Déboires 19
******LUCIE******
Je le traverse ; referme ma porte et commence à marcher comme s'il n'y avait personne à côté de moi. Il m'observe sans rien dire puis me suit tout d'abord en silence puis il commence à parler
- Lucie
Je ne réponds pas
- Lucie s'il te plait
Je me retourne brutalement
- Je ne sais pas ce que tu fais là, je ne veux pas savoir ce que tu fais mais si c'est ton ami qui t'as envoyé pour son argent dis-lui simplement que contrairement à lui moi je suis une personne de parole et je lui rembourserai son argent
- Argent ? Dis-t-il surprit
- Aubin ne t'as pas envoyé récupérer son argent ? Craignant que cette fois-ci je fais plus que le pousser ? Mais je dois t'avouer Théo que je suis réellement déçu par ton comportement, tu n'as servi qu'à mieux me piéger pour ton ami mais...
- Lucie s'il te plait, j'essaye de comprendre ce qui se passe. Je sors de chez Aubin et je suis tombé sur sa femme
- Normal, il est marié dis-je avec une rage
- Ils étaient sur le point de se séparer
- Se séparer ? Tu as eu l'impression qu'ils étaient en conflit lorsque tu les as vus ?
- Crois-moi Lucie je pense qu'il se passe quelque chose de louche dans cette maison, j'ai même essayé de lui faire entendre raison devant sa mère sans pourvoir ce n'est pas normal, je n'ai pas envie de penser à ça mais je pense que... je pense que mon ami a été envouté
Silence
Je ne peux pas y croire, user de pratiques occultes pour justifier leur sale plan ? Je me suis arrêtée un instant ne sachant quoi dire puis je continue à marcher, constatant qu'il me suit je marche plus rapidement, il ne me lâche pas non plus et me tient par le bras, je dégage mon bras vraiment hors de moi
- Mais arrêter, arrêter de me mentir, passer à autre chose tout comme moi. Parler aujourd'hui d'envoutement ? Mais quel envoutement ?
Je criais tellement que ce n'est que lorsque j'ai senti des regards dans notre direction et sur moi que je me suis rendu compte, j'ai essayé de me calmer pour prendre les choses plus calmement
- Que fais-tu ici Théo ? Dis-je plus calmement
- J'avais besoin de voir clair dans cette situation et besoin de quelqu'un qui pourrait m'aider tout en comprenant la situation. Tu as vu comment était Aubin, l'homme que tu vois aujourd'hui agit-il normalement ?
- Ce que je veux moi c'est gérer ma vie hors de tous et avancer donc laisse-moi tranquille
Sur ce je pars et cette fois-ci il ne me suit pas
******FRIDA*****
A mon réveil, j'ai constaté que Théo avait vidé les lieux, j'étais heureuse surtout de savoir que je reprenais le contrôle de ma maison, de mon homme.
Maintenant il fallait reprendre les choses où elles en étaient avant l'arrivée de ce trouble-fête.
J'ai tout fait pour reporter ce projet de voyage en France ; je ne pouvais pas voyager dans ces conditions. Mieux vaut ne prendre aucun risque. Convaincre Aubin n'était pas un problème. Le gars est d'accord avec tout ce que je dis, tout ce que je fais ; je lui ai dit que ce voyage se fera plus tard, c'est tout. De toute façon, tant qu'il y aura des moutons blancs dans le pays, je suis sereine et je ne m'inquiète de rien.
Je suis en train de m'apprêter pour me rendre chez mon charlatan ; ne me demandez pas comment j'ai fait mais j'ai pu avoir la photo de cette pimbêche de Lucie ; je prends la photo dans la main et je déclare « toi, la fille-ci, je vais te finir ! »
Une fois chez le charlatan, de nombreuses personnes attendaient ; c'est normal, ses remèdes sont très efficaces ; j'appelle un de ses apprentis et je m'annonce ; on me fait immédiatement passer avant tous ceux qui attendaient ; il y a des murmures mais peu m'importe ; moi, je n'attends pas, je paie gros donc on me reçoit vite. Ne savent-ils pas que dans ce monde, c'est l'argent qui parle ?
*****MARIE-ANGE******
Depuis que ma sœur et ma mère sont partis, je me consacre à l'ouverture de mon magasin ; finalement, j'ai trouvé un bon emplacement, au centre du village. Il me faut maintenant y mettre des marchandises ; pour cela, je dois repartir en ville.
