Ce soir-là, après avoir hésité des jours durant, après avoir tourné et retourné le problème sous toutes ses possibilités, même les plus saugrenues, ce fut à Louise de parler. Elle regardait son mari mâcher, comme pour les faire durer, les châtaignes grillées dans la cendre. — Ce sont les derniers marrons, Joseph… Il s’y attendait, mais il eut néanmoins de la peine à les avaler. Il savait et se sentait complètement dépourvu. Ça lui restait en travers du gosier. Il leva vers elle un regard interrogateur et même un peu mouillé. — Il n’y a plus rien, plus un liard, et j’ai cinq louis de dettes au moulin, ajouta-t-elle. Il se garda bien de faire le moindre reproche, car on ne pouvait trouver plus économe que la Louise, et même il se demandait bien souvent comment elle pouvait en sortir, les