LETTRE XXXII Delphine à mademoiselle d’AlbémarBellerive, ce 6 juillet. Ma chère sœur, j’étais sans doute avertie par un pressentiment du ciel, lorsque j’éprouvais un si grand effroi de la journée d’hier. Oh ! de quel évènement ma fatale complaisance est la première cause ! J’éprouve autant de remords que si j’étais coupable, et je n’échappe à ces réflexions que par une douleur plus vive encore, par le spectacle du désespoir de Thérèse. Et Léonce ! Léonce ! juste ciel ! quelle impression recevra-t-il de mon imprudente conduite ? Ma Louise, je me dis à chaque instant que si vous aviez été près de moi, aucun de ces malheurs ne me serait arrivé. Mais la bonté, mais la pitié naturelles à mon caractère m’égarent, loin d’un guide qui saurait joindre à ces qualités une raison plus ferme que la m