Chapitre 2

2797 Words
Chapitre 2 Bocquin et Lerbier sifflèrent d’admiration non feinte. Charles Soufflot lui-même n’en revenait pas. C’est ému et tremblant qu’il remercia ses amis. Après ce genre de beau coup, il faut éviter la déconcentration. La peur de rater le suivant vous envahit l’estomac, commence à vous serrer la gorge, et la gamberge entre en action. Quel club choisir, quand on se retrouve à moins de deux cents mètres du trou sur un parcours roulant ? Quelle stratégie adopter ? Prendre un bois 5 ou 7, un fer ? Taper un bois 5, c’est se payer le hors limites derrière le green avec ces infâmes piquets blancs en sentinelles. Il décida de jouer un fer 6. Ce fut d’abord à Lerbier de se sortir du rough. Un arbre le gênait. Sans prendre de risques, il recentra sa balle sur le fairway. Bocquin se trouvait à droite à environ quatre-vingts mètres de l’assureur. Les deux pieds dans le bunker, l’écrivain des Chouans dessinait, dans le vide, moult gestes à l’aide de son club pour attaquer du meilleur angle possible la balle pluggée dans le sable. Une règle essentielle est que la tête de club ne doit jamais toucher ni même effleurer ledit sable avant le coup réel, sous peine d’un point de pénalité. Par conséquent, la tenue du club se fait en suspension. Après la pénalité de l’air shot, Bocquin se promit de faire attention à ne pas toucher le moindre grain de sable. Il jeta un œil sur ses équipiers. Lerbier, loin là-bas, tirait son chariot du rough et Soufflot n’avait d’yeux que pour sa magnifique balle qu’il distinguait à une centaine de mètres de là, pressé d’aller en découdre. Bocquin posa donc sa tête de club sur le sable juste derrière la balle et tenta même de la désensabler d’un mouvement subtil du poignet sur le manche. — Alors tu joues ? lança Lerbier. — Une seconde ! rétorqua l’écrivain. Il frappa. Il expulsa un seau de sable hors du bunker sous forme d’une comète à la tête de laquelle se trouvait la balle. Elle roula sur une dizaine de mètres. — C’est encore à toi de jouer, se plaignit Soufflot. p****n je vais être froid pour taper mon deuxième coup. — Oh ça va ! — C’est ton quatrième coup que tu vas jouer ! — Je sais encore compter, maugréa Bocquin. Il frappa un fer qui l’emmena dans un autre bunker à cinquante mètres devant le green. — Merde ! C’est ma journée. — Tu aurais pu rester sur une plage à Rothéneuf, ça t’aurait évité le déplacement. — Ta gueule Soufflot ! Va vendre tes bagnoles ! — C’est sûrement une embuscade des Chouans ! Ils sont planqués dans les bunkers. Bocquin tira la tronche, ne répondit pas et glissa la bretelle de son sac sur son épaule droite. Lerbier joua son troisième coup et la balle atterrit dans le bunker où gisait déjà celle de Bocquin. — Eh ben dis donc ! lança Soufflot. C’est le club Mickey ! Enfin il parvint derrière sa balle. Il regarda le drapeau. Oui, le fer 6 devrait être le bon choix. Soufflot, malgré sa corpulence, manquait de puissance. Un bon joueur aurait choisi le 8 ou le 9. Clubs avec une tête plus ouverte. Ses deux partenaires devinaient un trouble, un manque d’assurance. La pression. Une partie de golf se joue au mental. Soufflot expédia son deuxième coup en bordure de green à quatre mètres du drapeau. Une balle roulée, chanceuse, qui évita de justesse le bunker du club Mickey en tressautant sur les lèvres du trou de sable. — Eh bien, soupira Lerbier, où est madame Soufflot en ce moment ? — Madame Soufflot t’emmerde ! balança le roi de la prime à la casse. Les trois hommes se mirent en marche en direction du green. Déjà la partie suivante tirait ses projectiles dans leur dos. — Il faut qu’on accélère, déclara Lerbier, ils fondent sur nous. Va terminer ta balle, Charles, pendant qu’on sort du bunker. Soufflot se précipita vers le tapis vert rasé de frais à trois millimètres pendant que ses deux amis plongeaient dans le bac à sable. — Je suis hors du green, cria-t-il en leur direction, les mains en porte-voix, j’ai droit au drapeau. Une balle jouée hors du green peut venir sans pénalité heurter la hampe du drapeau et pénétrer dans le trou. Alors que le drapeau doit être impérativement enlevé de son support lorsque la balle est jouée sur le green. Soufflot se retourna et vit ses deux collègues dans le trou de sable, à une cinquantaine de mètres de là, dans une discussion qui semblait animée. — Eh les mecs ! ? Je vous préviens, je joue ! — Puisqu’on t’a dit oui ! Vas-y ! — Vous pourriez regarder… Des fois que je la mettrais dedans ! — Mais vas-y ! Au pire tu es en deux dans le trou, c’est le birdie3 assuré ! cria Lerbier. Cette phrase fit trembler Soufflot. p****n, on voit bien qu’il est dans les assurances, ce con, songea Soufflot. En golf, rien n’est assuré. On avait vu des golfeurs ajuster plusieurs putts en tournant autour du trou avant que la balle ne chût dans celui-ci. Trop long, trop court, à gauche, à droite et surtout la pente. Calculer la pente d’un green relevait de la magie noire. Un peu comme si tous les sortilèges du monde avaient choisi de contrecarrer votre sens aigu de la géométrie dans l’espace et votre talent à calculer la vitesse du vent. À cela il fallait ajouter le coefficient de frottement de la balle sur le green selon qu’il soit sec ou mouillé, tondu ou non. Et on obtenait des choses surprenantes, des balles qui dépassaient allègrement le trou en couvrant une distance trois fois supérieure à celle où vous vous trouviez ultérieurement par rapport au satané trou. La phrase la plus courante du golfeur désemparé, à cet instant, étant celle-ci : « Arrête-toi ! » Allez parler à une balle, vous ! Soufflot ôta son gant, le fourra dans une des poches de sa parka en Gore-Tex. Les paumes moites, il positionna ses doigts sur le grip du putter. Il mima le geste de frapper au moins une dizaine de fois puis regarda le drapeau. Il revint en arrière de la balle, s’accroupit. Est-ce qu’il y avait une pente oui ou non ? Il décela une légère montée avec un dévers supposé vers la gauche. Supposé ? La balle reposait dans une herbe de pré green, il s’avérait plus sage d’utiliser le putter. Sa décision fut prise, il frapperait assez fort en visant le bord droit du trou. Avec le dévers la balle irait mourir au pied de la hampe du drapeau. Une autre balle lui arriva sur les talons, celle de Stéphane Bocquin qui venait de s’extraire du bac à sable. — Merde ! Fais attention ! tempêta Soufflot. En plus tu me déconcentres. — Dépêche-toi de jouer, aussi, cria Bocquin, en train d’essuyer son club des résidus de sable, près du bunker. L’équipe qui nous suit arrive. Soufflot s’aligna et, pressé, balança sa tête de club au beau milieu de la petite balle blanche. Celle-ci, sans aucune hésitation, alla se nicher quatre mètres plus loin au fond du trou. Charles Soufflot, figé telle une statue, incrédule face à l’engloutissement de sa balle dans la bouche du green, tourna la tête vers ses amis qui passaient le râteau sur le sable du bunker. — Vous avez vu ? demanda-t-il suffisamment fort pour qu’ils l’entendent. — Ouais on a vu, bravo Charles ! cria Lerbier. — Ouais, super trou, bravo à toi, reprit Bocquin. C’est alors que Charles Soufflot lança son putter en l’air et se mit à crier en levant les bras au ciel : « EAGLE, EAGLE !4 » Puis, pris d’une frénésie somme toute naturelle, il se mit à danser sur place comme un Indien qui implore le grand manitou afin que la pluie tombe… Ou l’inverse. « Le premier eagle de ma vie en compétition ! » cria-t-il. Effectivement, une fois à l’entraînement, il réalisa sur un par 3 un coup en un. Souvent ce genre de coup est attribué à la chance. Sur un par 5, c’est différent, il faut bien maîtriser les trois coups, là si le deuxième fut chanceux, le drive de départ et le putt à l’arrivée ne devaient rien à personne. Soufflot alla ramasser sa balle. Il plongea la main dans le trou et poussa un hurlement. De dégoût. « Aarrrgh ! ». Il relâcha sur le green la balle et le gros ver gluant qui lui collait dessus. En se penchant au plus près, les yeux rivés sur le ver, il se mit à pâlir. — Qu’est-ce qu’il y a Charles ? Ça ne va pas ? lança à une trentaine de mètres de là Jacques Lerbier qui s’approchait du green en tirant son chariot. Il est des décisions que l’on peut remettre au lendemain. Pas celle-là. Soufflot pensa que tout se jouerait en une poignée de secondes. J’ai fait un eagle, merde ! Il se courba à nouveau, ramassa sa balle, attrapa le gros ver gluant et se dirigea vers le fond du green, le dos tourné à ses partenaires. — Si si, ça va, grommela-t-il, finissez votre trou. Les neurones de Charles Soufflot, soumis à rude épreuve, lui confirmèrent qu’on ne fait pas un eagle tous les jours et que ce n’était pas à cause d’un malheureux doigt coupé, abandonné dans le trou numéro 1 par on ne sait quel individu qui à cette occasion se montrait d’une négligence