LETTRE XXII Delphine à mademoiselle d’AlbémarCe 17 septembre au soir. Léonce m’a écrit pour me demander de me voir ; je n’ai point hésité à y consentir ; je dirai plus, j’ai regardé comme une faveur du ciel l’occasion qui m’était offerte de connaître enfin les torts dont il m’accuse et d’y répondre avec vérité, peut-être avec hauteur. Ne vous livrez, ma sœur, à aucune inquiétude, en apprenant que je n’ai pas cédé à vos conseils. Léonce n’est point à craindre pour moi, quels que soient les sentiments qu’il m’exprime ; s’il voulait faire renaître dans mon âme la passion qui m’attachait à lui, s’il voulait me rendre méprisable par cet amour même dont il aurait pu faire ma gloire et son bonheur… Non, Léonce, non, celle que vous n’avez pas jugée digne d’être votre femme n’accepterait pas vo