dans le cas contraire, ce sera l'Apocalypse durant les sept prochaines Lunes. »
Ma respiration se faisait plus courte, mon cœur a eu des ratés. En proie à la panique, mes mains se sont mises à trembler et le manuscrit s'est échappé de mes mains. Kelan a sursauté.
- Sélena, est-ce que ça va ?
- Que représente une Lune ? Haletais-je.
- Dix ans.
- Quand la sixième Lune a-t-elle commencé ? Soufflais-je.
- Le vingt-trois avril de l'année 2000.
- Que représente un soleil ?
- Une journée.
Donc si mon calcul était bon et que j'avais bien compris, Kelan et moi étions amoureux, mais nous devions nous dire un « je t'aime » inconditionnel afin d'être protégé jusqu'à la septième Lune, et pour conclure, nous avions deux mois, jour pour jour, pour nous marier. Cerise sur le gâteau, il nous faudrait avoir un enfant pour avoir la certitude que l'ennemi perde ses pouvoirs.
C'en était trop. Je me suis recroquevillée sur moi-même, les yeux dans le vide, j'étais en état de choc, mais relativement calme. Kelan et moi nous connaissions depuis peu, je pensais que nous avions toute la vie devant nous afin que notre couple s'épanouisse à son rythme. Et voilà que je découvrais que je n'étais pas ce que j'avais toujours pensé être, que ma vie allait soudainement s'accélérer et qu'en plus de cela l'avenir de deux mondes reposait sur mes épaules ! La voix de Kelan m'apparaissait comme un bourdonnement à mes tympans, et il m'était impossible de savoir ce qu'il pouvait bien me dire, bien que ses lèvres soient toutes proches de mon oreille.
Je me suis levée épuisée par ce qui venait de s'accumuler dans ma tête et ma conscience, les bras de Kelan n'avaient opposé aucune résistance. Je suis descendu, ai laissé mes chaussures sur la terrasse et me suis avancée vers l'eau, qui m'attirait comme un aimant. Le calme me quittait. J'ai pénétré dans l'eau, et l'océan qui était calme quelques secondes auparavant, s'est agité de plus en plus fort, reflétant ma détresse, au fur et à mesure que j'avançais dans l'eau, inconsciente du danger. J'avais à présent de l'eau jusqu'aux cuisses, le bas de ma robe trempait dans l'eau.
Kelan qui ne m'avait pas suivi tout de suite, s'est précipité sur moi.
- Sélena, non ! !
J'avais du mal à me retourner, le regard soudé à l'océan. Je l'ai entendu fendre l'eau jusqu'à ce qu'il puisse m’attraper et me tirer en arrière. L'océan s'est calmé, alors que nous revenions sur la plage. Il a pris mon visage entre ses paumes pour que nos regards se croisent.
- Ne me refais plus jamais ça ! A-t-il grondé.
Il m’a ensuite pris la main et m'a traîné jusqu'à la terrasse, je n'ai pas réagi. Il m'a serré contre lui, je me suis laissée aller contre son torse et j'ai lâché un flot de larmes intarissables. Une chaleur m'a envahi de la tête aux pieds, brûlant toutes sources de tracas et de mal hêtre au passage. Je me suis calmé, nous sommes rentrés et retournés dans sa chambre.
- Désolée d'avoir ruiné tes vêtements, réussis-je enfin à souffler en remarquant que sa chemise avait épongé mes larmes, et que son pantalon était mouillé jusqu'aux genoux.
- Ce n'est pas important, me dit-il en se dévêtant. Toi en revanche, tu es trempée et tu as froid. Si tu permets…
Il est passé dans mon dos et a détaché ma robe, puis mes cheveux. J'ai enlevé ma robe et l'ai déposé sur une chaise pour qu'elle sèche. Puis Kelan m'a attiré à lui.