coupable, qu’il fallait jouer les secouristes et les redresseurs de tort. Merde ! J’ai fait un eagle, point barre ! Qu’est-­ce que je risque ? Affreux dilemme. Si je parle, tout le personnel du golf et même les gendarmes vont se pointer ! Et mon eagle ? Annulé ! Voilà ce que je risque ! Ma partie ? Annulée ! La compétition ? Annulée ! Je suis à moins deux au premier trou, si je joue correctement, je baisse mon handicap et je passe sous les vingt. Une chance inespérée ! Non, il faut continuer. Se taire. Le dernier neurone en service l’interpella : il faudrait peut-être se poser la question, Charles. Que fait ce doigt dans le trou numéro 1 ? « On verra plus tard » marmonna Soufflot entre ses dents. — Qu’est-ce que tu dis ? lui lança Bocquin qui s’apprêtait à putter. — Rien rien. Bocquin esquissa une mimique interrogative vers Lerbier. L’assureur lui rendit la pareille. Comme quoi, un eagle, ça déstabilise un homme, pensèrent-ils à l’unisson. Le dos toujours tourné à ses amis, Soufflot se saisit de la petite serviette éponge publicitaire accrochée à son sac et nettoya consciencieusement le sabot de son putter. En pleine expectative, son geste s’avérait machinal. Un doigt humain, ça ne se jette pas ! Ça s’enterre ! Ou ça s’incinère ! Est-­ce qu’il y avait un truc de religion là-­dedans ? m******n ? Il fallait alors orienter le doigt vers La Mecque. Hindouiste ? Le brûler ! Catholique ? Le pointer vers le Vatican ! Juif ? Sûrement au pied du Mur des Lamentations. Les autres religions, y savait pas trop, Charles Soufflot. Il zippa une fermeture de son sac et en extirpa une serviette propre. D’un geste rapide, il sortit de la poche de sa parka le doigt couvert de sang séché, de bave d’escargot, d’humidité et le déposa au milieu du tissu. Il roula alors la serviette comme une vulgaire galette-saucisse et glissa le paquet dans l’ouverture du sac en compagnie d’une bouteille d’eau, de deux bananes et de trois meules de fromage miniatures… Y’a qu’à moi que ça arrive des conneries pareilles ! Qui avait pu amener ce doigt dans ce p****n de trou ? Le jour de MON eagle. À cette heure de la matinée, la rosée recouvrait tout le parcours. Un soleil timide, voilé, traversait les frondaisons des chênes et des châtaigniers. Charles Soufflot tenta de déceler des traces de pas sur le green autres que les siennes et celles de ses amis. Des traces de pas faciles à détecter dans les fines gouttelettes d’eau imprégnées dans l’herbe rase. Il aperçut des empreintes de chaussures venant de la droite du green et se dirigeant vers le drapeau. Une seule personne, songea-t-il. Sûrement le Greenkeeper5 du golf qui effectuait sa ronde avant le départ de la compétition. D’autres traces, mais d’animaux cette fois. Un renard ? Un chien ? Ou autres ? Mais pourquoi y z’ont pas bouffé le doigt ? Peut-être que le doigt n’y était pas lors du passage de ces bestiaux ? Ou alors le trou ne faisant même pas onze centimètres de diamètre, avec la hampe du drapeau plantée en son centre, le doigt demeurait inaccessible pour la gueule de ces animaux. Charles Soufflot se promit de rester concentré sur sa partie et d’oublier ce foutu doigt. Il se retourna vers ses partenaires et s’intéressa à leur jeu. Lerbier termina son trou sur un bogey6 et Bocquin sur un triple bogey. Satanés air shot et autres bunkers ! Les trois golfeurs rallièrent le deuxième trou. Une cinquantaine de mètres séparait le green d’arrivée du 1 et l’aire de départ du 2. La conversation ne porta que sur l’extraordinaire eagle de Soufflot. Lerbier et Bocquin furent surpris du manque d’enthousiasme de leur équipier ainsi que par la déficience de volubilité que d’ordinaire génère ce genre de coup. Ils mirent ça sur le compte de la concentration. Charles se réfugiait dans sa bulle et devait sûrement élaborer une stratégie de prudence pour le reste du parcours. Soufflot ne pensait qu’à SON doigt coupé et la raison pour laquelle il était dans SON trou. Le trou de l’eagle. C’est dégueulasse de me faire ça. Avant d’effectuer son swing de départ sur le 2, il fut sur le point de craquer et de tout avouer à ses partenaires. Il se ressaisit. Non ! Je n’ai pas triché ! Il se demanda alors si d’autres golfeurs avaient déjà trouvé des doigts lors de compétitions précédentes. En tout cas, lui, Charles Soufflot, il n’en avait jamais entendu parler. C’était bien la preuve qu’on pouvait jouer toute une partie