À la fontaine Wallace Il était minuit ; on sortait du Gymnase ; on en était même sorti ; les derniers spectateurs couraient après les dernières voitures qui se faisaient à chaque instant plus rares. Je m’étais arrêté sur le trottoir opposé au théâtre et regardais le mouvement de départ de la foule. À quelque distance de moi, presque en face d’un café où je crois qu’on ne vend que du chocolat, s’élevait une fontaine Wallace, solitaire comme un bois de Millevoye. Sa naïade chantait dans l’ombre une chanson cristalline, et moins heureuse que la sirène, n’attirait pas les voyageurs attardés. Tout à coup je vis une jeune femme s’avancer vers le joujou de bronze, monter sur le marchepied qui l’entoure, et tendre gracieusement une coupe de fer-blanc au flot limpide. Je la rejoignis lentement,