Hier, j'ai raconté à Kelan l'histoire de nos deux familles, je lui ai parlé de la prophétie en omettant le passage sur la protection des amours qui risquerait de tout compromettre, si je le lui révélais par égoïsme ou par crainte, ce serait une catastrophe, alors j'ai gardé mes sentiments pour moi.
Comme moi la veille, il a eu du mal à encaisser tout ça, mais m'a encouragé en me disant que nous réussirions, mais ne m'a toujours pas dit ce que j'attendais.
Flairant quelque chose de louche sans savoir bien pourquoi, j'ai demandé a ce que l'on passe le reste de notre journée comme si tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve. Nous avons donc flâné sur la plage, regardé un ou deux films et discuté de tout et de rien. Profitant de chaque instant comme si c'était le dernier. Comme les nuits précédentes, nous ne nous sommes pas quittés et ce matin, nous sommes partis ensemble au lycée.
Mais en me réveillant, je me sentais lasse, mes yeux étaient cernés, et j'avais transpiré comme si j'avais fait un cauchemar, alors que je ne m'en souvenais pas. Kelan m'a réconforté et m'a dit que ça passerait sûrement dans la journée. Son regard triste m'a surprise. Il ne restait plus que deux jours avant que nos destins soient définitivement scellés, peut-être qu'il regrettait, qu'il ne voyait pas cela comme ça, qu'un mariage si proche avec quelqu'un qu'il avait toujours aimé, mais qu'il ne connaissait que depuis quelques jours, était en train de le faire fuir.
Tout un tas de doutes et de questions qui fusionnaient dans ma tête et que je n'osais pas aborder avec lui. Pourtant, quand je lui demandais s'il allait bien, il paraissait perturbé par ma question et avec toute la sincérité que je lui connaissais, il m'affirmait qu'il se sentait très bien et qu'il était le plus heureux des hommes.
Au lycée, Sam et Lie n'étaient pas là, leur stage de découverte sur les mammifères marins pour le cours de sciences avait été avancé d'une semaine. Ils m'avaient prévenu tous les deux la veille, mais j'avais brusquement besoin de leur présence.
Dans ma tête résonnait un vacarme incontrôlable, j'ai resserré ma prise autour de la taille de Kelan, qui a répondu de la même manière à mon geste, et j'ai appuyé ma tête contre lui. Des gouttes de sueurs perlaient mon front tendit que la migraine progressait.
- Est-ce que tu veux vraiment aller en cours ? Me demande Kelan inquiet.
- Il le faut.
- Mais tu ne vas visiblement pas bien, que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas, c'est plutôt bizarre… Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que ça va passer.
Nous avons commencé la journée par un cours de maths que j'avais déjà vu, mais auquel j'ai assisté comme promis avec Kelan, se séparer étant trop difficile, nous l'évitions le plus possible. À la fin du cours, j'ai demandé à Rowan de bien vouloir me consacrer quelques minutes. Il a acquiescé tout de suite et m'a entraîné un peu à l'écart des autres. Si comme je le pensais depuis le début, Rowan était le corps d'ange de mon frère Peter, alors il me comprendrait, sinon je n'aurais qu'à inventer une excuse à mes âneries et il oublierait.
- Rowan… J’ai… J’ai besoin de Peter…
- Tu as lu le manuscrit ?
- Oui. Mais dans notre livret de famille, tu t'appelais seulement Peter.
- Rowan a réellement existé, mais il était malade, alors plutôt que de rester à Angels City à ne rien faire, maman m'a autorisé à rester là en tant que Rowan Kôl. À ce moment-là mon acte de naissance d'ange a été modifié pour Peter Rowan. Et c'est plus facile de t'aider quand tu as besoin de moi. Je suis désolé de la peine que ma mort t'a infligée, mais il le fallait. Maman a perdu l'accès au trône quand elle a épousé papa, seule sa descendante peut régner à présent. C’est-à-dire toi. Mais pour ça, il fallait trouver le moyen de te faire venir ici, et ce, sans papa.
- Ma Destinée, n'est-ce pas ?
- Oui. Mais tu n'as pas l'air bien, tu es malade ? Ce n'est pas normal, tu ne devrais pas tomber malade ! Comment va Kelan ?
