— Joseph, lui dit-il tout bas, devinant son projet, fais attention à toi. Les autres te regarderont comme un traître, et ceux-ci – il montrait du menton les gardes nationaux français – comme un déserteur… Je ne voudrais pas que ma sœur devienne veuve trop tôt. — Albert, répondit l’autre, avec un sourire un peu jaune, mais réellement inquiet, veille surtout à ce que ma femme ne perde pas son frère… trop tôt… On a encore besoin d’un vrai révolutionnaire comme toi. — Je n’ai pas d’enfant, continua Mathy en cherchant sa respiration, toi tu en as. Mais toi, comme moi, et eux aussi – il montrait toujours les Français – c’est pour les enfants qu’on se battra. Pour qu’ils soient libres, toujours. C’est tout de même un beau mot, hein ! « li-ber-té ». On n’en a jamais autant parlé. Avant, c’était