Plusieurs jours avaient joliment dansé autour de nous et nos conversations devenaient de plus en plus profondes, je me sentais différente.
Le fait de ne plus avoir Linda pendant plusieurs minutes près de nous, nous dirigeait vers des conversations que je ne sais pas si il était bon pour nous d’avoir.
J'avais toujours été bien avec lui mais un sentiment nouveau s'installlait en moi.
C’était comme l’odeur herbe d’une rosée nous demandant pourquoi est ce qu’on a jamais sentie l’odeur de la pluie.
Une semaine plus tard. Un mercredi plus précisemment, il devait nous déposer à l'anniversaire d'une copine. Et au retour, je m’étais bien sûre collé le trajet à ses côtés.
Et comme la plus part du temps, les conversations commençaient par les mots, les phrases et l’intérêt qu’il me portait. ‘Comment était ce?’ Avait il demandé.
Moi qui ne m’étais pas autant amusée que sa fille, Linda, je répondais ‘Cool...’ d’une nonchalance très vulgaire.
Il laissa un sourire échappé de son visage, mais ne détournait toujours pas ses yeux de la route, ‘Tu sais...’ débutait il ‘cela fait déjà une semaine que je t'ai proposé qu’on sorte.’
J’essayais de neutraliser mon cœur, comme si j’essayais de mettre des chaînes pour lui empêcher de bouger et du scotch pour lui empêcher de parler. Tranquillisée, je sifflais ‘Ok...’
Mais il en était perdu ‘Ok?’
Je détachais alors un ‘oui...’ faible mais très sûr de lui.
Une vague de seconde était passée. Puis il me proposait ‘On se dit à samedi alors?’
Et j’en tombais d’étonnement ‘Mais tu dois travailler ce jour ci n’est ce pas?’
Car oui, monsieur Franck pouvait des fois être absent 7 jours/7.
Mais sa réponse allait encore plus me surprendre ‘C'est exprès pour éteindre les soupcons.’
De quels soupçons pouvait il bien parler?
Avait il pendant tout ce temps prévue de me faire sortir ou voyait il d’autres femmes?
Je n’en savais rien mais j’espérais avoir des réponses assez vite. Pourquoi? Moi même je ne sais pas.
Ce qui était sûr était que mon intérêt pour lui changeait maintenant de direction.
Voulant des réponses, je voulais tout savoir ‘OK, samedi à quelle heure?’
‘À dix-huit heures.’ Disait il.
Je ne sais pas pourquoi mais, une fois arrivée chez moi, j'étais heureuse, heureuse d'avoir un père et un confident peut être.
Linda était en effet ma meilleure amie mais c'était difficile de parler de certaines choses avec elle. Surtout tout ce qui concernait ma situation familiale.
Que pouvait elle comprendre après tout?
Elle avait été bercée dès son enfance dans des berceaux en or et ne voyait pas plus loin que le bout de son nez.
Elle ne savait rien des différents styles de vie et elle n’avait pas lair de vouloir en savoir plus.
Plus tard dans la soirée, j’essayais de faire mes devoirs mais ces questionnements me perturbaient, alors je renonçais, et décidais de descendre prendre un verre d’eau.
Ma mère rentrait souvent assez tard de chez les Peters, je me suis donc étonnée à la trouver au salon ‘Maman? Tu es rentrée?’
‘Oui...mais qu'est ce que tu fais éveillée à cette heure ci?’
‘Je travaillais et les maux de tête des devoirs de sciences physiques m’ont poussé à venir boire un verre d’eau pour apaiser tout ça.’
Elle riait sans retenue ‘Ne te mets pas trop de pression d’accord?’
‘Ne t’inquiètes pas... je vais aussi en profiter pour te demander...’
‘Vas y...’
‘Pourrais je aller au cinema et diner avec un groupe de ma classe samedi?’
Ma mère qui me connaissait très réservée s’envolait dans les surprises que pouvaient éveiller l’adolescence, et surtout les mensonges. ‘Tu ne sors pas avec Linda?’
Je baissais de suite mon regard par peur de mettre devant mes yeux les secrets de mes mensonges ‘non!’
Et elle me regardait longuement jusqu’au moment où je relevais mes yeux, puis m’expliquait ‘je dis oui...mais juste pour que tu te changes les idées. Je n'aime vraiment pas la tristesse qui essaie de te prendre ces derniers.’
Alors savait elle? Savait elle que mon père que je n’avais pourtant jamais connu hantait mes rêves et mes pensées? Le savait elle?
Il n’y avait qu’une façon de te trouver des réponses et c’était de le lui en parler ‘Je me pose juste des questions sur...’
Mais elle m’interrompait ‘Chut!’ Ne volant pas entendre Les échos du mot papa dans la maison ‘il est l'heure du dodo ma puce.’
Je pris donc mon verre d’eau avant de remonter dans ma chambre, effleurée par la déception.
Quant à ma mère, elle était restée dans le salon je ne sais pour faire quoi. Mais elle y était restée toute seule.
Et comme d'habitude, elle évitait le sujet.
Ce sujet qui pourtant allait percer cet abcès.