- Ne pénètre jamais dans l'eau quand tu n'es pas capable de dissocier tes sentiments de tes pouvoirs. La tristesse, la contrariété, la colère peuvent les altérer.
- Mais je ne les connais même pas ! Le manuscrit ne m'en parle pas, ce ne sont que quelques malheureuses pages parlant de nos familles, notre destin et d'une épouvantable prophétie !
- On devrait se coucher, il est tard, on en reparlera demain.
J'ai acquiescé. Son lit n'était pas plus raisonnable que le mien. Je me suis installée au milieu, dans des draps de satin bleu, il m'a rejoint après avoir éteint la moitié des bougies. Je me suis collée à lui et il m'a embrassée avec ferveur. Au bout d'un moment, je me suis détachée de son visage pour le regarder droit dans les yeux.
- Kelan, je t'aime !
- Tu es ma raison d'être et mon unique amour…
J'ai déposé un tendre b****r sur ses lèvres, et bercée par ses caresses, je me suis endormie le visage enfoui dans son cou, respirant son odeur enivrante, que je ne saurais décrire.
À mon réveil, je sentais son corps chaud tout contre le mien, je me suis tournée vers lui, il dormait paisiblement. J'ai remarqué qu'il était entouré d'une aura pailletée, et j'ai compris instantanément, que c'étaient les paroles venants du plus profond de mon cœur qui l'avaient protégé. Mon amour s'était uni à lui, nul ne pourrait à présent l'atteindre. En revanche, même si je savais pertinemment qu'il m'aimait, il ne me l'avait jamais dit et je n'étais pour le moment à l'abri de rien. J'ai déposé un b****r sur son front et me suis levée.
Ma robe encore humide, j'ai enfilé une chemise trouvée dans l'armoire de Kelan, et je suis descendue sur la terrasse.
- Tamy ?
- Bonjour, comment vas-tu ?
- Un peu perdue, j'avoue.
- Kelan dort toujours ?
- Oui, mais dis-moi, qu'est-ce que tu fais là ?
- Je me suis doutée que vous n'iriez pas au lycée aujourd'hui, alors je vous ai apporté de quoi manger dans la journée.
- Merci c'est vraiment gentil à toi.
Je me suis installée sur un transat et j'ai mangé une tartine que Tamy m'avait préparée.
- De quelle royauté fais-tu partie ?
- Des Anges des Sentiments. J'étais la nurse de Kelan avant qu'il n'arrive sur Terre pour te chercher.
- Tu veux dire, qu'il sait de quoi parle la prophétie ?
- Non, personne ne le sait à part toi et ceux qui l'ont écrite. Évidemment, nous savions qu'elle existait, et que c'était la solution pour réunir nos deux familles, mais sans en connaître la teneur, ni les conditions. Les ancêtres qui te l'ont transmis avaient uni leurs pouvoirs afin que toi seul puisses ouvrir le paquet qui était précieusement gardé par la famille royale depuis maintenant cinq Lunes septentrionales.
- Qu'est-ce que c’est ?
- La grande Lune Blanche qui vient du nord et qui n'apparaît qu'une fois toutes les dix Lunes.
- Ce qui équivaut à un siècle.
- Exact.
- Je ne comprends pas, si les Anges des Sentiments nous détestent, pourquoi ont-ils gardé le paquet pendant si longtemps afin de me le transmettre ?
- L'union des pouvoirs des ancêtres les en a obligés. Sinon, ils risquaient de tous perdre. Tout ceci s'est arrêté quand Kelan est né. Ses parents ont ressenti, l'ampleur de l'amour qui devait l'unir à l'une des vôtres. C'est à ce moment-là que nous avons su que la prophétie allait enfin s'accomplir. En élevant Kelan, je l'ai aidé à te chercher. Puisque tu étais à moitié humaine jusqu'à ta majorité, il ne pouvait pas te retrouver avec l'amulette des cœurs d'anges.
- Qu'est-ce que c’est ?
- Une amulette qui brille pour te guider quand tu cherches un ange en particulier.
