LETTRE XXIII Delphine à mademoiselle d’AlbémarCe 18 septembre, à minuit. J’avais tort, ma sœur, véritablement tort de m’occuper de la conduite que je tiendrais avec M. de Mondoville ; il se préparait à m’en épargner le soin ; il ne voulait sans doute que m’éprouver, savoir si je serais assez faible pour consentir à le revoir ; il se jouait de mon cœur avec insulte : il est parti la nuit dernière pour l’Espagne ; la nuit dernière ! et c’était aujourd’hui… Ah ! c’en est trop, toute mon âme est changée ; je vous parlerai de lui avec sang-froid, avec dédain ; ce départ est mille fois plus coupable que son mariage ! aucune erreur, de quelque nature qu’elle soit, ne peut l’expliquer : c’est de la barbarie froide, légère ; je ne retrouve pas même ses défauts dans cette conduite ; je me suis tro