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Le signe du loup

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Plongée dans l'époque des révolutions du XVIIIe siècle en Ardenne belge

1789. 1790. 1792. Les tourmentes révolutionnaires n’épargnent ni l’Ardenne, ni l’ancien duché de Bouillon.

La neige. Le froid. La faim. La misère. La guerre.

Dans leur fuite pour rejoindre l’Armée des Princes, des émigrés français abandonnent un enfant de quelques mois. Emmailloté dans la pelisse sanguinolente d’une louve abattue devant ses louveteaux, il devra la vie au bon vouloir de modestes paysans, Joseph et Louise Jamet. On le baptisera François-Noël, et on ajoutera « Raison » à ses prénoms parce que, là-bas aussi, on croit à l’avènement de la liberté par la république.

La ville et les anciennes paroisses du duché passent convulsivement de l’ancien régime à celui du Département des Forêts. Il faut survivre.

La vie du gamin est partagée entre, d’une part, l’acharnement des malheurs qui s’abattent sur sa famille adoptive et d’autre part l’éveil de sa sensibilité aux choses de la nature, de sa personnalité mystérieusement marquée par le destin. À l’écoute de la vie sauvage, il se sent fort proche des animaux, et particulièrement des loups.

Une rencontre intense entre l'Homme et l'animal dans les forêts d'antan...

A PROPOS DE L'AUTEUR

Romancier et auteur de nouvelles, Jules Boulard est diplômée de philologie romane. Aujourd'hui retraité, il fut professeur de latin, grec, français et histoire dans plusieurs établissements scolaires de Wallonie. Il est également membre de la Société des poètes français.

EXTRAIT

C'était encore une sorte de demi-sommeil, quelque part à mi-chemin entre cauchemar et réalité.

La neige était tombée toute la nuit. Mais sous les branches basses du sapin où il s'était réfugié, elle n'avait pas plus d'épaisseur qu'un linceul. Partout ailleurs, elle s'accumulait déjà, contraignant les arbustes, courbant jusqu'au sol genêts et fougères.

La forêt s'éveillait avec peine, surprise, toujours silencieuse, comme pour retenir un vague et lointain reste de chaleur, ou alors... peut-être était-ce parce qu'elle n'attendait qu'un signe ? Or, le jour ne venait qu'à pas feutrés.

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Préface
PréfaceJusqu’à leur extermination en Ardenne vers 1870, les loups ont fait partie de l’univers naturel et social des populations. En outre, leur souvenir fabuleux a survécu longtemps dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui – première dimension occultée par la seconde, elle-même peu à peu réduite à une imagerie inconsistante –, leur présence physique naguère bien concrète est quasi totalement oubliée, sinon ignorée. Pourtant, il s’agissait d’une réalité forte, parfois obsédante : l’histoire a notamment conservé la mémoire d’hivers dont la rigueur poussait les loups, en hordes affamées, jusqu’aux portes des villes. Cette proximité quotidienne, les analogies entre les structures sociales des meutes et celles des groupes humains, l’existence de bien d’autres traits communs, voire certaines concurrences, avaient tissé des liens très forts entre ces êtres si différents et si proches à la fois. À l’heure actuelle encore, des documents audiovisuels prouvent que des connivences peuvent se manifester, se développer entre les uns et les autres, allant même jusqu’à des « dialogues » significatifs, comme en témoignent des expériences menées dans le Grand Nord canadien. Ces phénomènes aussi merveilleux que mystérieux ont accrédité jadis non seulement la croyance en l’existence de complicités entre les loups et certains hommes, mais également la conviction d’une compréhension réciproque qui ne se développait pas uniquement dans des échanges de langage, et que l’on considérait toujours avec méfiance, sinon effroi. Vérité ou légende ? Il n’est pas aisé de faire la part des choses… Il est certain par contre que les dernières années du XVIIIe siècle, avec leur long cortège de guerres, de famines, d’invasions, de pillages, d’épidémies, avec leurs charniers et leurs misères, ont porté au paroxysme la violence et son cortège de malheurs, aux dépens des deux sociétés, celle des gens de nos campagnes et celle des loups de nos forêts. Mais c’est aussi dans l’agitation tumultueuse de ce chaudron de l’Histoire que sont nées les grandes idées modernes des droits de l’homme et de l’indépendance des peuples. Ceci est un roman. Que la chose soit bien entendue. C’est l’histoire de plusieurs destinées – hommes et loups – parfois convergentes, toujours vraisemblables, sinon vraies. J’ai choisi d’en développer l’intrigue dans un contexte historique précis, avec pour cadre une région bien définie : cette partie du Luxembourg belge qui forma jadis le duché de Bouillon et ses alentours, entre 1789, année de la Révolution française, jusqu’en 1815, fin de l’Empire. Ce fut en effet une période très troublée, riche en événements variés, sociaux et militaires. Mon premier but est d’évoquer ces temps très durs à vivre, et, ainsi, rendre hommage à la ténacité des peuples, à leur courage, à l’immense générosité du cœur qui semblait être une grande qualité des gens simples de l’Ardenne. Mon second objectif se veut un peu plus ambitieux. À partir des souvenirs laissés par quelques personnages hauts en couleur de cette époque lointaine, et en imaginant les liens qui auraient pu les relier entre eux comme à certains faits dramatiques, j’ai tenté d’aller au-delà des relations historiques souvent désincarnées, cherchant à ranimer les vies, donnant du relief et du mouvement à des images d’Épinal, pour faire pressentir combien, derrière la linéarité d’un récit, la sécheresse d’une évocation, le trait d’un dessin, en deçà des chiffres, des attendus, il y a eu d’émotions, de passions, de bonheurs ou de drames. D’aucuns croiront découvrir, derrière tel ou tel nom, les silhouettes bien réelles de personnages précis qui défrayèrent les chroniques du temps. Je reconnais que certaines destinées ne doivent pas être enrichies d’une grande part d’imaginaire pour entrer de plein droit dans le monde du romanesque. Pourquoi un auteur ne pourrait-il pas leur permettre de revivre sous d’autres noms et les accompagner, dans son récit, au hasard d’une seconde existence, à la découverte de leur temps comme des liens profonds ou capricieux qui tissent la synthèse d’une époque ? Mais alors… est-ce encore vraiment un roman ? Je remercie vivement celles et ceux qui, par la minutie de leurs travaux scientifiques ou historiques, m’ont donné accès à l’authenticité. L’auteur

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