CHAPITRE XIII Adalbert avait déjà passé dix-huit mois dans la maison roulante Le cher petit exilé de Valneige grandissait loin du toit paternel. L’habitude, en adoucissant ce que sa nouvelle existence avait de trop rude, lui rapportait une sorte de soulagement physique, mais son esprit et son cœur se révoltaient. Cependant, il ne perdait ni l’espoir, ni le courage, et n’oubliait pas que son père avait répété plusieurs fois devant lui que la seule chose qui rende un homme moins fort que le malheur, c’est le découragement. « Moi, pensait-il, je suis un homme comme papa, excepté l’âge et la taille ; il faut que j’aie du courage ! » Le cher enfant, au milieu de ces étrangers, vivait de ses souvenirs de famille, et son jugement, que l’infortune avait mûri, lui faisait mieux comprendre tout