Depuis que j'ai compris que je ne suis pas définie par ce qui m'arrive mais que je suis ce que je décide de devenir, j'ai oublié mes peurs et j'ai eu confiance en mes ressources intérieures et en Dieu. Je veux avancer et ne plus laisser le passé me tirer vers le bas. Cette trahison de Max n'est qu'une leçon de prudence et les biens que sa famille m'ont arraché m'a permis de créer mes propres richesses que personne ne pourra me prendre.
Je profiterai de ma descente en ville pour passer quelques jours avec ma famille. Le bus venait à peine de s'arrêter que je trouve déjà ma sœur qui attendait pour me chercher.
Bien que cela n'ait même pas fait un mois qu'elle ait quitté le village, cela me fait du bien de la revoir, nous profitons du trajet pour bavarder :
- Alors, dis-moi tout Marie-Lyne.
- Mais, il n'y a rien à signaler, tu sais tout puisqu'on se parle tous les jours au téléphone ;
- Est-ce que Honorat est enfin venu ?
- C'est à croire qu'il voulait même que je parte ; même pas un signe !
- Notre pays est quand même étrange ; les parents de cette petite Baké devraient normalement porter plainte contre lui !
- Ah ! Tu sais qu'il a les relations ! Il a dû les corrompre avec de l'argent.
*****BLANDINE******
Brigitte, contrairement à mes attentes, travaille bien ; sa cuisine est impeccable et parfois, elle me fait le ménage en plus. Chaque jour qui passe, j'apprends à la découvrir, à mieux la connaître ; je la mets à l'aise jusqu'à ce qu'elle me raconte son passé un jour ; l'enfant qu'elle porte n'a pas de père car elle se prostituait. Plutôt que de la juger, j'entreprends de lui donner des conseils et de prier pour elle. Notre rôle n'est pas de juger les autres ni de les condamner. Ne jugeons personne avant de nous mettre à leur place.
Progressivement, j'ai conduit Brigitte à la foi en Dieu. Elle a maintenant compris qu'elle menait une mauvaise vie. Je l'ai quand même félicité d'avoir gardé l'enfant malgré tout :
- Félicitations Brigitte pour ton courage ; l'avortement est un crime ;
- Ah Madame Blandine, c'est à une amie que je le dois ; sinon j'aurais bien voulu le faire, tellement j'étais désespérée !
- Tu as pris la bonne décision ; tu as donc une amie qui te conseille bien alors ;
- Oui, elle s'appelle Lucie c'est une grâce dans ma vie ;
- Lucie ? C'est un bien joli prénom ;
- Elle est aussi jolie que son prénom ; c'est la seule de mes amies qui ne m'ait pas abandonnée dans ma condition ; c'est elle qui m'a conseillée de m'inscrire à l'agence de placement.
- Elle doit être une bonne personne ; que fait-elle dans la vie ?
- Elle est étudiante ; elle avait arrêté les études, faute de moyens mais elle a récemment repris ;
- En plus elle a de bon projet, que l'Eternel l'a fortifie
- Amen !!!
*****MARIE-LYNE*****
Marie-Ange avait raison ; j'ai décidé de reprendre ma vie en main et ne pas laisser ces histoires avec Honorat pourrir ma vie. Pour le moment, je vis chez ma mère mais je compte déménager pour louer un appartement ; je vais me concentrer sur mon travail mais je ne compte plus me marier ; je préfère rester célibataire. Peut-être est-ce mon destin ! Je pensais à tout ceci en me rendant au cabinet de l'Avocat que l'on m'a recommandé pour le divorce ; il y a un embouteillage terrible sur la voie ; je vais certainement être en retard ; il faut que j'appelle pour prévenir ; au cours d'un arrêt momentané dû à l'allumage du feu rouge, je compose le numéro de téléphone du cabinet de mon futur Avocat :
- Allo
- Bonjour ; suis-je bien au cabinet de Maître Raoul ?
- Oui, Madame ; en quoi pouvons-nous vous aider ?
- Mon nom est Marie-Lyne et j'ai rendez-vous avec le Maitre aujourd'hui; j'appelle pour prévenir que je vais accuser un léger retard ;
- Ne dépassez pas quinze minutes Madame ; autrement, nous serions dans l'obligation de reporter votre rendez-vous ;
- Bien.
Grâce à Dieu, juste à l'instant, la circulation commence à se décanter ; j'arrive au cabinet environ douze minutes plus tard ; je suis reçue par la Secrétaire qui m'annonce au Maître.
