Changeons le point de vue. Suivez-moi en Alsace, dans une commune de deux cents feux, peuplée d’environ mille individus des deux sexes, grands et petits, tous cultivateurs. Ils possèdent, entre eux tous, cinq cents hectares en bonne terre, c’est-à-dire un demi-hectare par tête. L’hectare vaut là de quatre à cinq mille francs. Donc ces gens sont riches en comparaison de bien d’autres. En fait, rien de plus mal vêtu, mal logé, mal nourri ; rien de plus misérable et de plus ignorant qu’eux. Ne les accusez pas de paresse ou d’ivrognerie, vous auriez tort ; ils travaillent toute l’année et ne boivent guère que de l’eau. Mais leurs propriétés sont si bien divisées qu’ils ne sauraient avoir ni pré ni herbage, et partant ni chevaux ni bœufs. Ils sèment par-ci par-là un bout de prairie artificielle