- Il va bien et ne risque rien, ne t'en fais pas. Tout ce que je te demande, c'est de rester à proximité au cas où tu pourrais m'aider à déceler un quelconque problème ! Rowan, la septième Lune apparaîtra dans deux jours, je suis sûr que mon état est lié à ça !
- Je vais faire une ronde, dis à Kalsy que je la rejoins, et toi vas vite en cours.
J'ai acquiescé, rejoins Kelan et passé le message à une Kalsy légèrement désorientée. Je me suis retournée une seconde et j'ai interpellé Rowan pendant qu'il était encore à ma portée.
- Rowan, au fait, pourquoi sans papa ?
- Parce qu'il n'est au courant de rien. Maintenant filez.
En arrivant en anglais, M. O’Connell m'a demandé d'aller aider une classe de seconde qui était en cours de rattrapage.
- Vous avez déjà étudié ce cours, Mlle Lane, me dit-il, j'ai besoin de vos services dans une autre salle si cela ne vous dérange pas.
J'ai senti Kelan m'encourager d'une légère pression de la main.
- Bien sûr que non, répondis-je poliment à M. O’Connell, en essayant de contenir mon irritation. (Faire la nounou, parce qu'il manquait un prof, pff… Et puis quoi encore !)
Ma migraine est repartie de plus belle quand j'ai vu à ce moment-là, Ambre se lever pour aller s’asseoir à côté de Kelan, là où je devais être. Ce dernier, a remarqué mon inquiétude et m'a lancé un clin d’œil.
J'ai donc passé deux heures à expliquer les différents points de vue d'un texte, corriger des dissertations et donner des exercices.
À la fin du cours, j'ai déposé la fiche de présence des élèves en salle des professeurs et je suis allée rejoindre Kelan pour le dernier cours de la matinée, quand, au détour d'un couloir, je les ai vus. Kelan et Ambre, bras dessus bras dessous. Il y avait un problème, Kelan m'a regardé, les yeux paniqués, une moue d'excuses sur le visage, il était comme pétrifié. Pas comme quelqu'un qui vient de se faire prendre en flagrant délit, mais plutôt comme un martyr, en tournant la tête, j'ai aperçu Ambre, le regard noir, un sourire narquois aux lèvres. Et il a suffi d'une seule phrase pour que tout s’enchaîne : « Il est à moi ! ! » ai-je eu peine à lire sur ses lèvres.
Ça m'a fait l'effet d'un coup-de-poing dans l'estomac qui m'aurait été donné par un boxeur hargneux, la respiration m'en a été coupée, mes genoux ont fléchi et se sont fracassés contre le carrelage. Mes affaires se sont éparpillées sur le sol, et dans un souffle court, j'ai réussi à prononcer :
- Rowan… Aide-moi…
J'ai relevé la tête pour le voir fendre la foule agglutinée, poussant quiconque lui barrait le passage. Il s'est laissé tomber devant moi m'a pris le visage dans ses mains.
- Pardonne-moi, je n'ai rien vu venir ! Parle-moi je t'en pris, dis-moi ce qui se passe ! A-t-il hurlé, à mes oreilles qui n'arrivaient plus à suivre le fil.
J'ai aperçu Kalsy qui ramassait mes livres.
- Va chercher ma voiture, vite ! Lui a-t-il lancé.
Je me suis effondrée dans ses bras, le regard vague, et toujours pas de Kelan à mes côtés.
- Je t'en supplie petite sœur, respire !
J'aurais bien voulu. Mais plus j'essayais, plus mes poumons se comprimaient dans mon thorax, comme si l'on prenait plaisir à m'étouffer. Mes yeux se sont fermés et je n'entendais plus que des voix, ne sachant plus à qui elles correspondaient ; je me suis tue en sachant qu'il fallait que je garde mes dernières forces pour quelque chose de plus important.
- Que se passe-t-il dans ce couloir ! Déguerpissez ! Vous n'avez pas des cours à suivre ? Oh mon Dieu ! Allez chercher le proviseur ! Dit une première voix.
- Que quelqu'un appel une ambulance ! S'écrie un élève.
- M. Kôl qu'est-ce qu'elle a ? S'informe une voix grave.
- Je crois qu'elle n'a pas pris son traitement ce matin. Ça va aller, je la ramène à la maison !
