XII La bonbonnière Les années s’écoulaient, j’étais grande ; Solanges avait quitté le couvent ; Marie-Aimée était aussi retournée dans sa famille, mais comme elle habitait Paris, elle venait souvent nous voir, et c’était une de mes meilleures joies. Je vivais paisible, à la condition de me soumettre, d’accepter cet avenir qui ne devait m’être révélé qu’à l’âge de vingt ans. J’avais fait de très grands efforts sur moi-même, et vraiment je ne connaissais ni le murmure, ni le découragement ; mais seulement une inquiétude vague, au fond de laquelle il y avait une entière résignation, et la volonté de faire de mon mieux ce que j’aurais à faire un jour. À mesure que le temps marchait, on songeait à mûrir mon esprit par de fortes lectures, et à me rendre ainsi capable de résister à la frivolit