CHAPITRE III
J’arrive à Athènes« Et l’arithmétique ? demandait Amyntas le lendemain ; ton grand-père te l’enseigna-t-il aussi telle que tu me l’as montrée ?…
– Sans doute, répliqua le pédagogue. Les méthodes qui nous viennent des anciens sont les meilleures, crois-le bien, Amyntas, et nous ne saurions les faire progresser en les changeant. Ainsi que vous, je débutai en comptant sur mes doigts, puis j’appris à me servir de cailloux que je ramassais sur la grève et je commençai à répéter à haute voix : “Un et un font deux. Deux et deux font quatre. Trois et trois font six, etc. ” Tant que j’étudiai sous mon aïeul, je ne me servis jamais de la table de Pythagore, avec laquelle je fis connaissance à Athènes seulement. Mais je reçus de Nicias, au sixième anniversaire de ma naissance, une abaque semblable à celle que vous connaissez bien, enfants, et que tu égares trop souvent, Perdiccas !… La mienne était une simple planchette de bois blanc sur laquelle les divisions séparant les divers ordres d’unités étaient tracées en couleur rouge, plaisante à l’œil et facile à distinguer, même pour la vue affaiblie du vieillard : de petits jetons formés de la mère de la perle me servaient à figurer telle ou telle valeur, selon la place qu’ils occupaient ; j’avais, comme presque tous mes compatriotes de l’Attique, le goût le plus vif pour le calcul, et c’était de toutes mes leçons celle que je préférais. Point n’était besoin que grand-père s’inspirât, pour me l’enseigner, des subterfuges recommandés par le divin Platon dans sa République :
On n’aurait, dit-il, pour rendre cet enseignement moins aride, qu’à s’inspirer des calculs qu’inventent eux-mêmes les enfants, et qui consistent, soit à partager également tantôt entre plus, tantôt entre moins de leurs camarades, un certain nombre de pommes ou de couronnes, soit à s’attribuer successivement par la voie du sort, dans leurs exercices de lutte ou de pugilat, les rôles de lutteur pair ou impair ; soit à mêler ensemble en se jouant les phiales d’or, d’argent, de bronze ou de quelque autre matière, puis à les répartir comme il vient d’être dit…
– Ce que tu disais d’abord, interrompit Perdiccas, me paraît un excellent système, et je veux bien, moi, apprendre l’arithmétique par le pugilat !…
– Patience !… patience !… répondit le pédagogue, tu apprendras toutes ces choses en temps et lieu, ne crains point !… Mais tu m’as interrogé trop tôt sur l’arithmétique, Amyntas, avant de l’aborder, j’avais commencé les éléments de l’écriture ; Platon, dans sa République, assigne le terme de trois ans pour savoir lire, écrire et compter. Dès ma sixième année, mon grand-père avait guidé ma main malhabile sur la tablette de cire ; armés d’un roseau taillé, mes doigts rebelles cherchaient à suivre les contours légèrement tracés par le vieillard ; c’est là ce qui me donna le plus de peine. Souvent, de dépit, je brisais le roseau, je jetais loin de moi les tablettes… mais le visage attristé du bon aïeul me faisait honte de ma violence et, tout penaud, je reprenais mes outils, m’efforçant de mieux faire cette fois…
– Alors, dit Perdiccas très amusé, tu étais indocile aussi, toi, pédagogue ?
– Crois-tu donc que je sois né tel que tu me vois, avec cette barbe et ce bâton ?… Non, Perdiccas, j’étais alors un enfant libre comme toi, avec les défauts de l’enfance, et ce n’est pas sans de nombreuses corrections que je m’en suis guéri.
