Voici Donc

728 Words
Après innombrables hésitations, mon pied prit les devants et je me retrouvais sur la route, déterminée à franchir la porte de cette église. Pendant que je marchais, des souvenirs effleuraient mon cœur. Je pensais à Louis. Je pensais à ma famille. À mon histoire. Et surtout, me demandais qui j'étais. Je m'étais perdue dans une relation purement sexuelle. Qui n'avait rien fait d'autre que de me rendre dépendante d'une personne qui n'éprouvait pas un amour sincère envers moi. Comment cela était-il arrivé ? Comment est-ce que je m'étais négligée au point de pouvoir pleurer pour un homme offensant, alors que je n'avais pas su éprouver de la compassion pour ma propre âme ni une admiration pour l'amour de Dieu. J'avais aimé le mauvais, sans être capable d'aimer le juste. Le juste qui, pourtant, avait honorablement donné sa vie pour moi. J'arrivais devant le bâtiment de l'église et des larmes glissèrent sur ma face. Un mélange d'émotions m'étranglait. À ce moment, le visage de Louis se redessinait dans mon imagination et je réalisais. Je relisais que tous ces sourires qu'ils m'avaient offerts n'étaient pas dédiés à moi, mais plutôt à son propre reflet dans mes yeux. Impossible que j'ose le traiter de narcissique, si moi-même, j'avais été une haineuse. Haineuse, car je ne m'aimais pas. Comment insulterais-je donc celui qui ne pense qu'à lui, lorsque moi, je ne pensais pas du tout à moi ? Pas même à me nourrir correctement. Pendant tout ce temps, j'avais été ivre. Ivre, non pas d'amour. Parce que l'amour à la fin est un beau trésor. J'avais été ivre d'un poison qui m'avait enlevé la vie depuis bien longtemps et mon âme n'attendait que résurrection. Je marchais ainsi vers là-bas, étant complètement attiré. C'était inexplicable. J'entrais enfin dans cette église. Le pasteur prêchait face à moi alors que j'étais pointée à l'entrée, le fixant. J'étais restée ainsi, jusqu'à ce que finisse le sermon. Ensuite, cet homme s'était approché de moi. Tandis qu'il venait à moi, j'éclatais en sanglot. Il posa ensuite sa main sur mon épaule, et des illustrations de ma vie entière défilaient. Seulement, cette fois-ci, je n'étais plus triste pour la condition de ma famille ou encore l'amour démesuré que je ressentais pour Louis. Je remarquais une chose maintenant que je n'avais encore jamais remarquée avant. Dieu, oui, il avait toujours été là. De ma naissance à ce jour-là. Il avait été là lorsque ma mère m'insultait déjà dans le ventre. Lorsqu'elle me faisait ressentir sa haine, car je n'étais qu'une enfant conçue par erreur, comme elle le disait si bien. Toute mon enfance, elle m'avait rappelé combien ç'aurait été plus facile pour elle de m'enlever, mais, sa famille lui avait dit que non, ça ne ferait pas bonne réputation. Je venais donc au monde et personne autour de moi ne m'aimait. Ni les parents de ma mère ; qui considéraient que j'apportais la honte à leur famille. Ni les parents de mon père ; qui considéraient que ma mère mentait sur l'auteur de sa grossesse et ne voulait que ralentir leur fils sur son chemin vers la gloire. Mon père quant à lui ne venait jamais me voir. Il envoyait simplement de l'argent, enfin sa famille, afin que je survive. Ma mère trouvait un homme de quinze ans son aîné plus tard qui avait de l'argent et je pouvais voir que je n'étais rien pour lui. Tout ce qui l'intéressait était de coucher avec une jeune fille, et s'afficher à ses côtés. Ma mère m'avait emmené avec elle lorsque les deux se mariaient. Bien sûr, elle ne pouvait pas me laisser chez ses parents. Ils avaient refusé de toute façon. J'entendais d'ailleurs comment mes grand-parents parlaient de moi pendant les préparatifs du mariage. Ils s'excusaient de ma naissance. Aussi, disaient à cet homme que si jamais je l'embêtais, il pouvait faire ce qu'il voulait de moi. Tout ça, afin de manger un argent qui n'était pas les leurs. Je partais ainsi vivre avec eux, assistant à la naissance d'un nouveau départ pour ma mère. Oui, elle s'était empressée de retomber enceinte, dans le simple but de vite oublier son passé. Et moi, mon passé me collait à la peau. Mon passé était mon présent. Mais une chaleur me ramena à regarder le pasteur. C'est alors qu'il me dit, « bienvenu à la maison », et je sautais dans ses bras.
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