V Apparition des dolomites 17 août 1917. Environ cinq ou six heures d’automobile aujourd’hui, pour aller, de la vieille petite ville aux lampes bleues que je quitte pour toujours, à la partie du front italien où l’on se bat dans la neige. C’est à travers un pays admirable de verdure, de forêts, de vergers, de moissons, d’eaux vives, mais qui n’est qu’un continuel chaos de montagnes abruptes et de précipices profonds. Une magnifique route, tout le temps bordée de bornes que relient des garde-fous en fer, permet d’aller avec la plus folle vitesse que l’on veut, sans perdre jamais l’illusion d’une glissade facile et douce. Toujours vite, vite, on se sent monter par des lacets, aux flancs de montagnes verticales. Ou bien on surplombe des vallées qui sont des gouffres inquiétants à sonder, e