– N’y pense plus, dit avec douceur Amyntas. Retrace-nous plutôt les jours heureux que tu passas sous le toit paternel… Qui sait ? Peut-être reviendront-ils un jour !…
– Tu as raison, cher enfant ! l’espérance resta seule au fond de la boîte de Pandore, quand tout le reste s’en échappa… Et chez moi, pauvre captif, exilé que je suis, elle survit… Elle survit malgré tout !… Je ne veux pas désespérer de revoir les nobles plaines de l’Attique, sa mer et son ciel d’azur, de respirer une fois encore cet air léger et sain, qui prête aux plus communs objets une beauté presque surnaturelle… Doux pays !… ton souvenir me soutient, au milieu des tristesses de la décadence physique et de l’exil… »
Un instant le précepteur s’absorba dans ses douloureuses réflexions. Perdiccas lui-même, touché de sa mélancolie, se taisait ; mais bientôt relevant la tête, Proas reprit :
Notre famille s’était augmentée, au cours des dix années que je passai à me préparer à l’école. Deux jeunes frères jumeaux, une petite sœur nous étaient nés. Phédime, absorbée par les soins de ses jeunes enfants, voyait avec plus de résignation approcher le moment où il faudrait se séparer de moi. Pour ma part, j’attendais non sans une joyeuse impatience le temps de m’envoler hors du nid familial. Il me semblait que je serais déjà presque un éphèbe du jour où je me trouverais lancé seul dans la grande ville !… Jamais encore je n’y étais entré. Qu’il me tardait de voir par mes yeux toutes les merveilles de l’art, tous les glorieux monuments que nos immortels ancêtres y ont accumulés ! Je ne me lassais point d’interroger mon grand-père sur ce que je verrais à Athènes. Et lui, infatigable, ne se lassait point de répondre à mes questions. Souvent, assis au bord de la mer, il me traçait de son bâton, sur le sable, le plan de la noble cité. Au centre, l’Acropole, forteresse sacrée à laquelle on accède par les Propylées. Là s’élève la colossale statue de Minerve aux yeux bleus, la déesse de la sagesse, dont l’égide protège la ville. Toutes les régions de l’Attique sont sous sa protection, mais on peut dire qu’elle a véritablement élu domicile dans la citadelle. Que de statues, que d’édifices, d’autels, de temples, lui sont consacrés !… Le Parthénon !… à ce nom seul je sentais mon cœur battre d’impatience, tant j’avais soif de contempler par mes yeux les miracles dus au génie de nos artistes, et que si souvent Hilarion m’avait décrits. Bien avant de les voir, je connaissais ces métopes impérissables, retraçant le combat des Centaures et des Lapithes. J’admirais les majestueux degrés du temple, où se déroulait, aux époques consacrées par l’usage, la gracieuse théorie des jeunes filles, couronnées de fleurs, apportant à la déesse les prémices de leurs riantes campagnes ; j’aspirais au moment où mes yeux seraient éblouis pour la première fois par la glorieuse image d’ivoire et d’or, où je sentirais se fixer sur moi l’œil étincelant de la fille de Zeus. Ô déesse au regard de saphir !… qu’il me tardait de pénétrer dans ton temple, et de sentir que moi aussi j’étais un de tes enfants privilégiés !…
Et l’Agora, où tant de bouches glorieuses s’étaient ouvertes pour laisser tomber les flots de l’immortelle éloquence !… Et la palestre, où plus tard, mes membres assouplis me gagneraient peut-être, à moi aussi, une couronne, où je sentirais se poser sur mon front ce rameau d’olivier plus précieux aux fils de la Grèce qu’un diadème de pierreries… Et le Lycée, les Portiques, réservés aux sages, et le peuple innombrable des statues, les hermès souriants, les Hercules déifies, les guerriers, les orateurs, tous ceux qui ont fait ma patrie si grande… Et encore la joie de me mêler à la foule, de vivre de son intense vie, moi le pauvre petit rat des champs, qui n’avais jamais, les dieux me pardonnent !… parlé à plus de huit ou neuf étrangers dans ma courte existence !…
Enfin mes dix ans sonnèrent. C’était l’époque où mes parents avaient résolu de se séparer de moi. Après bien des irrésolutions et des recherches, Nicias avait décidé de me placer chez Lysis, maître d’une école célèbre. Mais la plus grande difficulté était de savoir en quel lieu on m’installerait pour vivre, en dehors de l’école, que je devais fréquenter seulement aux heures de classe. Voulant être certain de la moralité et de la bienveillance de ceux qui me recevraient sous leur toit, mon père était resté longtemps indécis. Le grand-père se rendit avec lui à Athènes. Ils consultèrent leurs amis, s’informèrent avec soin, et enfin eurent le bonheur d’être adressés à une famille modeste, habitant presque à la porte de l’école de Lysis, où je serais reçu avec joie, où mon jeune cœur ne trouverait que soins maternels et bons exemples.
