ÉPISODE 16
- Sa majesté !
- C’est vrai ce que je dis et je suis assez sincère ma reine. Comme tu le sais, après quelque mois, nous avons constaté qu’elle portait déjà en son sein pendant ce temps, un enfant de notre fils ! D’ailleurs, notre regretté fils, le prince Cossi n’a eu qu’un seul enfant avec cette femme-là ! Du coup, elle est encore très jeune et a encore de la vie en elle ! Elle peut bien entendu procréer et peupler la lignée royale pour éviter que notre nom ne disparaisse point. C’est la raison pour laquelle les ancêtres sont en train de me parler en rêve. Et ne pouvant pas garder de telle information pour moi tout seul, j’ai jugé assez utile de la partager avec toi. Mais de la façon dont je te vois, j’ai l’impression que cette situation ne te préoccupe pas du tout. Tu n’as pas la réaction que devrais avoir une bonne reine. Je ne te comprends pas.
- Combien de temps déjà, sa majesté ? Combien de temps cela fait maintenant que son mari est décédé et nous allons prendre cette décision déjà ? A-t-elle terminé de faire le deuil de son mari ? Je propose que nous lui laissions encore un peu de temps avant de décider de la remarier à un homme de cette collectivité. Je trouve qu’il faudra également lui laisser le soin de faire quand même le choix tout en prenant son avis sans forcément lui imposer ça.
- Ne me dis pas ça ! Crie le roi, pris de colère. Tu es avec moi ou tu es contre moi ? Comment tu peux oser me dire cela ? Comment ? NE me redis plus jamais ce genre de propos. Si je me suis réveillé de bonne heure pour venir te soumettre cette situation, c’est bien au sûr parce que j’ai de la considération pour toi que je te le dis. Sinon, de ton avis, je n’en avais vraiment pas besoin et tu le sais ! Tu ne l’ignores pas. Au temps de mes aïeux, dans le bon vieux temps où mes ancêtres étaient encore en vie et gouvernait ce royaume, personne ne prenait l’avis d’une femme dans une prise de décision. On ne demande rien à la femme. Rien du tout ! On ne consulte jamais la femme quand on veut entreprendre une action, mais pourtant, je me suis permis de venir à toi pour prendre ton avis. Tel que je l’ai organisé et que mes ancêtres également le faisait et m’ont mis sur ce trône, c’est suivant cette organisation que je vais fonctionner, fait comprendre le roi à la reine Djêtô. Pour ma part, en venant te voir, je me disais que le sujet devrait te préoccuper plus que tout. Et c’est pour ce motif que je t’ai fait part d’une pareille préoccupation, essaie de faire comprendre le roi à la reine en la fixant droit dans les yeux.
Dès que le roi a fini ses propos, il n’attend plus pour écouter la reine. Il se lève aussitôt en prenant sa recarde pour quitter la chambre de la reine pour se rendre sur la cour du palais royal, déçu de la position contraire affichée par la reine au sujet de l’affaire qu’il l’a soumis.
Il se rend dans la salle de trône quand il termine de marcher un peu sur la cour du palais pour dégourdir ses jambes. Préoccupé plus que jamais par la situation, le roi fait appel à son messager. Il se rend dans la salle de trône en vitesse. Une fois en face du roi, il pose ses genoux à terre puis il fait ses civilités au roi. Le roi répond à ses civilités et lui confie :
- Jeune homme !
- Oui votre majesté !
- Mon fidèle messager !
- Votre majesté, je continue de répondre. Je suis à l’écoute de vos ordres. Commandez-moi seulement. Vous êtes mon roi et je suis votre serviteur. Parlez donc seulement grand roi.
- Tu auras une longue vie !
- Amen ! Qu’il en soit ainsi votre majesté.
- Bien ! Dit le roi en se positionnant bien sur son siège royal. Je vais t’investis d’une mission assez sensible et importante. Tu vas donc te lever et te rendre tout directement pour te rendre dans la grande maison de l’autre côté du palais pour m’appeler Awogbogbo, mon marabout. Même s’il a les mains dans du repas, qu’il me rejoigne en urgence dans cette salle de trône dans les minutes qui vont suivre ton départ d’ici pour aller dans la grande maison. Tu lui diras qu’il y a une situation qui m’est tombé dessus et qui nécessite dans l’immédiat son intervention.
- D’accord votre majesté, dit le messager du roi en se prosternant. Tout de suite même.
Le messager se relève pour aller faire la commission du roi au marabout. Le roi est toujours bouillant de colère. Il frappe la plante de ses pieds contre le sol en signe de mécontentement et de colère. Il commence ensuite par se parler tout seul en ces termes :
- Mes devanciers avaient agi de la sorte. Mes ancêtres ont toujours fait comme ça. Ce n’est donc pas en mon temps sous mon règne que les choses vont changer sous prétexte d’une quelconque modernité. C’est impossible. Avant que cela ne se fasse ici dans ce palais, et dans ce royaume, c’est que le soleil va prendre la place de la lune et la lune celle du jour.
Pendant ce temps, Gangnon, l’un des plus grands paysans du royaume est assis sur la cour de sa maison en train de somnoler sous le coup de la fatigue. Il s’était réveillé de son sommeil très tôt. Voulant se reposer un peu avant que les lumières du jour ne se fassent voir. Gangnon se rend donc sur la cour pour s’allonger et profiter également de l’air frais naturel. Il se met à bailler ensuite. Ce bâillement le sort de son sommeil…