*****GAETAN******
Ma mère ne fait que s'affoler tout en allant dehors, nous la suivons tous, nous tombons sur deux hommes
- Où est ma fille ? Dit ma mère
- Comme nous l'avons dit à la dame tout à l'heure la scène fut assez brusque nous étions en voiture lorsqu'elle a surgit de nulle part et s'est écroulée
- Surgit de nulle part comment ? On surgit de nulle part ?
- Nous ne l'avons pas vu arrivé
- Et où est-elle maintenant dis-je
- Nous l'avons transporté à l'hôpital et mon ami ici présent étant du quartier, il m'a conduit jusqu'ici pour que nous vous tenions informé
Nous nous sommes tous dirigés vers l'hôpital pour voir Georgette
A notre arrivé elle était couchée inerte, ma mère s'est jetée sur l'homme qui nous a prévenu
- Assassin, vous avez tué ma fille, rendez la moi, rendez la moi rapidement
Nous nous retrouvons tous encerclé
- S'il vous plait calmez-vous, vous êtes dans un hôpital
- Où est le médecin ? Dis-je nous aimerions savoir ce qui se passe avec ma sœur
- Où est votre sœur ? nous dis une infirmière
Nous montrons une salle du doigt
- Le médecin pour l'instant n'est pas là, je vais chercher l'infirmière qui est en charge du patient pour qu'elle vous apporte ses explications
- Pas besoin d'explication nous savons ce qui s'est passé réplique ma mère, voici l'assassin de ma fille, eh Dieu nous ne pouvons pas avoir un moment de répit ? Que se passe-t-il dans ma famille ? Tu m'as déjà pris un fils, tu voulais me prendre un autre et maintenant c'est ma fille ?
Elle se calme un moment puis reprends
- Au lieu de chercher l'infirmière, chercher un homme en tenue pour arrêter cet assassin ! Assassin !!!
Nous avons essayé tant bien que mal de calmer ma mère
- Calme toi ma sœur, Dieu n'est en rien responsable de ce malheur, c'est un Seigneur de paix et d'amour et non de malheur et douleur. Du moment où je suis là, nous ferons la lumière sur cet affaire, nous verrons ce que l'Eternel veut nous montrer dit l'oncle de Julie
Ma mère se calme, l'infirmière finit par arriver
- La patiente a fait une crise cardiaque et grâce au Monsieur ici présent, nous avons pu la stabiliser à temps
- Ce n'est pas la voiture qui l'a cogné ou effrayé reprends ma femme
- Cogné Non, elle n'a aucune blessure ou quoi que ce soit qui laisse penser à ça, effrayé probablement mais bon nous l'avons stabilisé, le médecin a fait son diagnostic et maintenant nous attendons
- Il ne nous reste plus qu'à continuer en prière dis l'oncle de Julie
Nous nous sommes mis en prière, la pièce étant assez petite, j'avais opté pour laisser ma femme aux cotés de Georgette mais ma mère a insisté pour rester auprès d'elle, nous n'avons pas insisté et l'avons laissé à ses côtés avec l'oncle de Julie et sa femme qui en principe devrais prendre la route au matin pour rentrer chez eux.
*****JULIE*****
C'est à croire que le répit est pour l'instant loin de cette maison, mon oncle m'a conseillé de quitter définitivement de cette maison.
Je suis en train de me préparer pour quitter la maison de Max ; c'est Marie-Ange qui est son épouse légale et cette maison lui appartient de droit ; j'irai loin, me débrouiller avec mon fils et l'autre qui est presque là ; oui, dans moins d'un mois, je dois accoucher. Je n'avais jamais prévu que Max allait mourir ! Mais je n'ai eu que ce que j'ai cherché ; à présent, il me faut commencer un petit commerce pour disposer de quoi élever mes enfants.
En attendant que tout ceci ne prenne forme, vu que je ne compte pas quitter la maison dans cette situation avec Georgette à l'hôpital, je me rends au marché pour acheter quelques vêtements pour le futur bébé ; il me faut également des petites nécessités avant le jour crucial ; comme l'accouchement surprend, il vaut mieux que je sois prête.
Je dévorais des yeux les beaux habits de bébés qui sont exposés dans l'un des grands magasins du marché ; ce magasin grouille généralement de monde car on y trouve de bons articles pour bébés et enfants. Je choisis quatre grenouillères pour nouveau-né ; je prends aussi des bavoirs et deux paquets de couche jetable ; je n'en prends pas beaucoup car généralement, ceux qui viennent saluer le bébé offrent ce genre de nécessités. Je paie mes achats et l'on m'emballe mon paquet ; je sortais du magasin quand mes yeux croisent ceux d'une personne qui entrait et que je connais bien. Je m'arrête net.