XV La dernière nuit Le temps qui s’écoula entre les révélations et le départ fut un temps de véritable bonheur. Je gardais toutes mes joies, y joignant les douces pensées nées de ma situation. On m’entourait de cette affection vraie qui regrette sans égoïsme ; et je ne rencontrais que des regards disant avec bonté : – Vous allez être heureuse. Il se fit en moi un changement notable. Je vis s’évanouir en quelques jours cette timidité un peu craintive qu’on m’avait souvent reprochée ; et je pris cette assurance posée qui permet de se dominer en toute circonstance. Je pense que le sentiment de ma position sociale y fut pour beaucoup ; désormais, je me sentais étayée par ces puissances qui se font partout respecter : un nom, une fortune. La famille de Saint-Elme, aussitôt que la vérité m’e