Vilhem à MMM.« Votre lettre, madame, m’arrive dans un moment de découragement et d’abattement profond. Fatiguée des amitiés qui m’entourent et qui ont surtout ce défaut de n’être pas des amitiés, je saisis avec empressement l’occasion de dépayser mon cœur. Je vous aimerai de loin, cela me réussira peut-être. Je ne sais comment vous écrire. Dans une correspondance ordinaire, vous me parleriez de moi, et je vous parlerais de vous. Mais vous me connaissez, et je ne vous connais pas. Vous me parlez de moi, et il faut répondre en parlant de moi. J’aimerais cependant bien pouvoir vous parler de vous. Souvent quand j’écrivais, je m’isolais de la foule, du public, et je me figurais que je racontais mes livres à une femme pour laquelle, seule je rêvais de la gloire, pour laquelle seule je voulais