- Non, tu attends l'ambulance, elle ne respire plus !
- Son inhalateur est dans la voiture, je vous promets que ça va aller, elle a déjà fait ce genre de crise.
- Vous êtes de la même famille ? Demande la voix grave, suspicieuse.
- Oui, c'est ma cousine. Maintenant, laissez-moi passer ou bien, vous aurez sa mort sur la conscience ! Hurle Rowan, le seul que j'étais capable de reconnaître parce que sa voix résonnait contre mon oreille qui était plaquée contre son torse.
Je sentais qu'il me soulevait dans ses bras, mon cœur ralentissait et je sombrais dans l'inconscience.
- Tamy est-ce que tu peux appeler le lycée, il faut confirmer que je suis le cousin de Sélena, ils se posent des questions, dit leur qu'elle a fait une crise de je-ne-sais-quoi, trouve une excuse ! Ce n'est pas le moment qu'on est les flics sur le dos ! Dis-leur qu'elle va mieux, mais qu'elle doit rester couchée. Ensuite monte vite me rejoindre.
Je refaisais doucement surface, je savais que j'étais à la maison. Mon cœur battait très lentement, et j'avais des difficultés à respirer. Rowan m'a déposé sur mon lit et m'a couverte.
- Alors comment va-t-elle ?
- Mal, je ne sais pas ce qui se passe, Kelan n'était même pas près d’elle ! Tu peux faire quelque chose ?
- Pas vraiment, mon pouvoir de guérison est minime, je suis principalement un Ange de l'enfance. D'habitude, je soigne une coupure ou un mal de tête, pas quelque chose d'inconnu et d'apparemment puissant !
- Essaie ! Il faut qu'elle puisse nous dire ce qui s'est passé pour trouver un antidote ! Si elle meurt, on sera tous fichus !
- D'accord, je vais essayer, mais appelle ta mère.
Une main s'est posée sur moi, juste à l'emplacement de mon cœur, et une sensation de chaleur a envahi mon corps, mon cœur a repris un rythme plus régulier, mais encore trop lent pour qu'il tienne le coup jusqu'au lendemain. Mes poumons se sont ouverts juste assez pour que je puisse respirer. J'ai obligé mon corps à prendre une goulée d'air, qui malheureusement a été douloureuse, et la chaleur a cessé. J'ai ouvert les yeux.
- Tamy, dis-je faiblement, ça recommence.
- Sélena, tu es réveillée ! Dis-moi ce qui a provoqué ta souffrance ! Me presse Rowan.
- Ambre… Kelan, je l'ai protégé je le sais, je l'ai vu, mais on aurait dit un martyr au bûcher ! Haletais-je, les larmes mouillant mes yeux. Et si je m'étais trompée ?
- Il faut la ménager Rowan, sinon ta mère n'arrivera pas à temps.
- Je sais, mais il y a tellement de choses que j'aimerais comprendre, elle seule peut me donner les réponses. Et où est Kelan ? Pourquoi n'est-il pas là à son chevet ? C'est quoi qui recommence ?
La panique le gagnait et je ne savais pas quoi penser.
- D'ailleurs, qu'est-ce qu'il faisait avec cette peste d'Ambre Watson ?
- Watson ?
Nous avons sursauté tous les trois en même temps, ce qui m'a valu une nouvelle pointe de douleur.
- Maman, tu es déjà là ? Mais comment as-tu fait ?
- Le conseil des anges m'a redonné mes pouvoirs parce qu'il s'agit de sauver la Princesse des Éléments. Donc j'ai pu voler.
Son visage a pâli en me voyant.
- Mettez-la immédiatement sous respirateur. Elle ira mieux dans quelques minutes, mais ses jours sont comptés, il me semble, mais je n'en suis pas certaine.
- Tu as tiqué sur le nom de « Watson », dit Tamy à ma mère. Pourquoi ?
