IXLes villes et les campagnes Que gagnez-vous par an ? – Par an ? Ma foi, monsieur, Repartit d’un ton de rieur Le gaillard savetier, ce n’est pas ma manière De compter de la sorte, et je n’entasse guère Un jour sur l’autre. Il suffit qu’à la fin J’attrape le bout de l’année. Chaque jour amène son pain. Le budget du savetier de La Fontaine a été pendant de longs siècles et pour ainsi dire jusqu’aujourd’hui le budget de tous les petits bourgeois de nos villes. On vivotait. L’artisan gagnait par journée « tantôt plus, tantôt moins, » et mangeait en proportion. Chemin faisant, il apprenait le métier à son fils. Le garçon héritait de l’atelier et de la clientèle, et nourrissait le père sur ses vieux jours. Le petit commerce cheminait du même pas que la petite industrie. Avec peu d’ambit