ÉPISODE 18
- Je te demande pardon, dit Gangnon sans pitié. Je te demande pardon. Fais en sorte de trouver ce que vous allez manger toi et les enfants. Ne vous inquiétez pas pour moi. Je te le demande sincèrement. S’il te plaît chérie à moi. Si possible là, il faut…
- Ah ! Dit la femme pour l’interrompre. C’est une histoire de ce genre ? S’étonne la femme en regardant son mari, la bouche entrouverte. Tu es sérieux là ? Et tu n’as rien laissé pour la maison et tu es en train de t’en aller comme ça sans que cela ne soit même un souci pour toi.
- Oh arrête de dire ça.
- Les enfants vont rester sans ne rien manger ? Je ne dis plus pour moi hein. Tes enfants à toi là, ils vont manger quoi ? Ou bien tu ne saisis pas la pertinence de ce que je te dis là ?
- Ecoute chérie ! Ne dis pas ça ! Ne tient pas les propos de ce genre ! Si tu dis souvent ça, ça me fait très mal.
- Mais si je ne te dis pas ça, à qui vais-je le dire ? Je ne fais rien et je n’ai pas de l’argent sur moi. Que veux-tu que je te dise dans ce cas ?
- Mais calme-toi mon amour ! Est-ce que quand je suis en possession d’argent je ne dépense pas sur vous ? Je ne le fais pas ? Même pas une seule pièce de vingt-cinq francs gâtées, je n’ai pas. Je n’en ai pas. C’est vrai, dit Gangnon en jouant à celui qui est vraiment dans le manque d’argent.
- Tu ne peux pas t’en aller comme ça de la maison. AU moins tu devras nous donner quelque chose. Je n’ai pas de sous à mon niveau, sinon je ne serai pas en train de te gêner depuis tout ce temps !
- Bien ! Ce que nous allons faire ! Je vais partir dans le champ. Je vais récolter le palmier à huile et dès que je vais rentrer, tu vas voir que je suis quelqu’un qui joint vraiment l’acte à la parole mon cœur, dit Gangnon sachant qu’il ne fera rien. Je vais vous trouver quelque chose ! Comment je ne vais pas vous trouver quelque chose ! S’exclame Gangnon avec sourire en prenant sa femme dans ses bras pour la bluffer. Ne te fâche pas du tout. Allez tiens ce bisou sur ta joue. N’muinh, fait Gangnon en donnant une bise à sa femme sur la joue. Essaie de me trouver une solution ma petite belle femme aux allures majestueuses !
- Hahaha ! Ok d’accord c’est entendu. Alors dans ce cas, vas-y vite et ne dure pas. Surtout ne reviens pas ici bredouille.
- Mon petit modèle à moi ! Mon bébé à moi seul, n’arrête pas de crier Gangnon pour faire les éloges de sa femme. Gère-moi la situation.
- Ok c’est compris déjà. Maintenant il faut que tu files. File vite pour te rendre au champ pour nous ramener quelque chose. Passe une très bonne journée de travail surtout chéri.
- Ok je ferai comme tu dis, précise Gangnon en prenant les mains de sa femme. Les choses sont ainsi seulement aujourd’hui, ça va s’arranger. Tu ne mourras pas dans la pauvreté.
- D’accord j’ai bien entendu tout ça mon très cher époux. Je garde juste espoir que les choses vont devenir meilleures.
- Nous souffrons seulement hein. Que personne ne te conseille et que tu fasses ce qu’ils te diront. N’écoute pas les mauvaises langues. Ils risquent de nous détruire.
- Tu peux compter sur moi. Je sais que les choses vont changer et notre situation de précarité va se transformer en une situation de bonheur extrême. Je compte sur toi. J’ai la foi et la ferme conviction que demain sera radieux.
- N’est-ce pas ?
- Tout à fait !
- Merci beaucoup à toi. Je te serai à jamais reconnaissant et dévoué, dit-il en serrant les mains de sa femme. Je vais y aller et revenir.
- Vas-y seulement. Le dieu tonnerre te le revaudra. Bonne route à toi.
- Merci infiniment ma tendre épouse. Il te le revaudra à toi également.
- Il te le revaudra. S’il te plaît ! Si tu t’en vas et que tu trouves ne serait-ce que cinq francs, aie un regard bienveillant à notre endroit pour que les enfants puissent manger. Nos yeux seront en route.
- Je vais me souvenir de toi promis. D’accord ?
- C’est entendu. Maintenant file ! Le temps passe. Reviens-nous vite. Je suis ici en t’espérant.
- Tu peux espérer que je revienne à l’heure, mais n’oublie pas que c’est le terrain qui va commander là-bas.
- Ok ! Tout se passera bien. Dieu ne va pas nous lâcher.
- Ok c’est bien. Ne manque pas de bien prendre soin de mes enfants pour moi.
- C’est promis. Je vais trouver quelque chose pour leur faire ce matin afin qu’ils ne restent pas affamés. Va en paix, dit la femme alors que Gangnon est déjà loin de la maison.
Une fois loin de sa femme, Gangnon dit à voix basse :
- Ta pauvre mère incapable là ! Tu ne sais pas que le labour est complexe à faire pour trouver de l’argent. Labourer la terre est si facile que ça et tu n’as pas encore pris la houe pour te mettre au pas ! Tu seras là à la maison et moi j’irai subir toute la souffrance pour te faire profiter gratuitement de mes efforts de dur labeur !
Après le départ de Gangnon de la maison, sa femme pose ses fesses sur un tabouret. Analysant la situation de précarité qu’elle traîne depuis des années avec son époux et vu la façon dont rien n’avance, elle commence par se poser des questions sur l’attitude de son mari et le fait que rien ne change. Elle voudrait bien que les choses changent, mais elle n’a aucun moyen de contribuer à ce changement. La femme de Gagnon est une femme qui n’a aucun travail sous la main. Comme de nombreuses femmes, elle passe toutes ses journées à la maison en train de s’occuper de la maison et des enfants et c’est son mari qui sort pour leur ramener de l’argent et de quoi manger. Elle se met par la suite à se parler toute seule…