ÉPISODE 19
- Mais c’est bien bizarre les mariages que nous contractons de nos jours hein. Le foyer est carrément devenu un haut lieu d’apprentissage. Voilà mon mari qui est incapable de jouer convenablement le rôle qui est le sien. C’est toujours lui qui n’a pas d’argent et il me dit chaque fois de me débrouiller. Cela commence par m’exaspérer. J’ai trop supporté cette situation, finit-elle par dire et elle se lève de son siège pour aller à l’intérieur de la chambre.
QUELQUES HEURES PLUS TARD
Du côté de Gangnon, sa journée s’est très bien passée. Il finit ses travaux et prend le chemin de retour pour se rendre à la maison. Avec sa houe accrochée à son épaule et sa machette en main comme à son départ le matin, il adopte une démarche presque pénible. Il est toujours en train de traverser le village pour se rendre dans son domicile quand il se souvient de quelque chose. C’est alors qu’il décide de prendre par la maison d’un ami à lui avant de continuer son chemin pour la maison. Sur la route qui mène chez son ami, il parle tout seul :
- Trouver de l’emploi dans cette contrée n’est pas du tout chose aisé, mais malgré cela, j’ai la ferme conviction que les choses vont changer. Elles ne vont pas toujours demeurer telles qu’elles sont.
Il arrive enfant devant la maison de son ami qu’il voulait voir. Il attend à quelques distances de la porte d’entrée du portail de la maison et crie son nom :
- Papa délégué !
Personne ne répond à son appel. Il toque cette fois-ci sur la porte du portail en disant :
- Il y a quelqu’un par ici ?
Il ouvre la porte de lui-même et rentre dans la cour de la maison et tombe sur la cour de la maison de son ami. Un sourire se dessine sur son visage et il dit en se dirigeant vers sa chambre :
- Ah ! Tontinier !
Personne ne lui répond toujours. Il commence par se faire des doutes et se demande sur le champ :
- Serait-il encore sorti ce monsieur-là ? Tontinier ? Dah Anagonou ? Ah, dit-il à la vue de son ami. Hôhô !
- Ah Gangnon ! C’était toi ?
- Oh bien sûr que oui Dah Anagonou.
- Mon très cher ami Gangnon, dit Dah Anagonou tout souriant.
Comment tu vas pour moi ? Ça va ?
- Je me porte comme un charme. Et toi de même ? Comment tu te portes pour moi ? Demande en retour Dah Anagonou en prenant son ami Gangnon dans ses bras avec sourire.
- Ça va ça va.
- Ah mon cher ami ! Tu as encore fait un tour pour venir me voir !
- Ah bien sûr que oui ! Il y a vraiment de quoi te rendre visite mon cher Dah Anagonou. Je venais du champ et sur le chemin de la maison, je me suis rappelé de toi. C’est donc ainsi que je me suis dit qu’il fallait pendre par ta maison pour donner ma part de la tontine avant de rentrer chez moi à la maison.
- Oh ça c’est vraiment bien réfléchi de ta part mon cher Gangnon, dit le tontinier. Bien ! Attends-moi. Je viens, je viens, dit Dah Anagonou à son ami puis il se rend ensuite dans sa chambre.
Ok d’accord. Mon grand ami Dah Anagonou !
- Mon cher Gangnon ! Qu’as-tu à m’appeler autant ? Hahahaha !
- Oh laisse seulement Dah Anagonou.
- Hahahaha ! Ecoute Gangnon, dit Dah Anagonou en ressortant de la chambre avec un carnet en main. Si je n’avais rien que des clients comme toi, je ne vais jamais me plaindre de ne pas avoir d’argent hein, fait savoir Dah Anagonou à Gangnon en notant sa mise.
- Hahahaha ! Rigole Gangnon en fixant le carnet de notation. Si tu le dis. Marque ma mise.
.- Mais reconnaissons que la gestion d’argent n’est pas chose facile hein !
- En tout car, là ça fait déjà quatre mise payée de ma part Dah Anagonou. Tu ajoutes celle que je veux payer maintenant.
- Voilà, acquiesce Dah Anagonou.
- Et ça fait cinq mises payées.
- Cinq mises bien comptées. Je confirme. Je vais donc profiter pour te rappeler qu’il reste cinq mises et la tontine va prendre fin, souligne Dah Anagonou en prenant l’argent des mains de son ami Gangnon.
- Mais il y a une chose que je voudrais te dire, souligne Gangnon.
- De quoi s’agit-il donc mon grand ami ?
- Ne permets que personne soit au courant.
- Tu peux être tranquille mon cher. Sois relax. Je ferai ce que tu me diras de faire. Personne ne sera mis au parfum de ta participation à ma tontine. Tu peux me faire confiance, rassure Dah Anagonou.
- Pourquoi je le dis ? Je le dis parce que nous ne savons pas qui nous veut du bien ou du mal. Si je suis en train de prendre part à une tontine chez ou part, personne ne le sait. Et je voudrais plus que quiconque le sache.
- Tu dois savoir que toi et moi, c’est différent. La complicité qu’il y a entre nous les deux ne me permet pas de dévoiler un secret de cette envergure Gangnon. Comment pourrais-je donc le raconter à quelqu’un ? Rien ne se passera. Tu as ma parole mon cher ami. Conclu.
- Surtout, que ma femme ne soit pas informée de cela. Par-dessus tout, elle ne devrait rien apprendre de ma participation à une quelconque tontine.
- Je te comprends parfaitement, puisque la bouche des femmes, c’est comme la radio. Quand elles entendent quelques choses avec leurs oreilles, tant qu’elles n’ont pas encore diffusé cela, elles n’ont pas la paix du cœur. Je te comprends tout à faire mon cher ami.
- Ok d’accord. Je te fais confiance sur ce coup donc. Maintenant, il faut que je file rejoindre la maison…