LXII– Depuis que je suis aimée de toi, dit Hélène, les paroles que j’entends, celles que je suis forcée de prononcer, me fatiguent et m’attristent ; tout ce que l’on usurpe de ma vie et de moi, un regard, une parole, un moment d’attention, on m’empêche de te le donner, et c’est le meilleur de mon bonheur que l’on me prend. En le donnant toute ma vie, je ne crois pas te donner encore assez. Si tu savais comme je suis heureuse, Maurice, si tu savais combien est belle cette vie, dont je passe les nuits à te voir et les jours à t’attendre ! Une seule chose empoisonne mon bonheur, c’est l’état d’avilissement où le sort m’a montrée à toi, c’est le malheur de n’avoir pu te donner, comme je te donne mon premier et mon seul amour, mes premières et mes seules caresses ; jamais ma honte ne m’avait