Ivre

587 Words
Après ce jour, je n'avais plus jamais revu Louis. Comme un fantôme hantant une maison vide, il troublait mes pensées, mais ne se faisait plus détecter dans la vie réelle. Peut-être, ne voulait-il plus rien à voir avec moi. Sûrement, avait-il peur de devenir mon seul soutien, maintenant que je n'avais plus ma famille pour m'accompagner. Pourtant, s'il y a bien une chose que j'ai apprise, c'est que la haine fait en sorte que les hommes se cachent derrière un voile. Un tissu fin, mais qui cependant couvre leurs réelles identités afin qu'ils puissent librement propager leurs méchancetés. Lorsque ce voile tombe, les hommes courent, chercher de l'aide, chez le mensonge, essayant à tout prix de ne pas être jugés coupables de leurs propres mots. Or, l'amour, lui, donne le courage aux nations de servir le plus faible avec honneur. Ainsi, Louis jamais ne m'avait aimé. Cela veut-il toutefois dire qu'il me haïssait ? Comment qualifierait-on une personne qui nous voit comme un sujet de plaisir. Une âme n'étant pas prête à s'engager avec nous, mais désirant avoir les trésors que Dieu réserve pour un individu bien spécial pour nous ? Ces personnes qui nous dénigrent lorsque nous essayons de faire les choses bien et aussi, et de toute façon, lorsque nous les faisons mal. J'avais d'ailleurs découvert plus tard, en essayant de contacter Louis, qu'il m'avait bloqué. Pendant ces nuits où mon cœur vaguait sur les courants de la solitude, ces journées où je rêvais d'une réalité qui m'était familière. Oui, je désirais tant juste un visage qui me réconcilierait au passé. Hélas, Louis avait avancé et était déjà bien loin de moi. Quelque part où il ne voulait pas m'emmener. J'étais même retournée plusieurs fois vers la rivière. Avec espoir d'entendre plus que l'eau coulant sur elle-même. Avec espoir d'entendre sa voix émaner de nulle part. Ce n'était jamais arrivé. Jamais. J'avais mal. Mal de penser que lui et d'autres personnes avec qui j'avais passé tant d'années ne s'étaient même pas battu pour me retrouver. Et faisaient même d'ailleurs tout pour m'éviter. Je vivais dans l'ivresse. L'ivresse d'un cœur brise, l'ivresse d'une histoire inachevée. Bien que d'autres personnes avaient été touchées par mon histoire et mon vécu, je désirais aussi avoir la compassion de ceux que j'aimais. Quoi qu'il en soit, je n'avais pas d'autres choix que de rester à l'église, car c'étaient ces personnes inconnues à moi, mais pas à Dieu, qui m'avaient ouverts leurs portes. Les seuls d'ailleurs. J'y travaillais en échange de mon logement. Je nettoyais chaque jour les allées et les recoins bien cachés et vieux. Pendant des années, la situation fut la même. Le pasteur et moi avions eu des milliers de conversations et il insistait sur le fait que je devais pardonner. Pardonner ma famille et avancer. Même si je reconnaissais que c'était la chose à faire pour embrasser la paix, j'étais aussi étonnée de combien les gens prônent le pardon, te regardant comme un monstre, alors que ce n'est pas toujours facile à faire. Je ne parle pas du pasteur. Pas du mien. Mais plutôt de la réalité de manière générale. Quoi qu'il en soit, je me suis fait violence et j'ai cherché des moyens pour mon bien-être et aussi pour celui de tout le monde de pardonner. Je m'étais donc mise à leur écrire des lettres, auxquelles bien sûr, ils ne répondaient jamais. Un moment, j'avais même voulu aller les voir, seulement au fond de moi, je savais que ce n'était pas encore le moment pour ça.
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