X Les deux nuits« Et maintenant, se dit Prosper, puisque je suis tranquille sur le sort de l’enfant auquel je dois servir d’appui, il m’est permis de songer à moi… c’est-à-dire à mes amours…, à Camille. Depuis six semaines que j’ai quitté Melun, il peut lui être arrivé quelque malheur ; j’ai dit à Durouleau de veiller sur elle, mais l’ex-brasseur qui, dans le fond, ne me semble pas être un méchant homme, aura-t-il toujours été maître de modérer le zèle des patriotes qui l’entourent ?… Et qui sait si son amitié pour moi ne s’est pas refroidie ? N’importe, allons le trouver. Je ne puis pas lui ramener son cheval, il est mort, mais je lui dirai que c’est pour le service de la république. » Prosper n’avait plus d’argent dans ses poches, mais il avait de la force, du courage et dix-huit ans,