avec un doigt coupé dans la poche sans alerter l’opinion. Il s’aperçut alors avec consternation que ses pensées dérivaient vers l’absurde. Charles, maîtrise-­toi ! Il faut que tu baisses ton handicap ! — Alors tu joues, Charles ! ? lança Lerbier, impatient. Tu aurais dû t’assurer contre les eagles, ça va te coûter cher en champagne ce truc-là. — Fous-moi la paix ! — Waouh ! Monsieur se concentre. Monsieur se prend pour Tiger Woods. Soufflot ne répondit pas. Il effectua un swing honorable, sans plus, mais suffisant pour que la balle survole le deuxième plan d’eau et roule tranquillement dans l’axe du fairway. En rangeant son club, il jeta un regard furibond sur Lerbier qui n’en revenait pas du masque arboré par son ami. Jamais une compétition ne fut marquée par un tel mutisme entre les trois golfeurs. Lerbier et Bocquin se coulèrent dans un moule de discrétion feutrée. Le moindre pas, le moindre geste, étaient étudiés pour ne pas nuire à la méditation affichée par Charles Soufflot. Tout alla bien jusqu’au sixième trou. Trou sur lequel Soufflot fut le meilleur en terminant par un birdie après un putt de quatre mètres. Il se redressa et regarda ses deux partenaires, embarrassé. Ceux-ci prirent ça pour de l’arrogance et cela s’accentua quand il leur demanda si l’un des deux pouvait ramasser SA balle dans le trou. — Monsieur fait un eagle. Monsieur fait un birdie, dit Lerbier, condescendant. Et maintenant il faut qu’on lui ramasse sa balle. Tu ne veux pas qu’on te lèche le… — Mais non c’est pas ça ! s’empressa de le couper Soufflot. Gêné, il continua : — Vous comprenez… Tout à l’heure le gros ver m’a dégoûté… Brrr, rien que d’y penser, j’en ai des frissons. — Chochotte ! se moqua Bocquin. Eh bien regarde dans le trou avant d’y glisser ta main, comme ça tu n’auras pas de surprise. — Excusez-moi, c’est la pression… Je sens que je peux faire un truc aujourd’hui, si je ne déconne pas dans mon jeu. — C’est ça, acquiesça Lerbier. Si tu ne déconnes pas dans ton jeu ! Parce qu’ailleurs c’est plutôt mal barré. Charles Soufflot extirpa sa balle du trou. Il n’y avait pas de doigt. Il remercia le Seigneur en levant les yeux au ciel et en brandissant la balle à bout de bras. En examinant ses gestes, Lerbier et Bocquin sentirent que leur ami virait loufdingue. Jamais il ne tiendrait toute la partie. Encore douze trous. Inaccessibles pour son mental. Et pourtant Soufflot tint bon et rendit une carte de douze au-dessus du par. Soit dix points de moins que son classement actuel. Son handicap allait baisser, c’était sûr. Après la remise des prix, c’est avec une joie toute contenue qu’il embarqua dans le coffre de sa voiture la meule de fromage de trente kilos récompensant le vainqueur de sa catégorie. Pas de champagne, pas de tournée générale sous les huées des autres golfeurs. Une seule obsession : la fuite avec son doigt coupé avant que quelqu’un ne veuille le récupérer. Surtout que la compétition ne soit pas annulée pour vice de forme. Il prit la route de La Boussac pour regagner la côte en passant par Dol-de-Bretagne. Il négligea la quatre voies et emprunta la D155 pour laisser le Mont-Dol à sa droite. Une petite virée sur la route côtière lui changerait les idées. Cette route pénétrait Saint-Malo par le nord-est, ainsi il pourrait s’arrêter à la concession de voitures Soufflot & Cie située à Paramé et planquer le doigt dans le compartiment congélo du réfrigérateur du garage. * À la hauteur de Hirel, il croisa une vieille Renault Laguna rouge écrevisse à laquelle il ne prêta aucune attention puisqu’il admirait à sa droite la vaste grève avec au fond la ville de Cancale qui allumait ses réverbères sur le port de La Houle. Une discussion animée chauffait l’habitacle de la Laguna. — Puisque j’te dis que c’est au château de Brouandal, p****n ! fit l’homme en colère. — Où c’est ça, Brouandal ? questionna le passager curieux. — T’occupe ! Je sais ! C’est le principal. — T’es sûr qu’il est encore là ? — Un peu mon n’veu ! 3. Le golfeur qui, sur un trou, joue un en-dessous du par (ce qui n’est pas une mince affaire) réalise un « birdie ». 4. Le golfeur qui, sur un trou, joue deux en-dessous du par réalise un « eagle ». C’est un exploit. 5. Greenkeeper : Directeur technique du golf et patron des jardiniers. 6. Le golfeur qui, sur un trou, joue un au-dessus du par réalise un « bogey ».
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD