VI La guerre fantastique 19 août. Aujourd’hui, montée aux Dolomites. Il a neigé cette nuit et il fait ce matin un froid qui vous saisit, après que l’on a quitté, depuis une vingtaine d’heures à peine, l’été brûlant des terres basses. Bien que de gros nuages demeurent encore dans les cités chimériques d’en haut, le fond de l’air est pur, et on y verra de loin. Nous commençons l’ascension en automobile et, quittant bientôt la route qui était pour les touristes d’antan, nous en prenons une toute neuve qui est aussi belle, une de ces routes militaires que les Italiens ont été obligés partout de tailler et de remblayer avant de commencer les batailles ; il est d’ailleurs invraisemblable que, sous le feu de l’ennemi, ils aient pu faire cela si vite et si bien ; par exemple, on n’a pas eu le