IVIl faisait nuit noire, une nuit sans lune, sans étoiles, une nuit tellement opaque, que c’est à peine si la blancheur de la route se distinguait des masses ténébreuses qui la bordaient de chaque côté, lorsque Pierrik Danielou, après avoir passé une partie de la journée à Crozon pour différentes affaires, dut reprendre le chemin de Camaret. La route, avec ses montées et ses descentes, filait entre les landes sans qu’il fût possible de s’égarer, et, du reste, le jeune homme la connaissait assez pour la suivre au besoin les yeux fermés. Les nuages formaient comme un dôme bas cachant complètement le ciel, et, de l’Ouest, le vent soufflait par rafales, apportant la grosse rumeur de l’Océan, un grondement régulier, menaçant, avec des détonations sourdes, des ronflements prolongés, des râles