VBerthe avait alors trente-deux ans à peu près. Élancée, svelte, les cheveux séparés en deux épais bandeaux, pâle, les mains fluettes et toujours vêtue d’une robe toute unie et de couleur sombre, elle avait dans sa taille souple, dans sa démarche lente et fière, quelque chose de particulier qui faisait penser à ces reines en exil dont les grandes figures traversent l’histoire. Les paysans la saluaient du plus loin qu’ils la voyaient. Les vieilles bonnes femmes du village étaient convaincues que ce n’était pas là l’enfant terrible qu’elles avaient connue errant autrefois dans la campagne, hardie, bruyante et capable de tenir tête, le cas échéant, aux garçons les plus tapageurs de l’endroit. On l’appelait dans le pays la dame de la Marelle : Les jours de fête, quand elle passait sur le mail,