CHAPITRE XVI La petite NéèreMon ami Théagène, si fort, si courageux, et qu’on aurait pu croire parfois un peu brusque, était cependant d’une douceur charmante avec les enfants. Mes petits frères raffolaient de lui, ils étaient toujours suspendus à sa tunique, l’appelant dans tous leurs jeux, le mettant de moitié dans tous leurs projets. Constamment ils lui demandaient secours, tantôt pour leur fabriquer des pipeaux avec des roseaux percés, tantôt pour leur construire une maisonnette de branchages, réparer un ballon ou un cerceau ; ils n’étaient heureux qu’auprès de lui. Mais ce qui lui gagna, plus que tout, les bonnes grâces de ma mère, ce fut sa bonté envers la toute petite Néère, à peine âgée de trois ans et qu’il s’entendait mieux que personne à amuser. Elle était fort nonchalante et a