Cette famille se composait de deux personnes, une pauvre veuve, dont l’âge blanchissait les cheveux et courbait le front, et sa petite-fille, enfant de seize à dix-sept ans. Le fils de la veuve, Théarion, avait été un sculpteur de talent, sinon de génie. En mourant il avait laissé pour tout bien à sa fille une ou deux statues de marbre et quelques poteries. Dès l’enfance il l’avait exercée à manier le pinceau, et quand les deux pauvres femmes se trouvèrent seules et dénuées de tout, la petite Glycère résolut de soutenir sa grand-mère par son talent de peintre.
Encore trop inexpérimentée dans son art pour composer des tableaux, elle se voua à la peinture des statues, en commençant par celles que lui avait laissées son père. Vous savez, mes enfants, qu’il est rare, en mon pays, qu’on expose les statues dans la blancheur naturelle et uniforme du marbre et de la pierre. Quand le sculpteur leur a donné le dernier poli, quand il a ciselé leurs traits, caressé avec amour la forme de son enfant de marbre, il le confie au peintre, celui-ci commence par revêtir le marbre, dans toutes les parties qui représentent la chair, d’un enduit léger, à peine perceptible, une sorte d’épiderme qui suffit à infuser à la pierre insensible la chaleur et la douceur moite de la vie. Il avive la chevelure d’une teinte plus foncée, presque toujours un brun roux analogue à celui des boucles folles qui couvrent ton front, Amyntas, et qui, en contraste avec le ton uni de la peau, offre l’illusion de la vie. Tantôt il peint le manteau et la robe de couleurs éclatantes, tantôt, leur laissant la blancheur du lin, il se contente d’en relever le bord d’une fine broderie de couleur tendre, tracée d’avance au poinçon. Les prunelles reçoivent alors leur couleur, claire ou sombre, les lèvres sont animées d’une couche de carmin, les sourcils, les cils, soulignés d’un trait noir. Les ornements, colliers, bagues, diadème ou bandelettes, sont marqués d’or fin, et l’ouvrier ayant fixé sur la tête de la statue l’espèce d’auréole ou disque de métal, qui protégera son front contre les insultes des oiseaux (quand la statue doit être placée en plein air), l’œuvre est achevée. Il ne reste plus qu’à la mettre à sa place.
