ÉPISODE 06
Après le départ de Rolande, Hermès ne perd plus du temps pour se rendre à la cuisine pour préparer l'appât qui va amener Amen à s'intéresser à elle. Au cas où ce dernier va rentrer à la maison comme il est de ses habitudes, Rolande devra se préparer à quitter son foyer pour laisser Hermès et Amen mener tranquillement leur nouvelle vie de couple.
De l'autre côté, maman Hermès vient d'ouvrir les portes de son atelier pour se mettre au travail. Au même moment, sa meilleure amie, maman Amen se présente devant l'atelier et une discussion commence entre les deux femmes :
- Bonjour maman Hermès !
- Ah c'est toi ! Bonjour maman Amen. Comment va ton mari ?
- Il se porte bien. Il est à la maison avec les enfants.
- Quels enfants ?
- Nos petits-enfants. Les enfants de Amen.
- Oh je vois. C'est la période de l'école. Pourquoi ils sont avec vous ? Ou c'est déjà les congés ?
- Rien de tout ça. J'ai oublié de te le dire. Mais ta fille devrait t'en avoir parlé ! Elles sont en train de faire échec à nos plans, surtout la plus petite. Elle est très éclairée et tant qu'elle sera auprès de ses parents, Hermès ne pourra jamais réussir à envoûter Amen. Il fallait donc les éloigner de la maison pour permettre à ta fille de pouvoir atteindre facilement leur père ! C'est la raison pour laquelle elles sont venues passer quelques jours avec nous.
- Ton mari est au courant de tout ceci ?
- Il sait ce qu'il peut savoir. Le reste ne le regarde pas. Lorsque ta fille m'a informé de ce qu'elle a comme difficultés, j'ai aussitôt appelé le marabout pour savoir comment faire pour empêcher les enfants d'être un obstacle pour nous. Il m'a demandé de passer le voir et m'a remis une poudre que je devrais passer sur les yeux au moment d'aller au lit en appelant le nom des enfants. Ce qui aura pour effet de hanter leur sommeil et de contraindre Amen à les envoyer voir leurs grands-parents. C'est ce que j'ai fait et les enfants se sont retrouvés chez nous. J'avais demandé à mon mari de me laisser le choix de la fille qui va nous donner des garçons et il m'a fait confiance, mais il ne sait rien de mon passage chez le marabout. Ça c'est notre petit secret à nous trois.
- En tout cas tu as bien planifié les choses. Ce qui m'importe moi, c'est que tu réussisses à respecter notre accord, sinon je serai obligée de parler.
- Compte sur moi. Hermès va l'épouser dans peu de temps. Je mets toute la chance de mon côté d'ailleurs pour qu'ils se marient.
- Très bien. Je te fais confiance dans ce cas donc.
- Tu as fini de coudre mon pagne j'espère ?
- Oui mais je n'ai pas encore terminé avec la broderie. D'ici demain tu pourras prendre ça.
- Très bien. Je suis là pour passer ma journée avec toi alors je vais profiter pour apprendre un peu la couture !
Les deux femmes complices continuent leur causerie en riant aux éclats.
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Lorsque Rolande trouve un peu de temps, elle appelle directement son mari pour discuter avec lui :
- Allô chérie !
- Oui comment tu vas ?
- Bien mon amour ! C'est déjà la pause à ton niveau ?
- Pas du tout. Je voulais t'entendre. Aussi, je veux te dire que je n'ai pas arrêté de penser aux filles. Elles me manquent beaucoup. Je veux être proche d'elles. Tu ne penses pas qu'elles peuvent revenir à la maison comme ça ? Elles n'ont plus faire de cauchemars d'après ce que tu m'as dit l'autre fois, du coup, elles peuvent enfin rentrer pour continuer les cours.
- Tu as raison. Je réfléchissais même à comment négocier cela avec mes parents.
- Il n'y a rien à négocier là ! Ils savent pourquoi les enfants sont venus les voir je pense !
- Oui je sais. Tu n'es pas sans savoir qu'ils sont assez vieux maintenant et ils ont besoin d'avoir quelqu'un à leur côté ! De plus les enfants ne se plaignent pas du tout.
