CHAPITRE XIX Un sauvetageMa condition devenait de jour en jour intolérable. J’avais perdu le sommeil, l’appétit, le goût du jeu et de l’étude. Peu à peu, même la douce compagnie de mes amis m’était devenue à charge. J’étais pour eux une cause incessante de peine, et toute leur fidélité ne pouvait me soustraire à la mienne. On dit que l’amitié vraie aide le malheureux à porter son fardeau. C’est une belle image, mais ce n’est qu’une image ; certes, la foi inébranlable qu’ils eurent en moi était un bienfait sans prix : elle est restée un des meilleurs souvenirs de ma vie ; mais l’injuste opprobre qui pesait sur moi n’en demeurait pas moins plein et entier ; parfois même je me disais qu’il en rejaillissait quelque chose sur eux, et ma misère augmentait. Mon humeur commençait à s’altérer ; je