VICe fut un jour d’hiver, en décembre, par un temps gris, de ce gris ardoisé qui est comme l’avertisseur des prochaines brumes, des ciels pesants, des interminables déploiements de nuages de deuil et de naufrages, apportés par les souffles sauvages du sud-ouest, que Yan Cosquer, la saison de la sardine terminée, annonça a son équipage, pour la première fois depuis près d’un an que Pierrik en faisait partie, qu’on allait jeter les filets et poser des casiers à homards dans les parages du Raz et de l’île de Sein. Le rêve du jeune mousse allait se réaliser. Il n’en laissa rien voir, contenant sa joie, ses espoirs, ses craintes, tout ce qui s’agitait d’obscur, de douloureux, d’éblouissant aussi, dans le mystère de son âme, dans le gouffre de son cœur. À partir du moment où il avait été défi