VI Petits ciseaux d’or et d’argent « Petits ciseaux d’or et d’argent, On vous appelle au bout du champ… » Ainsi commençait une série de courtes phrases, incohérentes mais rythmées, que tous les petits enfants de mon époque et de mon pays savaient par cœur. Cela se chantait très vite, sur une seule note, et cela servait à compter pour savoir qui y serait, avant de jouer à cache-cache, ou à l’oiseau perché, ou bien aux quatre coins. Dès ce temps-là, ces petits ciseaux d’or ou d’argent me faisaient toujours penser aux minuscules tiroirs des chiffonnières d’aïeules, où j’en avais vu, de ces vieux petits ciseaux, démodés, cassés quelquefois, mais conservés comme souvenirs, en compagnie de vieux dés, de vieux poinçons, de mille choses menues, ayant servi aux patientes broderies d’autrefois.