LETTRE XXIV Delphine à mademoiselle d’AlbémarCe 21 septembre. Je n’ai pas eu depuis deux jours la force de vous écrire ; je craindrais cependant qu’un plus long silence ne vous inquiétât, je ne veux pas le prolonger ; mais que puis-je dire maintenant ? rien, plus rien du tout ; il n’y a pas même dans ma vie de la douleur à confier. J’ai du dégoût de moi, puisque je ne peux penser à lui ; il n’y a rien dans mon âme, rien dans mon esprit qui m’intéresse. Je ne pars pas immédiatement, parce que Thérèse reste encore quelque temps chez moi, et que madame de Vernon est malade, peut-être ruinée ; je veux la consoler et réparer ainsi mes injustes soupçons contre, elle. J’ai encore en ma puissance de la fortune et des soins, je veux faire de ce qui me reste du bien à quelqu’un, et, s’il se peut,