- Gabriel Watson a grandi avec moi au palais, il était mon meilleur ami. Quand nous avons atteint nos dix-sept ans, mon père m'a demandé de choisir un époux qui puisse régner en juste à mes côtés. Gabriel pensait que je le choisirais, d'ailleurs tout le royaume le pensait. Seulement moi, ce n'était pas dans mes projets, j'étais tombée amoureuse d'un humain. Mon père a accepté, sous condition que je renonce à régner. Gabriel a alors cru que mon père qui l'aimait comme un fils, lui accorderait le trône ; au début mon père a prétendu vouloir garder sa place encore un temps. Gabriel s'est marié avec un ange des eaux, peu de temps après que j'ai quitté le palais pour me marier sur Terre. Furieux contre moi à cette époque, il m'a dit qu'une fois sur le trône, il se vengerait de ceux qui avaient osé épouser un humain. Mais quand Sélena est née, mon père a proclamé que ce serait sa petite fille qui accéderait à la couronne à sa majorité. Je me souviens que Gabriel avait eu un enfant, cette année-là. Il voulut utiliser ses pouvoirs pour se venger de ce que je l'avais privé lui, puis sa fille, de la royauté. Mon père l'a banni, lui et sa famille. À présent, c'est un ange déchût ; si cette Ambre est sa fille, alors il faut se méfier, c'est un ange noir.
- C'est probablement elle qui a fait souffrir Sélena le jour de son anniversaire, dit Tamy. Et Sélena m'a dit hier, que quelqu'un avait retourné son pouvoir contre elle. Et maintenant ça !
- Rowan… Le livre… lui dis-je péniblement en montrant celui-ci du doigt.
- Mais je n'ai pas le droit de le lire.
- Sauf si c'est moi qui te l’ordonne !
En forçant sur ma voix, j'ai provoqué une quinte de toux. Mais je me suis forcée à continuer malgré les contestations de Tamy.
- Lis attentivement chaque mot de la prophétie.
Il a obéi.
Je l'ai vu lire et relire le texte qu'il avait sous les yeux, son visage passant par diverses émotions, l'horreur, la tristesse, la peur puis enfin le soulagement.
- Il ne t'a pas protégé n'est-ce pas ? Reprit-il doucement.
J'ai secoué la tête.
- Mais tu affirmes l'avoir fait n'est-ce pas ?
- Oui, un film protecteur s'est mis à scintiller autour de lui. Je ne lui ai rien dit, mais si je m'étais trompée et que cela signifiait autre chose…
- Non, je ne crois pas. Si tu as su en le voyant alors c'est bien cela.
Il s'est tourné vers ma mère :
- Maman, tu avais raison, elle mourra dans trois jours si nous ne trouvons pas de solution.
- C'est Kelan la solution, dit Tamy.
- Mais il ne s'est pas occupé d'elle quand elle s'est effondrée dans le couloir ! Reprit Rowan en hurlant de colère. Comment peut-il affirmer qu'il est né pour l'aimer s'il l'abandonne à la première difficulté ! ?
- S'il était en présence de cette Ambre, elle l'a sûrement menacé. En revanche ce qu'elle ne sait pas, c'est que grâce à l'amour protecteur qui l'enveloppe, elle ne peut rien contre lui.
- Il suffirait de pouvoir l'approcher, lui remettre un message pour qu'il comprenne qu'il ne risque rien, sans lui dire clairement ce qu'il doit faire, propose Tamy.
- Exactement. Mais même si nous avions trois jours, il faudrait le faire avant la septième Lune, cela nous donne seulement jusqu'à demain, sauf que si nous réussissons, l'ange noir sera affaibli quelque temps, cela nous donnera un répit pour la suite des événements.
- Rowan, dis-je avec un peu d'espoir, Ambre n'est pas avec nous durant le cours de maths, c'est ta seule chance !
Ma mère a pris une feuille et un stylo qu'elle a tendu à Rowan, il a écrit :
« L'amour de ta bien-aimée te protège, Ambre ne peut rien contre toi,
En revanche Sélena mourra si tu ne la sauves pas par ton amour sincère et véritable. »
- Vous croyez que ça ira, je n'en dis pas trop ?
- Non, je crois que c'est parfait, répondit ma mère.
- Les cours sont terminés, c'est trop tard pour aujourd'hui, dit Rowan en regardant sa montre. Il faut que tu tiennes bon jusqu'à demain !
- Essaye sa maison, dit Tamy.
- On peut tenter, mais Ambre risque de le surveiller, lance ma mère.