- Mais Kelan m'a trouvé le jour de mon dix-septième anniversaire, et au lycée, nous savions qu'un nouvel élève arrivait depuis quelques jours déjà.
- Ton cœur a commencé à se transformer deux mois avant ta majorité, afin de scintiller de toute sa puissance le jour de tes dix-sept ans. Quand Kelan a vu l'amulette s'allumer faiblement et que ton nom s'est inscrit dessus, il était persuadé que c'était toi. Lui seul pouvant le savoir, je l'ai suivi. Quand j'ai reconnu ta mère, je me suis présentée à elle, et elle m'a ouvert sa porte pour que je l'aide à surmonter les épreuves quand la prophétie s'accomplirait. Kelan est né pour t'aimer, comme toi pour l'aimer.
Je suis remontée chercher le manuscrit que j'avais laissé par terre la veille. Kelan dormait toujours, j'ai profité quelques minutes de ces instants où il était paisible. Me demandant comment j'allais bien pouvoir lui annoncer ce que disait la prophétie.
Je suis redescendu vers Tamy. J'ai ouvert à nouveau le manuscrit et j'ai remarqué que des phrases s'y étaient ajoutées :
« La déclaration concrète de l'amour véritable et sincère qui protégera l'être aimé, devra être spontanée et naturelle. Elle ne peut être soufflée. »
« La princesse des Anges des Éléments, sera dotée de tous les pouvoirs de son peuple. Là sera sa faiblesse. »
- On dirait que ce livre me dit les choses au fur et à mesure que j'en ai besoin. Mais il ne me donne pas de solution pour éviter la catastrophe.
- Que veux-tu dire par là ?
- Le danger rôde. Je sais que les anges noirs nous surveillent, c'est à cause d'eux que la transformation de mes yeux, c'est en partie mal passé. Ils avaient certainement envisagé que je rejette la faute sur Kelan, et que ça nous séparerait, mais évidemment ça n'a pas marché. Hier soir, ils ont retourné mon pouvoir, que je ne connais pas encore, contre moi. Ils ont tenté de m'éliminer deux fois en cinq jours. Il reste trois jours en comptant aujourd'hui. Tant que l'amour que Kelan ressent pour moi n'a pas été déclaré, il ne sera pas protégé et je serai vulnérable.
- Et tu ne lui en as pas parlé ?
- Ni toi ni moi ne devons lui en parler, c'est une close du contrat, « La déclaration concrète de l'amour véritable et sincère qui protégera l'être aimé, devra être spontanée et naturelle. Elle ne peut être soufflée » c'est incontournable !
- Je te promets sur l'honneur de ma royauté que je ne dirai rien.
- Merci Tamy.
- Et lui ? Est-ce qu'il est…
- Oui, je ne savais pas que c'était ça, quand ça s'est passé, mais je l'ai compris ce matin.
- Comment ?
- Je lui ai simplement dit, je t'aime avec des mots.
Inquiète qu'il dorme autant, je suis remontée dans la chambre. Je me suis allongée près de lui et j'ai posé doucement ma main sur sa joue. Il s'est réveillé.
- Bonjour, lui dis-je en souriant, je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller.
- Non, je me réveillais quand j'ai senti ta main. De plus, à en croire ce que je vois, j'ai dormi longtemps.
- Oui, c'est vrai, je me suis demandée pourquoi tu dormais autant, mais à la réflexion, tu dois être épuisé de m'avoir cherché toutes ces années.
- Peu importe, tu es là maintenant.
- Puis-je savoir ce que tu vois ?
- Tu as enfilé une de mes chemises et tu as attaché tes cheveux, j'en conclus que tu t'es levée.
- Cela ne te gêne pas, j'espère ?
- Bien sûr que non. J'apprécie que tu te sentes chez toi.
Je me suis blottie dans ses bras. Prête à lui annoncer ce qui nous attendait.