XILundi 8 avril. La trompette de réveil ne sonne pas ce matin dans notre camp : cela veut dire que nous sommes bloqués par la pluie ; que la rivière de Czar-el-Kébir (l’Oued Leucoutz) est, comme nous le craignions, infranchissable. On se lève donc plus tard que de coutume, ayant dormi sous une tente mouillée, au-dessus d’une prairie mouillée, entre des couvertures mouillées. Déjà on entend les tambourins et les musettes. Toute la matinée, des musiciens, des sorciers, des fous, rôdent autour de notre camp ; et aussi des pauvres et des pauvresses ramassant les vieilles pattes de poulet, les os de mouton, tous les débris de nos orgies, sur la terre détrempée de ce cimetière. Après déjeuner, dans une accalmie de pluie, nous montons à cheval pour aller voir le gué, l’impossible gué de la ri