C’est à ce métier que se livrait la douce Glycère ; mais hélas ! combien peu il était rémunérateur, au milieu du grand nombre d’artistes qui lui faisaient concurrence, et qui, mieux protégés ou plus habiles, enlevaient presque toutes les commandes, ne lui permettant que les moins lucratives : statuettes funéraires, petits dieux domestiques et vases de terre cuite… Elles avaient grand-peine à vivre, les pauvres femmes, et la vieille Agariste accepta avec reconnaissance de me servir de mère pendant mon existence d’écolier. Elles me reçurent, en vérité, comme un sauveur, les chères créatures !…
Ce fut par un beau jour du commencement du printemps que nous partîmes dans la grande charrette à bœufs. Dès le soleil levant nous étions en route, le grand-père, Nicias et moi. Sur la porte de la maison, nous laissions Phédime en larmes, Cornétho, tenant dans ses bras ma jeune sœur, tandis que mes deux petits frères, accrochés à la tunique de ma mère, ne découvraient que leurs tendres visages, curieux de ce départ. Longtemps nous agitâmes de loin les rameaux verdoyants que nous avions cueillis pour nous protéger contre les rayons du soleil ; longtemps nous vîmes flotter les voiles des femmes, qu’elles agitaient en réponse…
Puis un tournant de la route nous cacha la demeure familiale. C’était fini ! J’étais parti pour être écolier, pour devenir un homme !… Le cœur un peu gros, mais joyeux pourtant, je commençai à regarder autour de moi. À mesure que nous nous rapprochions de la ville, les routes se couvraient de gens de la campagne empressés d’apporter les produits de leurs champs aux citadins. Chantant, riant, plaisantant entre eux, ils me donnèrent la première impression de ce qu’est la foule. Les uns poussaient devant eux des moutons, d’autres des pourceaux, des bœufs, des veaux ; on entendait des cris de volailles, des exclamations, des pleurs d’enfants. Moi, je regardais de tous mes yeux, penché au bord de la charrette, et tout à coup le grand-père m’appela :
« Vois, Proas !… C’est l’Acropole !… »
Là-bas le temple de marbre étincelait aux rayons du soleil matinal ; son divin profil se découpait sur le ciel bleu, et quelques petits nuages d’or semblaient caresser son faîte…
Je fixai avidement mes yeux sur le spectacle qui s’offrait à ma vue.
À l’est, s’élevait le mont Hymette, où les abeilles recueillent le miel le plus exquis. À ses pieds l’Ilyssus, roulant ses flots d’argent, venait ceindre les murailles d’une zone étincelante. Là je voyais s’élever les gymnases du Cynosarge et du Lycée. Au nord-ouest, je reconnus l’Académie… Un peu plus loin, cette colline du nom de Colonne, où Sophocle place la tragédie d’Œdipe. De là vient le Céphise, qui mêle ses eaux à celles de l’Ilyssus. Et mon grand-père, regardant la ville illustre, répétait tout bas cette phrase d’une comédie de Lysippe :
« Qui ne désire pas de voir Athènes est stupide ; qui la voit sans s’y plaire est plus stupide encore ; mais le comble de la stupidité est de la voir, de s’y plaire et de la quitter… »
« Le Pirée, Proas ! » dit soudain mon père.
Je vis le port, qui jadis contint plus de quatre cents galères à la fois ; mon père et mon aïeul me firent saluer un promontoire voisin, où se voyait une pierre carrée d’une austère simplicité, le tombeau de Thémistocle.
Nous entrions dans cette voie magnifique construite par ce même Thémistocle et dont la largeur permet de donner passage à deux chariots de front ; construite en énormes dalles de pierre, elle semble destinée à braver les siècles. Nous suivîmes la route qui va du Pirée à la ville, sur une longueur de quarante stades. En passant nous vîmes un cénotaphe… Mon grand-père me fit déchiffrer l’inscription qui y est tracée : la gloire d’Euripide a pour monument la Grèce entière.
Mais nous entrons dans la ville : de toutes parts, des temples, des statues, une foule bariolée, des maisons peintes en couleurs vives, le bruit, la gaieté, l’animation d’une puissante cité. Un chariot attelé de deux chevaux fringants, que guide un jeune élégant à la tunique flottante, force notre pesante charrette à lui céder le pas… Nous nous rangeons précipitamment et nous défonçons presque l’échoppe d’un barbier qui nous invective.
… J’admire un portique, déjà rempli d’une foule de jeunes gens qui écoutent professer un philosophe…
Nous longeons le côté droit du Pnyx : c’est là que le peuple tient ses assemblées les plus bruyantes ; nous passons devant l’Académie, devant le Portique royal, où parfois se réunit l’Aréopage. Partout s’élèvent les statues des dieux et des héros.
Nous suivons alors une des deux rues qui aboutissent au Portique royal, elle est décorée presque en entier de deux rangées d’Hermès, gaines de marbre surmontées par une tête de Mercure, et consacrées, soit par l’ordre des gouvernants, soit par la piété des citoyens à commémorer quelque fait glorieux. Beaucoup sont dus à Hipparque, fils de Pisistrate. Il y fit graver des préceptes de morale tels que ceux-ci : Prenez toujours la justice pour guide. Ne v****z jamais les lois de l’amitié. Respectez la faiblesse. Protégez les malheureux.
