Avec son beau-frère Mathy, Jamet passait pour un des plus habiles faucheurs du village. Ils préparèrent leur matériel dès la veille, battant et repoussant le métal des lames sur les enclumes à pans, repassant le fil, du bec au talon, sur la pierre, comme s’il s’agissait de se défendre autant que de couper l’herbe, et veillant aussi à ce que le harnais soit bien attaché pour coucher proprement l’andain. Ils ajoutèrent un peu de vinaigre dans le coffin qu’ils porteraient à la ceinture afin que la pierre, plus mordante, affûte mieux la faux. Le lendemain, levé bien avant le soleil, alors que toute la maisonnée dormait encore, à tâtons, il se préoccupa de rassembler quelques vivres pour la journée. Dans le garde-manger à claire-voie ne restaient qu’une couenne de lard et un bol ébréché qui co