XIII Vingt ans Ce jour-là, en m’éveillant, je sentis peser sur moi tout un avenir indécis. Mme Sainte-Hélène m’avait dit la veille : « Vous viendrez me trouver demain soir, et nous causerons… n’ayez pas trop peur. » Bien que ce mot eût été prononcé presque en riant, j’éprouvais cette frayeur vague qui naît du mystère ; j’aurais voulu doubler les heures, afin de retarder cet entretien décisif que j’avais tant désiré. Ma disposition d’esprit était, je crois, ce qu’elle devait être, et je passai le jour de mes vingt ans à me recueillir, à rassembler, pour ainsi parler, mon âme, afin qu’aucune de ses puissances ne fût infidèle à cet acte complet de résignation qui m’était indiqué. Après le souper, je montai tremblante chez Mme Sainte-Hélène. En arrivant, je fus frappée de la sérénité de