J'entendais les gens parler de moi. S'indigner du fait que malgré les agissements de Louis, je restais à ses côtés.
Mais le fait est que, je tenais pour simplement écouter, "je t'aime.", "je suis fière de toi."
Oui, vous direz, "tu n'as aucune dignité." "Aucun amour-propre."
Mais que voulez-vous ? Jamais étant gamine, je n'ai entendu mon père ou ma mère me dire que j'étais belle. Jamais je ne les ai entendus dire qu'ils m'aimaient. Au contraire, ils n'hésitaient pas à se prononcer lorsque je faisais quelque chose de mal.
J'étais contente d'avoir, pour une fois dans ma vie, quelqu'un qui me disait de gentils mots. Même si en vérité, je doutais de leurs véracités, les entendre m'apaisaient.
Mes parents s'étaient très vite épuisés de cette situation, de ma relation avec Louis et m'avaient donc chassé. Je me retrouvais ainsi à la rue, ne sachant pas où aller d'autre que frapper à la porte de Louis. Mais à peine arriver au portail, ses parents aussi m'avaient insulté.
Ils prétendaient que j'essayais de tourner leur fils en quelque chose qu'ils détestaient. Et pendant tout ce temps, l'homme que j'aimais se tenait à la fenêtre de sa chambre à l'étage.
Cette même chambre où je me réfugiais jadis, fouillant ma famille, ne m'ouvrait pas la porte maintenant que ma famille m'avait libérée.
Je marchais et ne savais pas où aller. Ainsi, j'étais retournée près de la rivière qui ne s’épuisait guère de m'accueillir et de recueillir mes larmes.
Louis était venu tard la nuit, il observait mes bagages puis me conseillait de retourner chez moi. De demander pardon à mes parents. Je pleurais en réponse, expliquant qu'ils étaient en colère.
Il me proposa donc de passer la nuit chez lui et de laisser mes affaires à la rivière. Cette nuit, j'avais oublié mes tourments dans les bras du péché.
Je consolais mon âme et essayais de corrompre mon esprit avec les plaisirs de la chair. Mais la réalité me rattrapa très vite.
Le matin, très tôt, Louis avait attendu que ses parents partent au travail pour me dire de m'en aller. Il avait aussi peur que l'on nous voit ensemble dans les environs. Par conséquent, j'avais fait le chemin seule.
Pour la première fois, je réalisais quelque chose, Louis ne m'avait jamais aidé et ne pouvait encore moins le faire là maintenant.
Ce trou noir dans lequel j'étais tombée se refermait. Oui, j'avais désormais l'impression que plus rien n'allait pouvoir me rattraper.
Néanmoins, c'est à cet instant qu'une lumière entra par un minime trou, m'obligeant à lever la face, à cesser de pleurer pour me concentrer sur ce qui se passait.
J'entendais une voix me dire, « où vas-tu et pourquoi pleures-tu ? »
Je tournais le visage, voyant une église à l'autre bout de la rue. Il faisait jour. Cependant, mes yeux avaient l'impression que ce bâtiment était le seul endroit qui brillait dans ce monde obscur.
Tout mon corps vibrait. Mes sens étaient en désaccord. D'un côté, je voulais y aller, lorsque de l'autre, je me sentais sale et aussi, en colère. En colère contre ces gens qui nous prêchent d'avoir espoir, mais sont les mêmes qui s'indignent lorsqu'on a des ambitions trop grandes à leurs yeux.