Après avoir longé plusieurs rues, des places ombragées de superbes platanes, nous arrivons à une ruelle plus modeste et bordée d’humbles maisons crépies à la chaux.
C’est là que demeure la vieille Agariste avec Glycère, sa petite-fille.
Au bruit des roues de la charrette, grinçant sur le pavé inégal, les deux femmes accourent. Elles tombent aux pieds de mon père et de mon aïeul, elles b*****t leurs mains, les remerciant d’un choix qui les honore ; elles me souhaitent la bienvenue dans leur humble demeure.
On décharge les provisions que nous apportons : une grande jarre d’huile d’olive, deux mesures de froment, une outre de vin doux, un jambon fumé, des fruits, des gâteaux préparés par ma mère…
La veuve et la jeune fille se réjouissent. Elles nous conduisent à la petite chambre que je dois occuper. Elles nous indiquent le chemin de l’école de Lysis.
Nous nous y rendons sans plus tarder. Je suis présenté à mon futur maître. Je tremble en voyant son front sévère, ses rudes sourcils noirs, sa grosse barbe, en entendant sa voix profonde… Pour un peu je demanderais à repartir… Mais je reprends courage en voyant arriver la troupe de mes futurs condisciples, les uns tout seuls, les autres suivis du pédagogue chargé de leur attirail scolaire… J’échange avec eux quelques sourires, et le dirai-je… une ou deux grimaces…
Nous prenons congé du maître, nous entrons chez la veuve, où un modeste repas nous attend ; puis, nous visitons la ville, et enfin, quand le soleil va se coucher, l’aïeul et le père me bénissent une dernière fois et nous nous séparons…
Mon cœur se serra lorsque je vis s’éloigner la lourde charrette qui emportait loin de moi ceux que j’aimais tant !… Incapable de me maîtriser, je courus après eux, je les suppliai de s’arrêter, de m’embrasser une dernière fois… Je baisai aussi le front étoilé de blanc des grands bœufs, qui me devenaient chers comme des frères, maintenant qu’il fallait les quitter… puis, le cœur gros de soupirs, je revins à la petite maison, où m’attendaient les deux pauvres femmes.
Combien elle me parut étroite, comparée à la spacieuse demeure paternelle, agrandie encore par ses larges cours, les champs qui l’entouraient, son vaste horizon, les beaux arbres qui l’ombrageaient…
… Ici tout était petit, chétif, mesquin. La maison, comme beaucoup d’autres à Athènes, n’avait qu’un seul étage. La terrasse, formant toit, faisait une s*****e sur les murs. Un étroit portique menait à la porte, ornée d’une charmante figurine de Mercure en marbre peint, œuvre du défunt Théarion, et qu’on place en ce lieu pour écarter les voleurs ; un chien, dit-on, remplit beaucoup mieux cet office…, puis, le minuscule autel d’Apollon sur lequel le père de famille offre les sacrifices domestiques.
Cette allée, se prolongeant, aboutissait à l’appartement des femmes, composé de deux humbles pièces au fond d’une cour ; à droite et à gauche en entrant, se trouvaient l’atelier de Glycère et la chambre qui m’était destinée… Tout cela était modeste, mais propre.
Il avait été décidé que j’entrerais le lendemain chez Lysis. En attendant, fatigué de toutes mes émotions et de toutes les choses nouvelles que j’avais vues ce jour-là, je tombais de sommeil.
Agariste en fit la remarque et me conduisit à ma chambrette. Je m’allongeai sur l’étroite couche et bientôt je m’endormis profondément. Ce ne fut pas, je l’avoue, sans avoir arrosé mon oreiller de quelques larmes, en ce premier soir de ma vie, passé sous un toit étranger !