- J'ai une idée, on doit tout tenter, Sélena s'affaiblit de minute en minute. Je suis sûr qu'Ambre attend le moment le plus approprié pour l'achever, c'est Sélena ou plutôt sa place qu'elle convoite, pas Kelan. Je fais aussi vite que possible.
Il est sorti rapidement. Ma fièvre est remontée en flèche, Tamy a dû me perfuser, j'étais trop faible pour avaler quoique ce soit. Les paupières closes, j'étais épuisée de m’être battu pour tenir le coup. J'avais l'impression que mon corps m'abandonnait. Je me repassais le film de ma première journée avec Kelan, notre premier b****r, notre première nuit, sa peau contre la mienne, nos regards échangés, chaque détail de nos moments à deux, dont je devrais me contenter si Ambre avait raison de moi.
Une voix m'a fait sursauter, je me suis forcée à écouter.
- J'ai réussi.
- Vraiment ?
- Comment t'y es-tu pris ?
- Je suis passé par-devant, Ambre est garée de l'autre côté de la rue devant sa maison. Quand je me suis avancé vers la porte d'entrée, elle m'a accosté, me demandant ce que je faisais là. Comme je savais qu'elle n'avait pas pu me voir sortir d'ici, de là où elle était, je lui ai raconté que j'étais passé prendre des nouvelles de ma cousine, qui habitait le quartier et qui était malade, et que j'en profitais pour passer saluer Kelan. Il est sorti, je lui ai serré la main assez longtemps pour qu'il récupère le message.
- Et elle n'a rien vu ?
- Disons que le pouvoir de la nature m'a légèrement aidé ! Rit-il.
- Qu'as-tu fait ! Gronda ma mère. Tu sais que…
- Rien de grave, l'interrompt Rowan, une colonie de fourmis est passée par là. Quand je suis partie Kelan s'est enfermé à double tour et mademoiselle se battait encore avec les petites bêtes en hurlant dans tous les sens. Je n'ai rien pu lui dire de plus, j'espère qu'il comprendra. La balle est dans son camp…
Je n'ai pas su si la discussion avait continué longtemps, pour ma part, j'ai repris le fil de mes rêveries qui m'apaisait et me reposait, sans savoir comment le temps s'est écoulé. J'avais l'impression de perdre la raison, à présent, j'imaginais même sa voix et son toucher. Mes poumons se comprimaient, provoquant une douleur insupportable qui m'a sorti de mon imagination. J'ai fait surface, on m'avait enlevé mon masque à oxygène, d'où la douleur occasionnée par la difficulté à inspirer. Mes yeux voyaient mal, mais je distinguais un visage, tout près de moi.
- Sélena mon amour, je t'en pris pardonne-moi. J'étais bien trop préoccupé par notre avenir et je n'ai rien vu, je n'ai pas compris. Je pensais t'éloigner du danger, pas qu'elle utiliserait ma faiblesse pour t'anéantir.
Ses larmes tarissaient, j'aurais voulu apaiser cette souffrance qui l'affligeait en me voyant ainsi, mais je n'ai réussi qu'à lui décocher un pénible sourire. J'ai levé la main pour la poser sur sa joue, les forces me manquaient, alors avant qu'elle ne retombe, il l'a appuyée et l'a serrée contre son visage. J'ai toussé, mon cœur a eu des ratés…
- Sélena, je t'… commence-t-il.
- C'est trop tard, ton amour la quitte, elle se meurt et je me délecte déjà de mon rôle de princesse, ricane Ambre. Et quand se sera fait, je me ferai un plaisir de te voir ramper à mes pieds en me suppliant de t'achever, mais ta douleur nourrit ma force…
- Qu'est-ce que tu lui as fait !
- Comme tu peux être stupide, tu ne sais donc rien ?
- Explique-toi !
- Je me fiche de toi, j'ai d'autres moyens pour accéder au trône sans être obligée de t'épouser voyons ! Pouffe-t-elle à l'instar d'une reine des Enfers. En revanche elle, elle possède tous les pouvoirs de notre royaume, elle est unique et possède la puissance de tous les éléments. Et je la veux ! ! ! Hurle-t-elle.
Je me suis sentie partir, j'avais l'impression de me noyer, que tout ce qui me raccrochait à cette vie était en train de lâcher prise.
- Sélena, ne me quitte pas, je t’aime !
C'est la dernière chose que j'ai entendue.