- Oui sauf que mes enfants ne sont pas partis là-bas pour ça. C'est ce que tu dois comprendre. J'ai besoin de les avoir avec moi. Tes parents se plaignent que je n'ai pas fait d'enfant garçon alors pourquoi ils vont vouloir les garder longtemps vu qu'elles se sentent bien maintenant ?
- Je te comprends, mais ne parle pas ainsi. Ce n'est pas comme si m'es parents détestent nos enfants. Ce n'est pas ça.
- Tant mieux. Désolée, mais je ne sais même pas si ta mère va bien s'occuper d'elles connaissant la personne qu'elle est devenue. De plus, ce n'est pas la période des congés ni des vacances. Elles doivent regagner les classes.
- Très bien ! Tu as raison, mais ce n'est pas la peine de prendre en adversité ma mère. Je te promets que dès ce week-end, elles vont rentrer. J'irai les chercher en personne et je vais profiter pour voir enfin mon père. Ça fait un moment qu'il désire que je passe le voir à la maison.
- Oui je sais ça déjà. Bon, je dois me rendre chez une dame d'un moment à l'autre pour l'aider à avoir un plan pour sa maison. Je ne vais donc rentrer que le soir. Ne m'attends donc pas pour manger à la pause au cas où tu rentres.
- D'accord c'est compris. Prends soin de toi et sois prudente sur la route.
- Merci de t'inquiéter pour moi. Allez, je t'embrasse.
- Je t'embrasse. À ce soir.
Lorsqu'elle finit de discuter avec son mari, elle se met en route pour se rendre à Tsévié dans la maison d'une cliente. À un moment de leur discussion, Rolande était obligée de monter le ton pour faire comprendre à son mari qu'elle a besoin de voir ses enfants auprès d'elle. Elle ne fait plus confiance à sa belle-mère et savoir que ses enfants sont sous son contrôle ne lui donne aucune assurance qu'elle va bien s'occuper d'eux.
Après quelques heures de conduite, elle arrive à Tsévié à l'adresse que lui avait indiquée la cliente. Elle est loin de savoir qui est cette personne et surtout, qui elle allait voir à cet endroit !
Elle appelle la dame en question pour lui signaler qu'elle est déjà là et lorsque cette dernière vient et l'amène à l'intérieur de la maison, elle tombe nez à nez avec sa belle-mère. Sa surprise sera encore plus grande lorsque plus tard, elle se rendra compte de la vraie identité de cette dame pour qui elle est venue travailler.
Elle salue poliment maman Amen qui, heureusement lui répond avec courtoisie :
- Oui bonjour ma fille ! Tu vas bien ?
- Ça va maman par la grâce de Dieu. Je ne m'attendais pas à vous rencontrer ici.
- Moi non plus.
Maman Hermès étonnée de les voir échanger avec cette familiarité lance :
- Vous deux là, vous devrez vous connaître sans doute. Vous semblez familières.
- Exactement. On se connaît, se contente de dire maman Amen pour écourter la discussion.
Avec l'arrivée de Rolande, maman Amen décide de rentrer à la maison parce qu'elle ne supporte pas la présence de cette dernière. Son amie s'étonne, mais Rolande comprend cette réaction de maman Amen qui s'est déjà levée :
- Mais tu as dit que tu allais passer toute la journée avec moi ! Il n'est que treize heures et demi et tu t'en vas déjà ?
- Oui. En fait je viens de me rappeler que je dois me rendre chez mon fils. Ça fait un moment qu'il a des problèmes dans son foyer et je me dois d'aller l'aider. Sa femme a des problèmes de conception de garçon et il faut que j'agisse pour qu'il ait son successeur.
- Ça c'est vrai. Tu es dans ton rôle de mère et dans ce cas, je te comprends. Il doit en souffrir même s'il ne l'exprime pas, de peur de blesser sa femme. Bien de choses à lui.
- Merci beaucoup pour tout. Si seulement sa soi-disant épouse pouvait comprendre ça. Bon, il faut que je file. Je passerai te voir une autre fois pour le retrait de ma tenue.
- D'accord. Porte-toi bien maman Amen.
Face à cette attaque de sa belle-mère, Rolande fait l'effort de ne pas dévoiler sa gêne. Elle ignore toute la conversation pour éviter qu'une bagarre ne s'éclate en ce moment ou que sa belle-mère ne lui foute plus de honte au visage. Elle garde donc son calme jusqu'à son départ…