Bientôt, les cadavres des chevaux morts se mirent à gonfler. Leurs membres, plantés dans leurs carcasses distendues, jetèrent vers le haut leur raideur dérisoire, comme statufiés dans une ultime et ridicule cabrade. Quand la nuit tombait, avec quelques blaireaux et de rares sangliers, c’étaient les détrousseurs qui sortaient de l’ombre, faisant main basse sur tout ce qui semblait cuir ou métal : brides, baudriers, insignes des régiments, chaussures, grelots, des armes parfois, avant que ne suive la horde des loqueteux qui ne se gênaient pas pour arracher aux gisants leurs dernières défroques. C’est la meute de Lou-Gris qui fut la dernière à rejoindre le grand cimetière des gloires impériale et républicaine. Traqués sans relâche par le meunier et les autres paysans du village, ils n’avaie